En Ukraine, le bataillon médical "Les Hospitaliers" se démène chaque jour pour apporter les premiers secours aux blessés.Ces volontaires ukrainiens évacuent les soldats blessés de la zone de guerre, depuis 2014.Nos reporters les ont suivis depuis leurs entraînements à l’arrière du front jusqu’aux évacuations sur le terrain, dans l’est du pays.
"Checkez s'il y a des hémorragies massives !", ordonne un secouriste. À ses pieds, une jeune femme allongée sur le sol, l'œil baigné de sang. Des images, qui peuvent être difficiles à regarder, diffusées dans le reportage de LCI visible en tête d'article. Mais les apparences sont parfois trompeuses : la scène se déroule en fait à 500 kilomètres du front est ukrainien, et cette militaire censée être gravement blessée a en réalité été recouverte de faux sang.
Parmi les participants à l'exercice, Dmytro scrute les réflexes de ses 20 stagiaires, qui suivent douze jours de formation en vue de devenir de futurs "Hospitaliers", un bataillon de secouristes en zone dangereuse. Infirmier de formation, cet instructeur surnommé "Doc" a souhaité mettre ses compétences au service de cette unité, une grande "famille" de centaines de volontaires qui se relaient sur le front ou à proximité. "Avant j’avais peut-être deux ou trois amis proches, mais maintenant je comprends l’importance de tous les gens qui portent ce patch", explique le jeune homme, en pointant l'écusson du groupe, imprimé sur son épaule.
Rassemblés autour de la devise "pour le bien de chaque vie", les "Hospitaliers" sont prêts à sauver des soldats ukrainiens mais aussi russes, qu'ils puissent faire l'objet d'un échange de prisonniers ou non. "Même si c’est un porc - désolé du terme -, ça reste un être humain", appuie Dmytro. "Nos soldats en premier et après si tu es toujours en vie, on peut t’aider."
"Impossible de se préparer mentalement à ça"
Des sons de drone simulés au téléphone aux écrans de fumée, en passant par les cobayes qui s’époumonent pendant les exercices de mise en situation, tout est fait pour reproduire au mieux les conditions du terrain. Une mise en scène particulièrement utile pour ces civils qui n’ont pour la plupart ni l’expérience du front, ni de lien avec le milieu de la santé. "Ce sont des connaissances de base. Même des gens sans formation médicale peuvent venir en assistance à des blessés et les transporter jusqu’à des médecins plus qualifiés", explique Dmytro. Mais la formation reste particulièrement exigeante : à l’issue de ce stage, un quart de la promotion sera jugé inapte à partir sur le front.
Une semaine plus tard, les équipes de LCI se rendent à 500 kilomètres de là, dans le Donbass, aux côtés de ceux qui exercent déjà. Une équipe des "Hospitaliers" évacue au milieu de la nuit un soldat blessé au combat. "On l’a reçu vers 1h du matin. Il avait des blessures de shrapnel (un chargé de balles qui sont projetées lors de l'explosion, ndlr) sur les jambes et les bras et des blessures à la poitrine", explique leur cheffe, Myroslava, appelée "Siaivo". Dans la pénombre de l'ambulance, éclairée d'une seule lumière bleue, elle maintient un insufflateur sur le visage du combattant, dont le torse est recouvert de pansements.
Le plus dur, c’est quand tu prends conscience que la blessure du patient ne lui permettra pas de survivre
Myroslava, secouriste au sein de l'unité ukrainienne des "Hospitaliers"
À 23 ans, cette professeure d’histoire est basée dans un point de stabilisation tenu secret, où les blessés sont déchoqués avant d’être évacués dans des hôpitaux. "Le plus dur, c’est quand tu prends conscience que la blessure du patient ne lui permettra pas de survivre, et que peu importe ce qu’on tentera de faire, il mourra. Que le soin qu’on lui prodigue ne peut que reculer ce moment inévitable, ça c’est très difficile", glisse la jeune femme. "Il est presque impossible de se préparer mentalement à ça : c’est une fois que tu vois un blessé pour la première fois que tu comprends si tu en es capable ou pas." Cette nuit-là, ce soldat atteint d’un pneumothorax aux deux poumons survivra.
"De nombreux soldats qu’on évacue sont encore plus jeunes que moi et c’est dur psychologiquement", explique un autre membre de l'équipe, Oleksander, qui a tout juste 29 ans. "Mais avant la guerre, j’avais fait face à la pandémie de Covid. C’était déjà l’enfer et je suis de retour en enfer", lâche le jeune homme. Un enfer dont ils s'extirpent le temps d'une chanson, en reprenant la route après avoir pris en charge le soldat blessé, alors que le jour se lève. Un peu de musique pour panser les plaies, pour recommencer encore et encore à sauver des vies au fil de nuits sans sommeil.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique
- SportsLigue des champions 2023-2024 : le PSG repart en campagne