Mort mystérieuse d'un vice-ministre de Vladimir Poutine "dans un avion"

par Benoît LEROY
Publié le 24 mai 2023 à 19h09

Source : JT 20h WE

Piotr Kucherenko, ministre de Vladimir Poutine depuis 2020, est mort le 20 mai dernier.
Sa mort interroge d'autant qu'il avait été en contact avec un journaliste qui a quitté le pays au début de la guerre.
Depuis le printemps 2022, une douzaine de hauts responsables ou d'hommes d'affaires sont décédés dans des circonstances suspectes.

Un mort subite qui interroge. Le 22 mai dernier, le ministère russe des Sciences et de l'Enseignement supérieur a annoncé la mort de son vice-ministre et secrétaire d'État, Piotr Kucherenko, au "retour d'un voyage de travail" réalisé à Cuba. Ce décès intervient après une série de morts inexpliquées en Russie de hauts responsables et d'hommes d'affaires. Surtout, Kucherenko était en contact avec Roman Super, journaliste russe, qui a fui le pays au début de la guerre.

"Le 20 mai 2023, à l'âge de 47 ans, de retour d'un voyage de travail de la République de Cuba, le secrétaire d'État, vice-ministre des Sciences et de l'Enseignement supérieur de la Fédération de Russie Piotr Kucherenko est décédé subitement", a indiqué laconiquement le ministère dans un communiqué. Sur Telegram, l'administration a simplement précisé que l'homme politique était "tombé malade dans l'avion". "[Les] médecins ont tenté d'aider [après un atterrissage d'urgence], mais ils n'ont pas réussi à [le] sauver", indique-t-on de même source.

Officiellement, le Kremlin explique ne rien savoir des causes du décès de Kucherenko. Depuis plusieurs jours, les médias russes, eux, évoquent une pathologie cardiaque, sans plus de précision.

Je bois des antidépresseurs et des tranquillisants, par poignées
Piotr Kucherenko, cité par le journaliste russe exilé Roman Super

Il n'en reste pas moins que cette mort interroge, alors que le journaliste Roman Super a expliqué à plusieurs reprises avoir discuté avec le membre du gouvernement russe au moment de son départ du pays, en 2022. "Quelques jours avant mon départ de Russie, j'ai erré le long de Tverskaya (l'une des rues principales de Moscou, NDLR), complètement démonté, en disant au revoir à la ville. Et soudain, mon vieil ami Piotr Kucherenko m'a appelé", a-t-il expliqué sur Telegram.

Il raconte alors un échange qu'il a eu avec celui qui était ministre depuis 2020. Interrogé sur son intention de quitter la Russie, Kucherenko a répondu par la négative. "Ce n'est plus possible de le faire. Ils nous prennent nos passeports", aurait-il raconté par téléphone. Et le journaliste russe exilé de poursuivre en citant les propos de Kucherenko. "Je bois des antidépresseurs et des tranquillisants, par poignées. Ça n'aide pas beaucoup. Je dors à peine. Je me sens mal. Nous sommes tous pris en otage. Personne ne peut rien dire."

Ce nouveau décès intervient alors même qu'une douzaine d'hommes d'affaires russes sont morts depuis le début de la guerre en Ukraine, lancée par Moscou. Pour la plupart par "suicide" ou dans des circonstances inexpliquées, selon les autorités. Six d'entre eux étaient liés aux mastodontes énergétiques russes Lukoil et GazProm. 

En septembre dernier, Ravil Maganov - président de la première société - est mort après être tombé par la fenêtre d'un hôpital de Moscou, d'après l'agence de presse russe Tass.


Benoît LEROY

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