Guerre en Ukraine : les sanctions contre la Russie peuvent-elles provoquer la chute de l'ISS ?

par Léa COUPAU
Publié le 12 mars 2022 à 16h56

Source : JT 20h WE

Le patron de l’agence spatiale russe affirme ce samedi que les sanctions occidentales pourraient entraîner la chute de la station spatiale internationale (ISS) vers la Terre.
Une menace que nuance l'astronaute français Michel Ange Tognini, invité de LCI.

Au 17e jour de la guerre en Ukraine, la Russie continue de railler les sanctions occidentales, agitant la menace de "conséquences sérieuses" pour les Alliés. Ce samedi, par la voix de Dmitri Rogozine, le patron de l'agence spatiale russe Roscomos, Moscou s'attaque cette fois à l'échiquier spatial et brandit le spectre d'une chute non contrôlée de l'ISS sur la Terre.

Selon ce dernier, les sanctions occidentales, qui ont encore été accentuées hier à l'issue du sommet européen de Versailles, vont venir perturber le bon fonctionnement du segment russe de la station spatiale, qui permet de corriger son orbite. Avec le risque d'après lui de provoquer "l'amerrissage" ou "l'atterrissage" de la structure, lourde de 500 tonnes.

"Pas de menace directe pour les populations"

Ces menaces sont-elles fondées ? Si elles apparaissent peu réalistes, elles ne sortent pas de nulle part, répond, ce samedi sur LCI, l'astronaute Michel Ange Tognini. "Il est vrai que la station descend de 500 m par jour et qu'il faut la remonter régulièrement. La manœuvre se fait par l'arrière de la station, là où sont arrimés les vaisseaux russes", explique-t-il. L'action permet également d'éviter les débris spatiaux. "Si jamais le segment russe ne fonctionne plus, il faudrait effectivement trouver une solution de secours", poursuit le spécialiste, jugeant toutefois l'hypothèse d'une chute "extrêmement faible".

L'été dernier, les Russes ont "envoyé un module Nauka, très cher et qui consomme beaucoup d'électricité". Avec 20 tonnes pour un volume intérieur de 70 m³, ce laboratoire spatial est l'un des plus gros de l’ISS. "Ils ne vont pas volontairement abandonner la station alors qu'il y a eu investissement financier", estime l'astronaute français.

Pourtant, l'idée d'un abandon des Russes de l'ISS fait son chemin. En publiant une carte du monde où la station pourrait tomber, le patron de Roscosmos révèle d'ailleurs que l'ancien géant soviétique serait largement à l'abri. Bien au contraire, "des populations des autres pays, notamment ceux dirigés par les "chiens de guerre" (les Occidentaux, ndlr)", écrit-il.

"Il n'y a pas de menace directe pour les populations qui sont au sol", rectifie Michel Ange Tognini sur LCI. "Quand la station rentre dans l'atmosphère, 90% du vaisseau va être brûlé. Il ne reste que très peu de la station", prévient-il, évoquant plutôt des débris. En 2001, seules 25 des 142 tonnes de la station spatiale russe Mir avaient été désorbitées dans l'océan Pacifique, rappelle-t-il.

Face à la menace russe, la Nasa a également indiqué, début mars, qu'elle travaillait à trouver des solutions de secours pour maintenir la station en orbite, sans l'aide des Russes. Dans le pire cas de figure, "il faudrait attendre 300 à 400 jours avant que la station ne touche le sol", conclut l'astronaute. De quoi laisser le temps aux Occidentaux.


Léa COUPAU

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