Craignant l'isolement de leur pays, des centaines de femmes ont quitté la Russie en 2022 pour accoucher en Argentine et y acquérir la nationalité.Le phénomène est tel qu'il inquiète les autorités à Buenos Aires.
Mettre au monde son bébé à l'étranger pour qu'il décroche la nationalité locale. C'est le choix que des milliers de femmes font désormais en Russie, pays qu'elles décident de quitter pour accoucher à des milliers de kilomètres. Plus précisément en Argentine.
Selon le Bureau argentin de l'immigration, 10.500 femmes russes sont venues accoucher dans le pays en 2022. Le phénomène serait même en hausse. Selon le Guardian, le vol Moscou-Buenos Aires du 9 février comportait à son bord 33 femmes russes enceintes de 32 à 33 semaines de grossesse. Elles ont toutes été autorisées à entrer dans le pays.
Éviter que leur enfant ne souffre de l'isolement de la Russie à l'avenir
Ce "tourisme de naissance", comme l'appelle le quotidien britannique, ne doit rien au hasard : les Russes n'ont pas besoin de visa pour se déplacer jusqu'en Argentine. Il s'agit de l'un des rares pays à autoriser ces séjours. À l'heure où Moscou est confronté à un isolement croissant, de nombreuses familles font ce choix pour que leur enfant bénéficie, à l'avenir, d'une double nationalité. Au cas-où.
La plupart de ces jeunes mamans retournent ensuite en Russie, laissant un avocat argentin demander la citoyenneté pour leur enfant. Mais aussi pour elles-mêmes, la procédure étant simplifiée une fois que l'enfant obtient la nationalité argentine.
Si les autorités argentines tolèrent pour l'instant cette pratique, elles veulent désormais redoubler de vigilance. Comme l'a expliqué au Guardian Florencia Carignano, directrice du Bureau argentin de l'immigration, une enquête a été ouverte "pour savoir qui se cache derrière ces gangs qui amènent des hommes et des femmes ici. Parce qu’il se passe quelque chose d’étrange avec les femmes qui viennent ici à la 34e semaine de leur grossesse. Nous soupçonnons qu’elles ne sont pas seules. C’est une affaire de plusieurs millions de dollars."