Les dépenses militaires russes sont prévues en hausse de près 70% l'an prochain.Elles devraient atteindre 106 milliards d'euros, soit 6% du produit intérieur brut du pays.Pour la première fois, les dépenses allouées à la défense pourraient être supérieures à celles allouées à la politique sociale.
Dépenser (presque) sans compter. Selon un document du ministère des Finances russes, publiée jeudi 28 septembre, le Kremlin s'apprête à augmenter de près de 70% ses dépenses allouées à la Défense en 2024. Le projet consulté par l'AFP confirme ainsi une information de l'agence de presse Bloomberg, publiée 22 septembre dernier. Selon les chiffres, les dépenses de la Défense vont augmenter de 68% pour atteindre 10.800 milliards de roubles, soit environ 106 milliards d'euros. La somme représente 6% du produit intérieur brut (PIB) du pays. À titre de comparaison, le budget de la Défense française doit s'élever à 47 milliards d'euros en 2024. Les États-Unis, eux, tablent sur une augmentation de 3,2% de ce budget à 842 milliards de dollars (795 milliards d'euros) l'an prochain.
Si ce budget doit encore être voté par les deux chambres du Parlement avant d'être signé par Vladimir Poutine, cette annonce pourrait signer la plus grosse augmentation jamais vue pour le budget de la défense russe, après une année 2023 déjà vertigineuse et 6500 milliards de roubles (63 milliards d'euros) alloués à ce poste, soit 3,9% du PIB, détaille Le Monde.
Une hausse des "dépenses secrètes"
Pour la première fois, pointe le quotidien, la Russie s'apprêterait à dépenser plus pour la défense que pour la politique sociale qui comprend notamment le versement des retraites. Les dépenses combinées en matière d'éducation, de santé et de protection de l'environnement représenteront, quant à elles, à peine un tiers du budget militaire, selon les chiffres du ministère des Finances. Par ailleurs, le Kremlin envisage de doubler ses dépenses secrètes, un poste géré de façon opaque dont une part est consacrée à "l'opération spéciale en Ukraine" ou encore aux primes versées aux familles des soldats tués. Leur part atteindrait ainsi 30% du budget total.
À noter que Moscou prévoit également de faire passer le budget alloué à la sécurité intérieure à 3400 milliards de roubles (33 milliards d'euros) pour représenter près de 10% des dépenses fédérales annuelles. Des dépenses qui doivent servir les priorités du Kremlin, détaillées dans le document du ministère des Finances : "Renforcement de la capacité de Défense du pays" et "intégration des nouvelles régions" ukrainiennes dont Moscou revendique l'annexion, mais aussi "l'aide sociale aux catégories de citoyens les plus vulnérables", à quelques mois de l'élection présidentielle prévue au printemps 2024.
Le gouvernement n'a toutefois que peu expliqué comment il allait financer cette hausse conséquente, au moment même où, selon le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, les recettes issues de la vente des hydrocarbures seront en large baisse et représenteront en 2024 "un tiers du (budget) pour l'année prochaine", contre près de la moitié avant l'offensive en Ukraine. Autrefois, ce secteur tirait la croissance russe, mais les hydrocarbures voient leur part diminuer sous le poids des sanctions internationales et de la détermination des Européens à sortir de leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.
Signe, enfin, que le gouvernement s'attend à des prochains mois délicats pour l'économie nationale, il a dit avoir fait ses prévisions pour le budget avec l'hypothèse d'un dollar valant autour de 90 roubles, tablant ainsi sur l'affaiblissement de la devise nationale à moyen terme. Le projet de loi budgétaire pour 2024-2026 doit arriver vendredi à la Douma, la chambre basse du Parlement russe.