Florian Philippot s'est ému de voir l'Italie proclamer un nouvel état d'urgence jusqu’à la fin de l'année, en raison de la crise ukrainienne.Il s'agit à ses yeux d'un prétexte pour porter atteinte aux "libertés", suite au Covid-19.En réalité, cette mesure doit contribuer à faciliter le déploiement des secours en Ukraine.
Un peu partout en Europe, les États s'organisent pour apporter un soutien à l'Ukraine, attaquée par son voisin russe. Une mobilisation qui laisse certains observateurs sceptiques, parmi lesquels Florian Philippot. Le président des Patriotes, qui s'est retiré de la course à la présidentielle faute de parrainages, s'est ému d'une décision prise par les autorités italiennes au cours des derniers jours.
"L’Italie a proclamé hier « l’état d’urgence » jusqu’au 31 décembre 2022 du fait de la crise ukrainienne", a lancé l'ancien proche de Marine Le Pen. "Le monde d’après va décidément d’un état d’urgence à l’autre contre l’état de droit et les libertés", a-t-il ajouté, faisant référence de manière directe aux mesures prises lors de la crise sanitaire du Covid. Lorsque l'on s'intéresse aux contours de la mesure effectivement décidée de l'autre côté des Alpes, on constate toutefois qu'un parallèle avec l'état d'urgence lié à l'épidémie est plus qu'abusif et se révèle trompeur.
Faciliter les secours vers l'Ukraine
En France comme ailleurs dans l'UE, les déclenchement d'états d'urgence ont été régulièrement perçus comme des atteintes aux libertés individuelles. Florian Philippot, via ses réseaux sociaux, a souligné à raison que l'Italie avait eu de nouveau recours à l'instauration d'un état d'urgence, bel et bien lié à la crise observée en Ukraine. Les médias transalpins, au cours des derniers jours, ont fait écho de cette décision annoncée par le président du Conseil, Mario Draghi.
La presse n'a toutefois pas manqué de préciser que les parallèles avec les mesures prises en marge de l'épidémie de Covid n'étaient clairement pas comparables. "Nous sommes à nouveau en état d'urgence, mais cette fois, le Covid n'a rien à voir avec cela, et la décision du gouvernement n'aura pas non plus d'impact sur nos vies", a indiqué en préambule d'un article le quotidien la Reppublica, avant de détailler les décisions gouvernementales. "Le Conseil des ministres lors de sa réunion de vendredi dernier s'est contenté d'adopter à l'unanimité une série de mesures liées à la crise en Ukraine, pour faciliter le déploiement de l'aide humanitaire et militaire dans la zone de guerre", résume le journal.
À quoi doit servir cet état d'urgence ? De façon pratique, il vise à faciliter la prise de mesures afin de porter assistance à l'État ukrainien ou à sa population. Il est notamment question d'assurer "la contribution de l'État italien dans l'adoption de toutes les initiatives de la protection civile" italienne, indique le site Money. Et de préciser que "ce n'est qu'avec l'instauration de l'état d'urgence que le chef du Département de la protection civile peut émettre des ordonnances dérogatoires aux dispositions ordinaires, contournant les procédures institutionnelles et bureaucratiques et accélérant la mise en œuvre des dispositions envisagées".
Le décret, qui court jusqu'au 31 décembre 2022, permet l'envoi de soldats et de véhicules militaires sur le front oriental de l'OTAN, alloue des fonds dédiés l'aide humanitaire à l'Ukraine, mais permet aussi de renforcer la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères pendant la période du conflit. Il s'agit entre autres de garantir la protection des Italiens à l'étranger, tandis que la protection civile se voit habilitée à intervenir en Ukraine en cas d'urgence humanitaire. Le texte auquel fait référence Florian Philippot ouvre par ailleurs la porte à la livraison, à titre gratuit, de moyens et de matériels "d'équipements militaires non létaux, mettant à disposition des équipements de protection individuelle pour les militaires ukrainiens et des matériels de déminage humanitaire pour la population civile".
Contrairement à ce que suggère le président des Patriotes, l'adoption d'un nouvel état d'urgence chez nos voisins transalpins ne va pas s'accompagner de mesures susceptibles de porter atteinte aux libertés individuelles de la population italienne. Les médias ont expliqué en détails qu'un tel état d'urgence constituait en fait un prérequis à la mobilisation de certaines ressources vers l'étranger, en particulier celles de la protection civile. S'il s'agit ici de permettre une réaction plus rapide et efficace des autorités, aucune mesure décidée au cours des derniers jours n'aura d'impact sur le quotidien des Italiens. Un changement notable par rapport celles prévues par l'état d'urgence mis en place pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.
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