La première économie européenne réagit à la baisse de 60%, depuis la semaine dernière, des livraisons de gaz via Nord Stream.Si ces livraisons "restent à un niveau bas", le remplissage des réservoirs pour l'hiver n'est pas garanti.D'autres pays européens, dont la France, sont touchés par cette pénurie.
Une ressource devenue "rare". L'Allemagne a activé, jeudi 23 juin, le "niveau d'alerte" sur son approvisionnement en gaz, qui rapproche le pays de mesures de rationnement, après la baisse drastique des livraisons de Moscou via le gazoduc Nord Stream. "Nous sommes dans une crise gazière. Le gaz est désormais une ressource rare", a déclaré le ministre de l'Économie, Robert Habeck, lors d'une conférence de presse.
Il s'agit de la deuxième étape du dispositif sur l'approvisionnement en gaz allemand, activé en mars dernier à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le gouvernement pourra, dans ce cadre, "soutenir" les acteurs du marché pour faire face aux prix élevés. La troisième et dernière étape de ce plan basé sur un modèle de l'Union Européenne : le "niveau d'urgence", qui permettrait à Berlin d'organiser un rationnement entre particuliers, administrations et industrie.
Vers un hiver sans gaz ?
La première économie européenne, dont l'industrie chimique notamment est très consommatrice en gaz, réagit ainsi à la baisse de 60%, depuis la semaine dernière, des livraisons via Nord Stream. Une coupure justifiée par le groupe russe Gazprom comme provenant d'un problème de maintenance pour le gazoduc. Mais pour le gouvernement allemand, il s'agit d'une "décision politique", d'une "attaque économique" destinée à peser dans le bras de fer entre Moscou et les pays occidentaux.
Cette décision a eu un lourd impact sur plusieurs pays européens, en particulier l'Allemagne, l'Italie et la France. La Suède est passée cette semaine en niveau de "pré-alerte" sur le gaz. Pour Berlin, qui continue d'importer 35% de son gaz de Russie, contre 55% avant la guerre, la situation est "sérieuse". Pour le moment, les réserves en Allemagne se situent à 58%, un niveau "supérieur à la moyenne des dernières années". Mais si les livraisons via Nord Stream "restent à un niveau bas", le remplissage des réservoirs pour l'hiver n'est pas garanti.
Selon les évaluations de l'Agence fédérale des réseaux, sans une limitation des exportations de gaz -difficile à défendre sur un plan européen -, l'Allemagne n'atteindra pas cet objectif. Si rien ne change, une pénurie de gaz pourrait se déclencher dès février 2023. En cas d'arrêt total des livraisons par Moscou, elle pourrait arriver dès "mi-décembre".
Le gouvernement d'Olaf Scholz, aux objectifs climatiques ambitieux, a déjà fait sensation en annonçant un recours accru au charbon pour économiser du gaz, qui représentait 15% de l'électricité produite en 2021. Le débat sur le nucléaire, que l'ancienne chancelière Angela Merkel a décidé d'abandonner après la catastrophe de Fukushima, en 2011, est aussi relancé, même si la coalition au pouvoir y est farouchement opposée.