Guerre en Ukraine : que symbolise la date du 9 mai en Russie ?

Publié le 7 mai 2022 à 19h44

Source : TF1 Info

Enlisé dans la guerre en Ukraine, Moscou va commémorer, lundi 9 mai, le "Jour de la Victoire".
Ce jour férié marque l'anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie en 1945.
Retour sur cette date ô combien symbolique et importante pour Vladimir Poutine.

À sa seule évocation, la date du 9 mai fait frémir, inquiète, voire même terrorise. Neuf semaines après le début de "l'opération spéciale" de "dénazification", lancée par Vladimir Poutine, en Ukraine, la Russie s'apprête à commémorer, en grande pompe, un moment clé de son histoire. Avec le conflit qui s'enlise dans le Donbass, après l'échec de la "guerre éclair", qui a vu les troupes russes se casser les dents aux portes de Kiev, le "maître du Kremlin" voit en ce jour l'occasion unique d'exhiber sa puissance de feu aux yeux du monde. Bien au-delà du devoir mémoriel que confère cette date. 

Tous les 9 mai, les Russes fêtent le "Jour de la Victoire". À cette date, centrale dans le calendrier local, la société civile, les dirigeants politiques et l'armée célèbrent la fin de la "Grande guerre patriotique" - l'appellation russe de la Seconde Guerre mondiale -, qui s'est conclue par la victoire des Alliés, dont l'URSS, et la reddition de l'Allemagne nazie en 1945. Si, en France, la capitulation du Troisième Reich, est commémorée le 8 mai, en Russie, c'est le lendemain qui est sacralisé. 

Pourquoi donc ? Le 7 mai 1945, à 2h41, un premier acte de reddition a été ratifié, à Reims, reconnaissant la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie et ordonnant l'arrêt total des combats dès le lendemain. À la demande de Joseph Staline, voulant triompher là où Adolf Hitler est tombé, un second acte a été signé à Berlin, en présence du maréchal soviétique, Gueorgui Joukov, le 8 mai, à 23h01, heure locale, soit - compte tenu du décalage horaire - le 9 mai, à 1h01, heure de Moscou. 

Une fête patriotique à portée politique

Célébré en Russie et dans la plupart des pays de l'ex-Union soviétique, dont l'Ukraine, le 9 mai est instauré jour férié, en 1965, par le secrétaire général du Parti communiste, Léonid Brejnev, à l'occasion du 20e anniversaire de la reddition nazie. Dans les années 90, en pleine période post-soviétique marquée par l'éclatement de l'URSS, Boris Eltsine se contente du service minimum. Ce n'est que sous le joug de Vladimir Poutine que le rituel mémoriel va gagner en importance. 

Dès le début des années 2010, l'ancien chef du FSB (ex-KGB) fige, sur fond de récupération politique, le 9 mai comme un marqueur d'une nouvelle identité patriotique. Chaque année, c'est sur la place Rouge, bordée par le Kremlin, qu'a lieu la célébration principale. Un immense défilé militaire voit parader les troupes et les nouvelles armes de guerre devant le peuple, arborant le ruban de Saint-Georges, symbole de la valeur militaire, et des portraits de héros de la Seconde Guerre mondiale. 

Ultimes répétitions à Moscou avant les célébrations du 9 maiSource : TF1 Info

Pour nourrir sa propagande, Vladimir Poutine élève la commémoration de la "Grande guerre patriotique" au rang de "cause sacrée". Il en fait un événement majeur du calendrier russe, à la production télévisuelle léchée, visant à la fois à intimider les adversaires de Moscou en exhibant sa puissance militaire et à entretenir l'amour des Russes pour leur patrie.


Yohan ROBLIN

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