La Russie a visé, jeudi 9 mars, les grandes villes d'Ukraine, faisant au moins six morts et privant d'électricité et de chauffage une partie de la population.En Moldavie, les séparatistes pro-russes de Transnistrie ont accusé Kiev d'avoir organisé une attaque sur son sol, ce que réfutent les services de sécurité ukrainiens.Les faits marquants de ces dernières 24 heures.
La Russie arrose l'Ukraine d'une pluie de feu. Des frappes massives et meurtrières de missiles et de drones, les plus importantes depuis des semaines, ont touché, jeudi 9 mars, l'ensemble du territoire ukrainien. Ces attaques ont fait au moins six morts et privé de courant une partie de la population, ainsi que, temporairement, la centrale nucléaire de Zaporijia. Selon l'armée ukrainienne, la défense antiaérienne a abattu 34 des 81 missiles lancés par Moscou, et quatre drones explosifs Shahed de fabrication iranienne. Aucun des six missiles Kinjal utilisés par les Russes pour cette attaque n'a pu être abattu.
Moscou justifie son offensive, Kiev et Washington condamnent. La Russie a qualifié ces frappes, qu'elle a effectuées notamment à l'aide de nouveaux missiles hypersoniques Kinjal, de "représailles" à une incursion de "saboteurs" ukrainiens sur son territoire, le 2 mars dernier. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dénoncé, dans son message quotidien sur Internet, "une nouvelle tentative par l'État terroriste de combattre la civilisation, qui a temporairement coupé le courant, le chauffage et l'eau dans certaines de nos régions et de nos villes". À Washington, une porte-parole de la Maison Blanche a jugé "accablant de voir ces attaques brutales, injustifiées, sur des infrastructures civiles à travers l'Ukraine".
La centrale de Zaporijia à nouveau visée. Occupée par l'armée russe depuis les premiers jours de l'invasion, le 24 février 2022, la gigantesque centrale nucléaire de Zaporijia a été brièvement coupée du réseau électrique ukrainien. Les 20 générateurs diesel de secours ont été enclenchés, avec des stocks d'urgence leur permettant de tenir une quinzaine de jours, pour assurer une alimentation minimale des systèmes de sécurité. Sans cette électricité, la surchauffe du combustible des réacteurs peut rapidement provoquer un accident nucléaire, dans un scénario identique à celui de Fukushima au Japon en 2011. Dans l'après-midi, l'opérateur d'électricité Ukrenergo a indiqué avoir "rétabli l'alimentation électrique à la centrale".
La Russie a commis "une violation grave" de la sécurité nucléaire. "On joue avec le feu", a prévenu depuis Vienne le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, en entraînant la coupure du réseau de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia à la suite de frappes russes. "C'est une violation grave de la sécurité nucléaire, provoquée par la Russie", a abondé le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borell. "Zaporijia est la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Et la Russie met en danger la sécurité de la totalité du continent européen, Russie incluse."
Paris fustige le "risque inacceptable" que fait courir Moscou. La France a condamné les frappes, qui ont conduit à la nouvelle déconnexion de la centrale de Zaporijia, estimant qu'elles constituent "un risque inacceptable pour la sécurité et la sûreté nucléaires", a déploré la porte-parole du Quai d'Orsay, Anne-Claire Legendre. "La France a pris note avec préoccupation des informations relatives à une nouvelle déconnexion de la centrale de Zaporijia", a ajouté la responsable du ministère des Affaires étrangères. La France "continuera à soutenir l'action de l'AEIA en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires en Ukraine et, notamment, les efforts de son directeur général en vue de l'établissement d'une zone de protection autour de la centrale".
L'accord céréalier au menu d'une réunion
La tension monte d'un cran en Moldavie. Les séparatistes prorusses de Transnistrie, une République indépendante autoproclamée et non reconnue par l'ONU, ont accusé l'Ukraine d'avoir voulu commettre un attentat à Tiraspol. L'objectif de Kiev, selon eux : "éliminer" leurs dirigeants et faire "un grand nombre de victimes". "J'ai déjà donné l'ordre au ministre des Affaires étrangères de préparer des déclarations à tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. (...) Nous (les) appellerons pour examiner cette situation et assurer notre sécurité", a indiqué en russe le chef des séparatistes, Vadim Krasnoselskiï. Le Premier ministre moldave, Dorin Recean, a dit "ne pas avoir confirmation" de ces allégations, tandis que les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont dénoncé une "provocation orchestrée par le Kremlin" pour déstabiliser davantage l'Ukraine voisine.
La Russie a les moyens de faire la guerre au rythme actuel pendant deux ans. C'est ce que maintient la Lituanie, membre de l'Union européenne, de l'Otan et l'un des principaux soutiens à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. "La Russie a accumulé des armes et des équipements pendant les longues années de la guerre froide", a assuré le chef du renseignement militaire, Elegijus Paulavicius. "Nous estimons que ses ressources lui permettent de poursuivre la guerre avec la même intensité qu'aujourd'hui pendant deux ans", a-t-il ajouté, à condition qu'aucun pays étranger ne fournisse d'aide militaire à Moscou.
Varsovie a tenu sa promesse envers Kiev. Par la voix de son ministre de la Défense, Mariusz Blaszczak, la Pologne a annoncé avoir "déjà" livré à l'Ukraine les 10 chars Leopard 2A4 supplémentaires qui avaient été promis. "Nous parlons d'un bataillon de chars lourds qui, dans le cas de la Pologne, ont déjà été livrés, et dans le cas de nos alliés, seront livrés à l'Ukraine très bientôt", a-t-il fait savoir. Varsovie avait promis fin janvier d'envoyer 14 chars Leopard 2 au total à Kiev et quatre premiers avaient déjà été livrés le 24 février dernier, jour du premier anniversaire de l'invasion russe. "En plus des 14 chars polonais Leopard, il y a aussi huit chars canadiens dans ce bataillon, huit chars norvégiens et aussi six chars espagnols", a-t-il ajouté.
L'accord sur "l'or jaune" va être "discuté" en Suisse. La Russie a annoncé la tenue lundi d'une réunion à Genève avec l'ONU portant sur l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars et dont les négociations visant à le prolonger ont été jugées "compliquées" par son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov. "Les prochaines séries de consultations sont prévues le 13 mars à Genève, auxquelles participera la délégation interministérielle russe" avec "des représentants de l'ONU", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d'un point-presse. "L'accord (céréalier) sera discuté", a-t-elle simplement déclaré. Les Nations unies ont confirmé la tenue de cette entrevue.
Des avocats de Russes sanctionnés par l'UE contre-attaquent. Une quinzaine d'avocats représentant des individus ou entités russes visés par des sanctions de l'Union européenne dans le contexte de la guerre ont écrit à des responsables européens pour protester contre un processus qu'ils jugent entaché "d'erreurs" et "d'irrégularités". Cette lettre, adressée à des responsables de la Commission européenne et du Conseil, intervient alors que ces sanctions font l'objet d'une révision régulière, dont la prochaine doit intervenir le 15 mars. Parmi les signataires, on retrouve Me Aaron Bass, qui représente les oligarques russes Petr Aven, Mikhaïl Fridman et German Khan, ou encore Me William Julié, conseil de Farkhad Akhmedov.
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