Guerre en Ukraine mal anticipée : le chef du renseignement militaire français débarqué

Y.R.
Publié le 31 mars 2022 à 10h26, mis à jour le 31 mars 2022 à 10h50

Source : TF1 Info

Le général Éric Vidaud a été relevé de ses fonctions à la tête du renseignement militaire français.
Il est reproché au patron de la DRM d'avoir mal anticipé, avec ses services, l'invasion russe en Ukraine.
Début mars, le chef d'état-major des armées, Thierry Burkhard, avait admis un échec.

Des "briefings insuffisants" et un "manque de maîtrise des sujets", en lien avec l'invasion russe en Ukraine. Ce sont les raisons invoquées, selon une source au sein du ministère des Armées, pour justifier la révocation du général Éric Vidaud, chef du renseignement militaire français, a appris l'AFP de sources militaires, confirmant une information de L'Opinion, mercredi 30 mars. Sept mois seulement après sa nomination à la tête de la Direction des renseignements militaires (DRM), il a été pris congé avec effet immédiat, après avoir été remercié par le chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard.

Comme le rapporte le site de L'Opinion, le général Vidaud "paie les faiblesses" de ses services dans la crise russo-ukrainienne. Selon une source militaire, interrogée par l'AFP et qui a requis l'anonymat, le départ du haut-gradé, homme de terrain en provenance du Commandement des opérations spéciales (COS), faisait l'objet de rumeurs depuis quelques jours.

Une analyse erronée d'une possible invasion russe

Début mars, peu après le lancement de l'offensive russe, le chef d'état-major des armées, Thierry Burkhard, avait reconnu publiquement, dans un entretien au quotidien Le Monde, la déficience des services de renseignements français. Il avait admis des divergences d'analyse avec les renseignements américains, qui avaient fait filtrer une partie de leurs informations sur une possible invasion de l'Ukraine pour tenter notamment de faire pression sur Vladimir Poutine. "Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d'autres options" pour sortir du jeu le président Volodymyr Zelensky, avait-il expliqué.

"Tout le monde a été surpris, quelles que soient les personnes, par l'offensive russe en Ukraine. Personne n'y croyait, maintenant c'est avéré, mais ce n'était pas rationnel", a décrypté sur LCI le consultant en géopolitique, le général François Chauvancy, évoquant "une question d'interprétation". "J'ai une autre explication, sans qu'elle soit la plus vraie. Quand vous reprenez tous les livres blancs sur la défense et la sécurité nationale, la menace russe est évoquée de plus en plus fortement depuis 2008." 

"En 2008, ça allait à peu près, même si les Russes étaient en train de monter en puissance. En 2013, ça devient une menace militaire. En 2017, la Revue stratégique dit la même chose, avec plus de force, notamment avec les craintes sur l'énergie que l'on découvre aujourd'hui. En 2021, idem. En gros, pour faire simple, depuis maintenant 15 ans, on sait que la menace russe existe", a affirmé le Saint-Cyrien, qui a quitté le service actif depuis 2014. "Et cet ennemi russe a été exclu de notre réflexion militaire, mais aussi politique."


Y.R.

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