Deux personnes sont décédées mardi lors de l'explosion d'un missile dans le village de Przewodow, en Pologne.Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un appareil de fabrication russe.Le projectile aurait été tiré, selon les derniers éléments, par la défense antiaérienne ukrainienne.
Les débris de ce missile sont au centre de toutes les investigations. Mardi soir, un engin s'est abattu sur le village polonais de Przewodow, faisant deux morts. Une réunion d'urgence des ambassadeurs de l'Otan a démarré ce mercredi pour que "tous les faits soient établis". : "Dans une affaire aussi grave, il faut se garder de toute conclusion hâtive sur le déroulement des faits avant une enquête soigneuse", a appelé le chancelier allemand Olaf Scholz.
Un missile sol-air de fabrication russe
Pour l'heure, les circonstances de cet accident n'ont pas encore été totalement établies. Les premières investigations permettent toutefois déjà de déterminer la nature de l'engin. Selon le ministère polonais des Affaires étrangères, il s'agit d'un "projectile de fabrication russe".
Cependant, cette information ne permet pas de tirer de véritables conclusions. "Lorsque l'on dit que c'est un missile de fabrication russe", cela n'indique pas pour autant l'origine du lancer : "Il y a beaucoup de missiles de fabrication russe dans la région", met en avant Général Olivier de Bavinchove, ancien chef d'état-major de la force internationale de l'Otan, sur LCI. "Le missile S-300, notamment, a été vendu à de nombreux pays de la région et l'Ukraine se sert de ce type de missiles pour se défendre contre l'agression de la Russie", ajoute-t-il.
Un rayon d'action de plus de 250 km
Or, selon des reporters polonais présents sur place, les fragments retrouvés sur le lieu de l'explosion porteraient le numéro de série 5V55, ce qui accréditerait la thèse selon laquelle il s'agit d'un missile sol-air S-300. Lequel équipe aussi bien les forces russes qu'ukrainiennes. En 2018, le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou, expliquait dans le cadre du conflit syrien que ces munitions étaient "capables d’intercepter des appareils sur une distance de plus de 250 kilomètres et pouvaient frapper en même temps plusieurs cibles dans les airs".
Capable d'atteindre Mach 6,5, cette arme sert, au départ, pour la défense anti-aérienne. Toutefois, la Russie a aussi modifié cet équipement de sorte à pouvoir frapper des cibles dans un rayon de 200 kilomètres. De quoi augmenter, encore un peu plus, l'incertitude. "Un missile de croisière, qui est chargé de délivrer une frappe, et un missile anti-aérien, qui est chargé de l'intercepter, peuvent sembler identiques, mais ce ne sont pas les mêmes missiles", indique le Général Olivier de Bavinchove. "Ils ont chacun une charge explosive mais elle n'est pas de même nature, la configuration de cet outil n'est pas la même", détaille-t-il. En d'autres termes, l'usage et donc les potentielles cibles peuvent varier.
L'explosion serait le résultat de systèmes ukrainiens de défense anti-aérienne, utilisés pour contrer des missiles russes
Ludivine Dedonder
Malgré tout, l'hypothèse qui tient la corde est celle d'un missile S-300 de défense anti-aérienne qui serait tombé, de manière accidentelle, de l'autre côté de la frontière polonaise. L'explosion serait ainsi "le résultat de systèmes ukrainiens de défense anti-aérienne, utilisés pour contrer des missiles russes", a rapidement déclaré mercredi la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder.
"Notre analyse préliminaire semble montrer que cet incident semble causer par un missile anti-aérien lancé du territoire ukrainien contre des missiles de croisière d'attaque russe", a confirmé de son côté le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. "Il est fort probable que l’un des missiles tirés par la défense anti-aérienne ukrainienne soit tombé sur le territoire polonais. Il s’agirait d’une chute, [...] avec probablement l’explosion du reste du carburant du missile", a rassuré mercredi Andrzej Duda, président polonais.
Même son de cloche du côté du Kremlin qui soutient que la "Russie n'a rien à voir avec l'incident qui s'est produit en Pologne", rappelant que ses frappes massives menées la veille contre l'Ukraine n'avaient touché que le territoire ukrainien, à une distance "supérieure à 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise". Des "spécialistes" ont également analysé les photographies des débris retrouvés en Pologne et conclu que ceux-ci appartenaient à un "missile guidé antiaérien des systèmes de défense antiaérienne S-300 des forces armées ukrainiennes", ajoute-t-il. De son côté, le président américain Joe Biden a jugé "improbable" que le missile ait été tiré depuis la Russie, donnant encore un peu plus de poids à cette piste.
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