Guerre en Ukraine : les pays maghrébins risquent-ils une pénurie de blé ?

par Léa COUPAU
Publié le 18 mars 2022 à 17h04

Source : JT 13h WE

Avec l'arrêt des importations ukrainiennes et russes, les exportations de céréales sont perturbées partout dans le monde.
En Afrique du Nord, le Maghreb craint un risque de pénurie à l'approche du ramadan.

L'Afrique du Nord peut-elle manquer de blé et de farine ? Depuis l'invasion russe, le 24 février, l'Ukraine, surnommé le "grenier de l'Europe", ne peut plus exporter ses productions, tandis que les sanctions européennes prises contre Moscou perturbent grandement les exportations russes. Conséquence, les pays importateurs vont manquer de céréales, et les prix vont augmenter. Une situation qui se fait déjà ressentir en Afrique du Nord, où ses habitants se préparent au ramadan, en avril. 

L'État n'a "pas su anticiper la guerre en Ukraine"

Selon Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD), repris par le journal marocain Le Matin, les exportations de blé représentent à, elles seules, environ 90 % des échanges de l’Afrique avec la Russie et près de la moitié des 4,5 milliards de dollars de ceux avec l’Ukraine, a-t-il précisé. Au Maghreb, elles représentent, pour certains pays, plus de la moitié de leurs échanges. En Égypte, en 2019, par exemple, plus d'1,4 milliard de dollars était consacré à l'importation de blé russe et ukrainien.

Résultat : dans un supermarché de l'Ariana, au nord de Tunis, pas un sachet de farine ni de semoule ne traine sur les étagères. Auprès de l'AFP, une mère au foyer accuse l'État de n'avoir "pas su anticiper la guerre en Ukraine. Ça fait deux semaines que je n'ai ni riz ni farine dans ma cuisine". Même son de cloche en Kabylie, en Égypte, où, dans les magasins, les réserves de semoule sont dévalisées.

Beaucoup des pays d’Afrique du Nord ont, toutefois, encore des prix contrôlés sur les denrées alimentaires pour protéger les habitants. La Tunisie assure, par exemple, avoir des stocks pour trois mois. Ses produits de base (café, sucre, pâtes, semoule) sont largement subventionnés, avec un prix de la baguette inamovible depuis 10 ans, à 6 centimes d'euro. Ce système, destiné à éviter des émeutes du pain comme dans les années 80, existe aussi en Algérie.

Malgré cela, vue de la France, la situation est inquiétante. Sur Public Sénat, ce vendredi 18 mars au matin, Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, prévient "d'une famine dans les 12 à 18 mois" dans la région. "Notre responsabilité du moment, c'est de l'éviter", a-t-il appuyé.

Lundi 14 mars, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, annonçait 8 à 13 millions de personnes sous-alimentées supplémentaires l'année prochaine, et mettait en garde l'Afrique du Nord, qui pourrait être la plus impactée par les
récents événements en Ukraine et en Russie.


Léa COUPAU

Tout
TF1 Info