De très politiques célébrations de la victoire contre l'Allemagne nazie ont été organisées dans toute la Russie.Le président du Conseil européen visitait Odessa quand la ville a essuyé des tirs de missile russes.Les faits marquants de ces 24 dernières heures.
Au 75ème jour de l'offensive russe en Ukraine, des célébrations ont été organisées ce lundi à travers l'est de l'Europe pour commémorer le 9-Mai, date de fin de la Seconde Guerre mondiale pour l'URSS. Sur la place Rouge, à Moscou, environ 11 000 soldats ont défilé entourés de dizaines de véhicules, dont des lance-missiles stratégiques et des chars. Les forces de l'ordre, disséminées sur le parcours, portaient à l'épaule droite la lettre "Z" qui orne les blindés déployés en Ukraine et est devenue un symbole des pro-Kremlin.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, la traditionnelle parade du 9-Mai célèbre autant la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie que la puissance russe retrouvée après la chute de l'URSS. Cette année avait une consonance particulière : le président russe s'est efforcé de placer le conflit en Ukraine dans la droite ligne de 1945, qualifiant l'adversaire de "néonazi". Selon lui, l'armée russe est en tain de défendre "la patrie" face à la "menace inacceptable" que représente Kiev.
Dans un discours vidéo posté une heure avant celui de Vladimir Poutine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré : "Nous ne laisserons personne annexer cette victoire, se l'approprier (...) Le jour de la victoire sur les nazis, nous nous battons pour une autre victoire, la voie vers cette victoire est longue mais nous n'avons pas de doutes".
Vladimir Poutine "dans le déni"
Réactions outrées des chancelleries occidentales. Le président russe "est dans le déni. Il est dans la justification complètement révisionniste des motifs de guerre. Il a un discours de déni et d'inversion des responsabilités", a regretté le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian interrogé par BFMTV.
Réaction similaire à Washington, où le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price a qualifié "d'absurdité flagrante" et "d'insulte" aux victimes de la Seconde Guerre mondiale les affirmations du président Poutine selon lesquelles l'invasion russe était "préventive". Outre-Manche, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a estimé que les généraux russes devraient être traduits devant une cour martiale pour leurs actes en Ukraine, "totalement complices du détournement par Poutine de la fière histoire de leurs ancêtres".
À Varsovie, l'ambassadeur de Russie en Pologne a eu la tête et la chemise aspergées d'une substance rouge évoquant du sang et pris à partie par des manifestants pro-ukrainiens, alors qu'il s'apprêtait à déposer une gerbe au cimetière de Varsovie où reposent les soldats soviétiques morts durant la Seconde Guerre mondiale.
Commémorations à Marioupol malgré le siège. Alors que les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal de cette ville portuaire ont exclu de se rendre, les séparatistes prorusses ont défilé pour le 9-Mai. Un gigantesque ruban de Saint-Georges, symbole patriotique russe, a été porté à travers la ville, quasiment détruite après plusieurs semaines de siège.
Odessa sous le feu russe
Intensification des combats à l'Est. "Des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka" dans l'oblast de Lougansk, a indiqué ce lundi son gouverneur Serguiï Gaïdaï. À Bilogorivka, un village du nord, soixante civils ont péri dans le bombardement russe d'une école où ils se réfugiaient, a déclaré dimanche soir le président ukrainien lors d'un sommet du G7. Ces dernières semaines, l'est de l'Ukraine et tout particulièrement le Donbass, dont fait partie la région de Lougansk, est devenue la priorité de l'armée russe.
Un centre commercial en feu à Odessa. La ville du bord de la mer Noire a été une nouvelle fois la cible de missiles de croisière russes. Au moins quatre explosions ont été ressenties à Odessa ce lundi soir, selon les autorités locales citées par des médias ukrainiens. Un centre commercial était en flammes, d'après des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Ces frappes, qui restent à confirmer, auraient fait au moins six blessés selon des journalistes sur place.
Des départs forcés vers la Russie. John Kirby, porte-parole du Pentagone, a assuré que des Ukrainiens avaient été "envoyés contre leur gré" en Russie, sans pouvoir avancer de chiffre. Kiev affirme qu'1,2 million de personnes ont été déportées en Russie et placées dans des camps depuis le début de l'invasion.
Sur le front diplomatique
Charles Michel de passage en Ukraine. "Vous n'êtes pas seuls. L'UE est à vos côtés" face à l'"agression" russe, a déclaré à l'adresse des Ukrainiens le président du Conseil européen Charles Michel, en visite surprise à Odessa avec le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal. "Nous serons avec vous aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il poursuivi. Leur entrevue a été interrompue par les tirs russes sur la ville portuaire, d'après Denys Chmygal.
Une loi historique aux États-Unis. Le président américain Joe Biden a signé lundi une loi de "prêt-bail", réactivant un dispositif emblématique datant de la Seconde Guerre mondiale, afin d'accélérer l'envoi massif d'équipement militaire à l'Ukraine. Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, l'administration Biden a apporté une aide militaire de quelque 3,8 milliards de dollars à Kiev.
Réouverture de l'ambassade grecque. Depuis Athènes, la Grèce a annoncé lundi la réouverture de son ambassade à Kiev, "dans un geste hautement symbolique" pour soutenir "les Ukrainiens et la communauté grecque" vivant dans ce pays. Ces dernières semaines, les ambassades, dont celle de la France et du Canada, ont rouvert les unes après les autres après le retrait russe de la région de Kiev, fin mars.