En déplacement jeudi à Kiev, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a détaillé la nouvelle approche de Paris concernant le soutien militaire à Kiev.Le gouvernement veut progressivement diminuer son aide et implanter, sur place, des industriels français.
La France change son fusil d'épaule. Devant un conflit en Ukraine qui s'ancre dans la durée, Paris a décidé de moins transférer d'équipements militaires à Kiev. En revanche, des partenariats industriels vont être noués entre les deux pays, a indiqué le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, jeudi 28 septembre.
En déplacement à Kiev, ce dernier a dévoilé les contours de cette alliance. "On le sait, cette guerre va durer. Comme elle va durer (...), il faut faire en sorte que demain on continue d'être fiable dans notre aide à l'Ukraine", a affirmé d'emblée le ministre. Avant de préciser : "Petit à petit, on va aller vers une logique où la cession ne sera plus le principe mais l'exception".
"Il faut l'assumer"
Auprès de Franceinfo, Sébastien Lecornu a confirmé que du matériel sera encore transféré aux ukrainiens. Pour autant, "si on veut durer, on doit être capable de 'brancher' directement les industriels français à l'armée ukrainienne. Cela a un intérêt aussi pour l'avenir parce que si la guerre devait s'arrêter vite, ce que je souhaite, l'armée ukrainienne aurait besoin de se reconstruire, aurait besoin de se défendre. Et donc ce sont aussi des opportunités pour les industries françaises. Pardon de le dire comme ça, mais il faut l'assumer."
Concrètement, des entreprises tricolores devraient s'implanter en Ukraine prochainement. Certaines pour produire, d'autres pour gérer de la sous-traitance. Par exemple Vistory, qui va prendre possession de 2000 m² de surface pour réparer et fabriquer jusqu'à mille drones par mois. "On va recruter de la main d'œuvre ici. Et en France, c'est 15 emplois en plus et même jusqu'à 30 en plus à terme", a précisé Alexandre Pedemont, le patron du groupe, à Franceinfo. L'entreprise espère livrer deux usines d'impression 3D pour permettre aux Ukrainiens de façonner les pièces de rechange pour leurs équipements.
Au total, une vingtaine d'industriels de la défense ont fait le déplacement jeudi à Kiev. Tous sont spécialisés dans le combat terrestre (blindés, artillerie), les drones, le cyber ou le déminage. Pour l'heure, c'est surtout sur la maintenance des équipements déjà livrés que des contrats ont été signés cette semaine entre les deux alliés. Le groupe Arquus devait par exemple conclure un accord avec une entreprise ukrainienne pour créer un atelier de maintenance des véhicules de transports de troupes livrés à Kiev, a indiqué son PDG, Emmanuel Levacher. Le spécialiste du déminage CEFA devait, lui, conclure un contrat pour fournir des robots démineurs.
Pour financer ces projets, l'Ukraine s'apprête à créer un "fonds de défense". "Une société qui voudrait venir en Ukraine pour lancer des lignes de production pourrait compter sur ce fonds", a indiqué le ministre de la Défense Roustem Oumerov lors d'une conférence de presse avec son homologue français. Avant d'affirmer : "Avant nous importions, maintenant nous essayons de localiser la production en Ukraine et j'espère qu'après la guerre nous pourrons exporter ces armements".