Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de tirs près de la centrale nucléaire de Zaporijia, au sud-est de l'Ukraine.L'Agence internationale pour l'énergie atomique juge les informations "alarmantes".Y a-t-il un risque de catastrophe nucléaire ?
Plus de cinq mois après le début de la guerre en Ukraine, la question du nucléaire s'invite à nouveau au menu du conflit. Ces derniers jours, Moscou et Kiev s'accusent mutuellement de tirs à proximité de la centrale nucléaire de Zaporijia, - la plus grande d'Europe - dans le sud-est de l'Ukraine, dans une zone sous le contrôle des forces russes.
"Aujourd'hui, les occupants ont créé une situation extrêmement risquée pour toute l'Europe : ils ont frappé à deux reprises la centrale nucléaire de Zaporijia", a dénoncé vendredi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. De son côté, l'armée russe a évoqué des "tirs d'artillerie" de "formations armées ukrainiennes", fustigeant des "actes de terrorisme nucléaire". "L'armée ukrainienne a mené une frappe avec une bombe à sous-munitions tirée d'un lance-roquettes multiple Ouragan", ont encore indiqué ce dimanche les autorités d'occupation de la ville d'Energodar, où se trouve la centrale.
"Des risques de fuite de substances radioactives"
Des informations qualifiées "d'alarmantes" par l'Agence internationale pour l'énergie atomique, qui n'hésite pas à évoquer le terme de "catastrophe nucléaire". Selon son directeur général Rafael Grossi, les frappes démontrent un "vrai risque réel de catastrophe nucléaire pouvant menacer la santé et l'environnement en Ukraine et au-delà".
Samedi, la compagnie ukrainienne de l'énergie atomique Energoatom avait aussi averti sur les conséquences des frappes. D'après elle, les bombardements ont d'ores et déjà "gravement endommagé" une station renfermant de l'azote et de l'oxygène et un "bâtiment auxiliaire". "Il existe toujours des risques de fuite d'hydrogène et de substances radioactives, et le risque d'incendie est également élevé", a-t-elle mis en garde. L'un des six réacteurs a été arrêté.
La poursuite des bombardements pourrait-elle entraîner un accident nucléaire majeur ? Selon Jérôme Poirot, ancien coordonnateur du renseignement français, "il faut s'alerter raisonnablement". "Le risque de fuite d'hydrogène et de matière radioactive existe, mais l'arrêt d'un réacteur est rassurant", explique-t-il sur LCI (voir vidéo en tête de cet article).