Au 169e jour du conflit armé en Ukraine, le site de la centrale nucléaire de Zaporijia, que la Russie souhaite raccorder à la Crimée, continue d'être au cœur des inquiétudes de la communauté internationale.L'UE frappe officiellement d'embargo le charbon russe, voté dans le cinquième train de sanctions.Les faits marquants de ces dernières 24 heures.
Plus que jamais, Zaporijia cristallise toutes les tensions. Sous contrôle des troupes russes, la centrale nucléaire ukrainienne, la plus grande d'Europe, demeure un sujet d'accusations mutuelles entre Moscou et Kiev. Chaque camp affirme que l'autre a bombardé les installations nucléaires la semaine passée. Dans ce contexte pesant, de nouvelles frappes meurtrières ont eu lieu, mercredi 10 août, aux abords du site nucléaire, tandis que la Russie, sommée par le G7 de se retirer, s'affaire à son raccordement à la Crimée. TF1info fait le point sur la situation au 169e jour du conflit armé.
Zaporijia bientôt raccordée à la Crimée. Occupée depuis mars par les troupes russes, la centrale nucléaire de Zaporijia va être connectée à la Crimée, presqu'île annexée par Moscou en 2014. "Les militaires russes présents dans la centrale nucléaire de Zaporijjia mettent en œuvre le programme de (l'opérateur russe) Rosatom visant à raccorder la centrale aux réseaux électriques de Crimée", a indiqué, mercredi 10 août, le président de l'opérateur ukrainien Energoatom, Petro Kotin, à la télévision locale.
Pour ce faire, la Russie l'endommage en procédant à la réorientation de la production électrique. "Du 7 au 9 août, les Russes ont déjà endommagé trois lignes électriques. En ce moment, la centrale fonctionne avec une seule ligne de production, ce qui est un mode de travail extrêmement dangereux", a-t-il alerté. "Lorsque la dernière ligne sera débranchée, la centrale sera alimentée par des groupes électrogènes fonctionnant au diesel. Tout dépendra alors de leur fiabilité et des stocks de carburant."
Le G7 intime à la Russie de se retirer de Zaporijia
La Russie "met en danger" la région de Zaporijia. Le G7, le groupe des pays les plus industrialisés, a accusé, mercredi 10 août, Moscou de "mettre en danger" la région ukrainienne autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia. "Nous exigeons que la Russie rende immédiatement à son propriétaire souverain légitime, l'Ukraine, le contrôle total de la centrale nucléaire de Zaporijjia", écrit le groupe des sept dans un communiqué publié par l'Allemagne, qui en assure la présidence.
Le G7 se dit "profondément préoccupé par la grave menace" que fait peser l'armée russe sur "la sécurité" des installations nucléaires ukrainiennes. Leur occupation "augmente considérablement le risque d'un accident ou d'un incident nucléaire" et "met en danger la population de l'Ukraine, les États voisins et la communauté internationale", selon la même source.
Une réunion à l'ONU sur la situation à Zaporijia. Le Conseil de sécurité des Nations unies, dirigé en août par la Chine, doit se réunir en urgence, jeudi 11 août à 21h (heure française), pour débattre de la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia, que Kiev et Moscou s'accusent mutuellement d'avoir bombardée. Avant cela, les 15 pays membres devraient se retrouver dans l'après-midi, à la demande de la Russie, qui dispose d'un droit de veto, comme les quatre autres membres permanents.
Des civils tués dans des frappes russes. Des bombardements ont causé la mort d'au moins 14 personnes dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 août, dans le centre de l'Ukraine. L'attaque au lance-roquettes multiples Grad a principalement visé la ville industrielle de Marganets, située dans la région de Dnipropetrovsk et faisant face, sur l'autre rive du fleuve Dnipro, à la centrale nucléaire de Zaporijia. Dans le bassin du Donbass, au moins six autres personnes ont été tuées et trois autres blessées au cours de la journée dans des frappes russes sur la ville de Bakhmout, proche du front de l'est du pays.
Kiev coupe un pont dans la région de Kherson. Essentielle pour l'agriculture ukrainienne, la région de Kherson, occupée par les troupes russes, est aussi stratégique car limitrophe de la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014. L'armée ukrainienne a affirmé, mercredi 10 août, avoir frappé un pont situé près de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, le rendant "inutilisable", après des tirs ayant déjà visé un autre axe logistique majeur dans cette zone. Le 8 août dernier, un autre pont situé dans la même région, l'Antonivski, d'importance stratégique pour la logistique des forces russes, avait été détruit.
L'Europe boycotte le charbon russe
Arrestation de la journaliste russe anti-guerre. Devenue célèbre après avoir interrompu le journal d'une chaîne d'État russe avec une affiche dénonçant l'offensive en Ukraine, Marina Ovsiannikova a été interpellée, mercredi 10 août. Il lui est reproché, selon son avocat Dmitri Zakhvatov, d'avoir "discrédité" l'armée. "Une enquête a été ouverte" contre la journaliste de 44 ans, mère de deux enfants, pour "diffusion de fausses informations" sur les troupes de Moscou, a-t-il confirmé auprès de l'AFP. Il doit maintenant être décidé si sa cliente sera placée en détention provisoire ou restera en liberté dans l'attente de son procès. Marina Ovsiannikova risque jusqu'à 10 ans de prison si elle est reconnue coupable par la justice russe.
Les céréales ukrainiennes sont arrivées en Turquie. Le Razoni, cargo battant pavillon sierra-léonais, a accosté, mercredi 10 août, à Mersin, en Turquie. Après avoir quitté le 1er août le port d'Odessa sur la mer Noire avec 26.000 tonnes de maïs dans ses cales, le premier navire transportant des céréales ukrainiennes aurait dû accoster le week-end dernier à Tripoli, au Liban. Le délai de livraison de cinq mois a toutefois "incité l'acheteur et l'expéditeur à s'entendre sur l'annulation de la commande", a expliqué mardi soir l'ambassade ukrainienne dans un communiqué. Finalement, un nouvel acheteur a été trouvé en Turquie. "La cargaison a été vendue et va être déchargée à Mersin", a affirmé un responsable de l'agence maritime Ashram.
L'UE frappe d'embargo le charbon russe. Il s'agissait de la première sanction de l'Union européenne visant le secteur énergétique russe. Quatre mois après son adoption, dans le cadre d'une cinquième salve de sanctions contre Moscou, l'embargo européen sur le charbon russe est entré en vigueur, mercredi 10 août à minuit. L'UE importait, jusqu'à l'an dernier, 45% de son charbon de Russie pour 4 milliards d'euros par an. Ce boycott, décrété en avril par les Vingt-Sept, devient effectif à l'issue d'une période de transition de 120 jours. Seuls les contrats commerciaux conclus avant le 9 avril pouvaient être honorés durant cette période. D'ici à fin 2022, un embargo progressif sera réalisé sur l'essentiel du pétrole russe.