En Ukraine, des frappes russes ont fait de nouvelles victimes civiles, tandis que des attaques de drone ont fait trois morts en Russie.Le patron du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, a trouvé la mort dans le crash d'un avion privé en Russie.Retour sur les faits marquants des dernières 24 heures du conflit.
Mort du chef de Wagner. Le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evgueni Prigojine, à l'origine d'une rébellion en juin, son adjoint et huit autres passagers sont présumés morts dans le crash d'un avion privé mercredi au nord-ouest de Moscou, ont annoncé l'agence russe du transport aérien et un ministère. Après avoir temporisé, la milice a finalement confirmé la mort de son chef sur Telegram : "Evgueni Prigojine, chef du groupe Wagner, héros de la Russie, véritable patriote de sa patrie, est mort à la suite des actions des traîtres à la Russie", a notamment indiqué Wagner Group, qui se présente comme le canal officiel de ce groupe. Le chef de la milice, qui s'était notamment illustré lors de la bataille pour Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, avait été à l'origine en juin d'une rébellion dirigée contre l'état-major russe, menée par ses hommes, à laquelle il avait finalement rapidement renoncée après des négociations avec Vladimir Poutine.
Les autorités russes toujours silencieuses. Le Kremlin et le ministère de la Défense n'ont pas réagi dans l'immédiat à la mort du chef de Wagner. Le président Vladimir Poutine a prononcé un discours à l'occasion du 80e anniversaire de la bataille de Koursk au cours de la Seconde Guerre mondiale, se rendant dans cette région du sud-ouest de la Russie, frontalière de l'Ukraine. Il y a salué sur scène devant la foule le "dévouement" et la "loyauté" des soldats russes en Ukraine, qui "combattent avec courage et détermination", sans jamais mentionner le crash.
"Poutine ne pardonne à personne"
L'Ukraine réagit. Du côté de Kiev, un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a sous-entendu que le chef de la milice avait pu être tué par le Kremlin. "L'élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après (leur) tentative de coup d'État est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024", a-t-il écrit sur X (ex Twitter), estimant que "Poutine ne pardonne à personne".
Une thèse également reprise par Anton Gerashchenko, conseiller au ministère des Affaires intérieures : "Voici à quoi ressemblent les garanties de sécurité de Poutine et de Loukachenko", le dirigeant biélorusse qui s'était engagé à accueillir Evgueni Prigojine sur son sol après le putsch avorté, a-t-il ironisé en légende d'une photo qui représenterait un corps au milieu des décombres de l'avion. "Un visuel pour ceux qui veulent encore 'négocier'", a-t-il ajouté, affirmant aussi que la mort du chef de Wagner "peut conduire à une grave crise interne en Russie". Dans les rues de Kiev, de nombreux Ukrainiens ont salué auprès de LCI, dans la vidéo en tête d'article, "une bonne nouvelle", qui survenait à la veille de la fête de l'indépendance ukrainienne, célébrée ce jeudi.
De nouvelles victimes civiles après des frappes russes
Sept blessés à Dnipro. Sur le terrain, les attaques aériennes se poursuivent : une frappe nocturne de missiles russes a fait sept blessés à Dnipro, dans le centre-Est de l'Ukraine, endommageant notamment des immeubles résidentiels, a annoncé jeudi 24 août le gouverneur local. "De puissantes explosions sont survenues à Dnipro au milieu de la nuit. L'ennemi a frappé la ville avec des missiles", a déclaré sur Telegram Serguiï Lyssak. Selon lui, "trois hommes et quatre femmes, âgés de 32 à 55 ans" ont été blessés. La ville a été ciblée à plusieurs reprises ces derniers mois, la dernière fois en date remontant à fin juillet.
Des civils tués dans plusieurs frappes. Mercredi, au moins quatre employés ont été tués dans une attaque de drones russe ayant détruit une école ukrainienne à Romny, dans la région de Soumy dans le nord-est de l'Ukraine, à une dizaine de jours de la rentrée des classes, a indiqué sur Telegram le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko. Par ailleurs, trois civils ont aussi été tués près de Lyman, dans la région de Donetsk, dans l'est du pays, selon les autorités locales.
Attaque de drones. Du côté de la Russie, Moscou fait face à des attaques de drones pour le sixième jour consécutif. La défense aérienne russe a abattu trois drones ukrainiens dans les régions de Briansk et Kalouga, a affirmé jeudi le ministère russe de la Défense sur Telegram, sans indiquer si ces attaques avaient fait des victimes ou dégâts. La veille, un engin explosif lâché par un drone a provoqué la mort de "trois civils" à Lavy, un village de la région russe de Belgorod, selon le gouverneur Viatcheslav Gladkov. Ces appareils pénètrent de plus en plus souvent et toujours plus profondément en Russie : mercredi à l'aube, l'un d'entre eux est arrivé jusque dans le centre de la capitale avant d'être "neutralisé", d'après le ministère russe de la Défense.
Nicolas Sarkozy appelle à "discuter" pour résoudre le conflit
Bras de fer sur les céréales. La Russie a encore visé mercredi les installations portuaires ukrainiennes d'Izmaïl, dans le sud, sur le Danube, un fleuve devenu une porte de sortie des produits agricoles ukrainiens depuis que Moscou a mis fin en juillet à un accord crucial sur les céréales. Des silos à grains et des entrepôts ont été endommagés, selon le parquet. Dressant un premier bilan de ces attaques, le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandre Koubrakov a déploré la perte pour les clients étrangers de "270.000 tonnes de céréales" en un mois. "La mer Noire est la clef de l'alimentation, et donc de la stabilité sociale dans le monde. La Crimée est la clef de la sécurité de la mer Noire", a réagi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. "Vous ne pouvez pas laisser les clefs dans les mains de terroristes. Et nous ne le ferons pas", a-t-il promis.
"La voie de la diplomatie". Invité du 20H de TF1 mercredi soir, l'ancien président français Nicolas Sarkozy a estimé que "la solution" à la guerre en Ukraine était "de discuter", appelant à recourir à "la voie de la diplomatie". Dans son dernier livre, Le temps des combats, il plaide aussi pour que l'Ukraine reste "neutre" et n'adhère ni à l'Otan ni à l'Union européenne, un point de vue qui a suscité un tollé au sein de la classe politique, mais qu'il a assumé sur le plateau. Si Vladimir Poutine "est coupable aujourd'hui en Ukraine", "il y a deux façons de gagner une guerre : soit vous anéantissez l'adversaire, soit vous discutez avec lui et vous trouvez un compromis", a défendu l'ancien président de droite.