Inquiétude à Zaporijia, l'UE "préparée" à la coupure totale du gaz russe… Le point sur la situation en Ukraine

Publié le 4 septembre 2022 à 8h56

Source : JT 20h WE

Au 193e jour du conflit armé en Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporijia a "de nouveau perdu la connexion" avec le réseau électrique, faisant craindre le pire.
Dans le même temps, l'Europe se prépare à "un hiver de guerre", avec une éventuelle coupure totale du gaz russe.
Les faits marquants de ces dernières 24 heures.

Va-t-on au-devant d'un grave danger à Zaporijia ? Tombée aux mains des troupes russes, la centrale nucléaire ukrainienne, la plus grande d'Europe, est au cœur de toutes les préoccupations, après avoir été à nouveau déconnectée du réseau électrique. Une perte totale de l'alimentation pourrait conduire à une catastrophe nucléaire d'ampleur. Dans ce contexte pesant, la question du gaz russe est toujours sur la table. TF1info fait le point sur la situation au 193e jour du conflit armé.

La centrale de Zaporijia à nouveau déconnectée. Cela devient dangereusement habituel. Occupée depuis mars par les troupes russes, le site nucléaire ukrainien "de nouveau perdu la connexion" au réseau électrique, samedi 3 septembre. La déconnexion de la plus grande centrale nucléaire d'Europe, située dans le sud de l'Ukraine, s'était déjà produite le 25 août. Cet incident est survenu "après de nouveaux bombardements dans la zone", selon les informations fournies par les autorités ukrainiennes à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le site continue à fonctionner "grâce à une ligne de secours", a précisé l'agence onusienne, permettant ainsi le refroidissement du combustible nucléaire.

Une perte totale d'alimentation de la centrale de Zaporijia - si le courant arrivant depuis l'extérieur est coupé et que les groupes électrogènes de secours ne fonctionnent pas - risquerait d'entraîner une surchauffe des installations, voire une fusion du cœur d'un réacteur, comme cela avait été le cas à Fukushima, lors du séisme de magnitude 9.1 au Japon en 2011. 

La Turquie prête à jouer la médiatrice. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a proposé, samedi 3 septembre, à son homologue russe Vladimir Poutine d'aider à résoudre la crise autour de la centrale de Zaporijia. Lors d'un entretien téléphonique entre les deux chefs d'État, il a fait valoir la capacité de la Turquie à jouer "un rôle de facilitation", "comme elle l'a fait pour l'accord sur les céréales", dont les exportations étaient bloquées par la guerre. Dans le communiqué de la présidence turque, il n'est toutefois pas précisé si Ankara a proposé formellement cette même médiation à Kiev.

La guerre continue de faire rage sur le front. Tandis que la situation à Zaporijia inquiète, les frappes et les combats se sont poursuivis ailleurs en Ukraine. Dans le Donbass, région que convoite Moscou, "l'armée russe attaque dans les directions de Bakhmout et Avdiïvka", a fait savoir l'armée ukrainienne dans un communiqué, faisant aussi état de "cinq frappes" de l'aviation ukrainienne près de Donetsk et Pivdenny. Des frappes russes ont tué un garçon de 9 ans et blessé gravement 10 personnes à Zelenodolsk, dans la région de Dnipropetrovsk, selon les autorités locales, qui ont également signalé des "bombardements intenses dans la région de Novgorod-Siversk", près de la frontière russe, avec "plus de 50 explosions", sans victime.

Une visite attendue à plus d'un titre. Dans ce contexte pesant, le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal effectue, dimanche 4 septembre, une visite en Allemagne. S'il a constaté "les immenses progrès" faits par Berlin, pour soutenir Kiev après les atermoiements au début du conflit, le chef de l'exécutif ukrainien réclame davantage d'armes et d'équipements militaires. Il compte par ailleurs faire passer un autre message : l'Allemagne doit considérer les atrocités russes comme un "génocide". "C'est la politique russe : ils tuent des civils en Ukraine seulement parce que ce sont des Ukrainiens", a-t-il assuré à l'agence de presse DPA. "Nous attendons que nos partenaires, y compris l'Allemagne, partagent notre évaluation."

Avant de s'entretenir avec le chancelier Olaf Scholz, Denys Chmygal a prévu de rencontrer le président allemand Frank-Walter Steinmeier. Déclaré un temps persona non grata par le gouvernement de Volodymyr Zelensky, l'ancien ministre des Affaires étrangères avait soutenu la politique de détente avec la Russie, l'obligeant même à annuler une visite à Kiev mi-avril.

Un "hiver de guerre" sur le plan énergétique

L'UE se prépare au pire des scénarii. Sur le dossier épineux du gaz, au lendemain de l'annonce par le groupe russe Gazprom de la prolongation de la suspension "complète" de ses exportations à destination de l'Europe via le gazoduc Nord Stream, en raison de travaux, l'Union européenne a affirmé, samedi 3 septembre, être prête à une coupure totale du gaz russe. Dénonçant "l'utilisation extrême de l'arme du gaz par la Russie", le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni a indiqué que les stocks de gaz de l'UE sont actuellement abondés "à environ 80%". L'annonce de Gazprom, qui n'a pas précisé de date de reprise, est tombée après la décision vendredi des pays du G7 de viser de plafonner le prix du pétrole russe.

Gaz : y a-t-il des risques de coupures ?Source : JT 20h Semaine

Un gazoduc franco-espagnol n'est pas à l'ordre du jour. Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a affirmé, samedi 3 septembre, que la construction d'un gazoduc entre l'Espagne et la France, un projet lancé en 2013 et abandonné en 2019, n'était pas prioritaire pour Paris. "Le défi à court terme est d'avoir plus de gaz, plus d'électricité venant d'autres pays que la Russie. (...) Je ne suis pas sûr qu'un nouveau gazoduc puisse nous aider à passer l'hiver", a déclaré le patron de Bercy devant la presse à Cernobbio, en Italie, en marge du forum économique The European House - Ambrosetti.

Un tel projet permettrait à l'Espagne et au Portugal, d'acheminer du gaz, provenant sous forme de GNL des États-Unis ou du Qatar, vers l'Europe centrale en passant par la France. Mais pour le ministre, "l'électricité et l'hydrogène me semblent plus prometteurs qu'un nouveau gazoduc, car nous voulons nous appuyer sur une énergie décarbonée", a-t-il expliqué. En attendant "de penser à l'investissement à long terme, concentrons-nous sur les défis que nous devons relever l'hiver prochain."

La Suède appréhende "un hiver de guerre". Signe de la gravité de la situation, Stockholm a indiqué, samedi 3 septembre, qu'elle allait fournir des garanties financières aux entreprises énergétiques des pays nordiques et baltes, pour un montant de plusieurs "milliards de dollars", afin d'éviter une crise financière déclenchée par la pénurie énergétique en Europe. "Là où la Russie ne peut pas le faire par la force et les armes ordinaires, elle utilise l'arme de l'énergie", a commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une allocution, appelant les Européens à "plus d'unité" et à renforcer les sanctions contre Moscou. 


La rédaction de TF1info

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