Guerre en Ukraine : les géants de la bière Heineken et Carlsberg se retirent (complètement) de Russie

Publié le 28 mars 2022 à 17h30

Source : JT 20h Semaine

Les brasseurs Heineken et Carlsberg ont annoncé ce lundi se retirer de Russie.
En vendant ses activités en Russie, le Danois Carlsberg renonce à 13% de ses ventes annuelles.
Moins présent sur le marché russe, le néerlandais Heineken anticipe toutefois une perte sèche de 400 millions d'euros lors de la revente de ses activités.

Quelques heures ont séparé les deux communiqués. Ce lundi 28 mars dans la matinée, c'est le brasseur néerlandais Heineken qui avait annoncé quitter la Russie, où le groupe compte quelque 1800 employés. En début d'après-midi le même jour, c'est Carlsberg qui rendait publique sa décision de mettre fin à ses importantes activités en Russie : 8400 personnes travaillent dans ce pays pour le géant danois. 

Le 9 mars dernier, le Néerlandais Heineken avait cessé la production et la vente de bière sous cette marque en Russie... mais y poursuivait la commercialisation de 25 autres marques dont elle est également propriétaire, dont 16 locales. Aux Pays-Bas, le berceau de cette marque mythique fondée au XIXᵉ siècle à Amsterdam, Heineken subissait l'accusation de n'être "pas vraiment parti" de Russie, notamment de la part de l'association d'investisseurs VEB. 

"Nous sommes choqués et profondément attristés de voir la guerre en Ukraine (...) s'intensifier", a déploré le deuxième plus gros brasseur mondial dans un communiqué, soulignant que son activité en Russie n'est "plus viable dans l'environnement actuel" pour expliquer son départ.

Si les activités russes du groupe Heineken ne représentent que 2% de son chiffre d'affaires global, elles fournissent localement du travail à 1800 personnes, dont les salaires devraient être payés jusqu'à la fin de l'année. Le géant de la bière va mettre en vente la propriété de son entreprise en Russie, mais s'attend à perdre 400 millions d'euros dans l'opération, en raison de la perte de valeur de l'actif et autres "charges exceptionnelles". Heineken produit et vend plus de 300 marques de bière et de cidre, dont Heineken, Strongbow et Amstel, et emploie plus de 85.000 personnes à l'échelle mondiale.

20% des employés du groupe Carlsberg

Pour Carlsberg, le retrait de Russie sera plus difficile à digérer. Le Danois, quatrième groupe de brasserie dans le monde, y réalise 13% de ses ventes, et 9% de ses profits. Les quelque 8400 personnes qu'il emploie localement représentent même 20% des collaborateurs du groupe à l'échelle mondiale. D'ici à la vente de ses activités russes, Carlsberg a promis comme son rival néerlandais, maintenir "le niveau réduit d'activité pour assurer les revenus des employés et de leurs familles". Le groupe détient notamment l'importante bière russe Baltika, dont il était l'actionnaire majoritaire depuis 2008.

Enfin, lui aussi montré du doigt pour son départ tardif, le brasseur assure que "tout bénéfice généré durant la crise humanitaire sera donné à des organisations d'aide".

Des centaines d'entreprises et groupes internationaux ont annoncé ces dernières semaines, certains sous pression, la suspension de leurs activités en Russie, ou leur retrait progressif du pays en raison de l'invasion de l'Ukraine. Le président ukrainien avait exhorté les groupes français à quitter la Russie, lors de sa déclaration au Parlement français la semaine dernière, citant nommément Renault, Leroy-Merlin et Auchan. Si le constructeur automobile a par la suite annoncé la cessation de ses activités en Russie, les deux entreprises du groupe Mulliez ont choisi de s'y maintenir.


Frédéric SENNEVILLE

Tout
TF1 Info