La Russie a ouvert vendredi les premiers votes dans le cadre des "référendums" d'annexion de territoires qu'elle contrôle en Ukraine.Tandis que la mobilisation se poursuit en Russie, l'ONU a accusé Moscou d'avoir commis un "nombre considérable" de crimes de guerre en Ukraine.Les faits marquants de ces dernières 24 heures.
Alors que Kiev affirme avoir encore gagné du territoire à l'est du pays et poursuivre sa contre-offensive, le Kremlin a commencé à faire voter des "référendums" d'annexion aux habitants de quatre régions dont elle a pris le contrôle, en partie ou totalement, dans l'est et le sud de l'Ukraine. Volodymyr Zelensky a appelé le monde à condamner ces "pseudo-référendums", ce qu'ont rapidement fait ses alliés. En Russie, la "mobilisation partielle" se poursuit. De leur côté, des enquêteurs de l'ONU ont estimé que "des crimes de guerre ont été commis en Ukraine" par les forces russes, dans les premières semaines de l'invasion. Le point sur la situation.
Les "référendums" d'annexion ont débuté, Kiev et ses alliés dénoncent un "simulacre"
Coup d'envoi des "référendums" russes. La Russie a commencé à faire voter dans le cadre de ses "référendums" d'annexion de régions ukrainiennes qu'elle contrôle entièrement ou en partie. Les votes, qui ont débuté vendredi à 5h GMT (7h en France), s'achèveront le 27 septembre dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, et dans des zones sous occupation russe, dans les régions de Kherson et Zaporijjia, dans le sud du pays. Des centaines de bureaux de vote devaient être ouverts dans les quatre territoires, et d'autres en Russie pour faire voter les déplacés. À Moscou, Saint-Pétersbourg et d'autres villes, les autorités ont organisé des manifestations de soutien aux votes à grands renforts de drapeaux et de slogans.
L'appel de Volodymyr Zelensky. La réponse de l'Ukraine ne s'est pas faite attendre. "Le monde réagira avec la plus grande justesse aux pseudo-référendums", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky vendredi dans son adresse quotidienne à la nation. Il s'est dit persuadé que ceux-ci "seront condamnés sans équivoque" et a exhorté le reste du monde à le faire.
Les mises en garde internationales. S'alignant sur l'appel de Kiev, Joe Biden a assuré que les États-Unis et leurs alliés allaient infliger de nouvelles sanctions économiques "rapides et sévères à la Russie" si elle annexait des territoires en Ukraine. "Les référendums de la Russie sont un simulacre, un prétexte fallacieux pour essayer d'annexer des parties de l'Ukraine par la force", a dénoncé vendredi soir le président américain. Auparavant, dans un communiqué conjoint, les pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient appelé "tous les pays à rejeter sans équivoque ces référendums fictifs", des "simulacres" qui "n'ont ni effet juridique ni légitimité". De son côté, sans aller jusqu'à dénoncer les scrutins, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, y est tout de même allé de sa critique, appelant au respect de "l'intégrité territoriale de tous les pays".
La mobilisation se poursuit en Russie face à la contre-offensive ukrainienne
La mobilisation continue en Russie. Après l'annonce par Vladimir Poutine d'une "mobilisation partielle" de 300.000 réservistes mercredi, cette mobilisation se poursuivait en Russie vendredi. Si la télévision ne diffusait presque pas d'images de celle-ci, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux ont montré des hommes aux visages fermés monter dans des bus après avoir embrassé leurs proches, certains en pleurs. D'autres se sont vu remettre une convocation après avoir été arrêtés lors de manifestations contre la mobilisation mercredi.
Les forces ukrainiennes affirment poursuivre leur offensive à l'est. Sur le terrain, l'Ukraine a revendiqué vendredi la prise de Iatskivka dans la région de Donetsk, dans l'est du pays. Elle dit aussi avoir avancé au sud de Bakhmout, localité de l'est toujours, que l'armée russe essaye de prendre depuis des mois sans succès. Côté séparatistes, le chef de Donetsk Denis Pouchiline a évoqué une situation "extrêmement difficile" au nord de sa ville. Dans la région de Lougansk, un autre responsable séparatiste, Andreï Marotchko, a fait état de bombardements ukrainiens, constatant que les forces de Kiev "veulent tout faire pour faire dérailler le référendum".
Tensions entre Kiev et Téhéran. Côté diplomatique, l'Iran s'est retrouvé dans le collimateur des autorités ukrainiennes, qui lui reprochent ses livraisons d'armes à Moscou et notamment des drones, qui ont fait un mort dans une attaque russe sur le port d'Odessa vendredi. Fustigeant un comportement "hostile", Kiev a décidé de retirer son accréditation à l'ambassadeur iranien en Ukraine et de "réduire considérablement" le personnel de l'ambassade iranienne à Kiev.
L'ONU accuse Moscou de "crimes de guerre", 447 corps exhumés à Izioum
L'ONU affirme que "des crimes de guerre ont été commis en Ukraine". Loin de la prudence de parole habituelle de l'ONU, des enquêteurs de l'organisation ont accusé vendredi Moscou d'avoir commis un "nombre considérable" de crimes de guerre dans quatre régions ukrainiennes dans les premières semaines suivant l'invasion russe. La commission d'enquête a évoqué notamment des bombardements russes sur des zones civiles, des exécutions, des actes de torture, des mauvais traitements ainsi que des violences sexuelles, après une investigation menée dans les régions de Kiev, Tcherniguiv, Kharkiv et Soumy, situées dans le nord et nord-est de l'Ukraine.
À Izioum, 447 corps exhumés portant des "signes de torture" selon Kiev. L'Ukraine a par ailleurs annoncé avoir exhumé 447 corps d'un site d'enterrement de masse à Izioum, ville reprise aux Russes dans le nord-est, dont 30 avec des "signes de torture" tels que des mains liées, des membres cassés ou des "organes génitaux amputés". Le Parquet régional ukrainien a précisé sur Facebook qu'il s'agissait des corps de 425 civils, dont cinq enfants, et de 22 militaires ukrainiens.