En visite à Bruxelles ce jeudi après un passage par Londres et Paris la veille, Volodymyr Zelensky a de nouveau réclamé à ses alliés la fourniture d’avions de combat.Face au risque de franchir une "ligne rouge", ces éventuelles livraisons font débat chez les Occidentaux.Se pose aussi et surtout la question de la formation des pilotes ukrainiens, qui pourrait prendre plusieurs mois.
Après l'artillerie et les chars, des avions de combats ? Alors que l’armée russe est repassée à l’offensive, Kiev redoute une opération d’envergure dans les prochaines semaines. Profitant de sa visite à Londres puis à Paris mercredi, avant un passage par Bruxelles ce jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau réclamé à ses alliés occidentaux de lui livrer au "plus tôt" des avions de combat.
De l'avis des experts, les avions de chasse permettraient de frapper dans la profondeur les troupes russes et de dissuader les bombardiers de pilonner centres urbains et infrastructures énergétiques. Mais ils ne seraient pas à eux seuls la solution militaire miracle et viendraient avec leur lot de contraintes, notamment la formation des pilotes. Le Royaume-Uni a annoncé que des Ukrainiens allaient être formés, reste que "c’est beaucoup plus long que former un pilote de char", rappelle sous couvert d'anonymat un ancien général de l’armée de l’air, joint par TF1info. "Cela dépend aussi, évidemment, du niveau des pilotes que vous avez à former."
Un an de formation "au minimum"
"Mise bout à bout, la formation complète d’un pilote de chasse, c’est cinq ans pour voler sur un Rafale ou un Mirage 2000", poursuit le spécialiste. "Si vous prenez un pilote ukrainien qui a déjà volé sur un avion russe MiG-29, cela prendrait au minimum un an, en allant très vite", assure-t-il. "En six mois, il saura décoller, tirer les bombes et les missiles. Mais ce serait un peu l’envoyer au casse-pipe. Au-delà du pilotage, il y a la maîtrise du système d’armes qui est extrêmement complexe."
La maintenance des aéronefs une fois sur place entre aussi dans cette délicate équation et la question du type d’appareil sur lequel former les pilotes ukrainiens n'a rien d'anodin. "Si on les entraîne et qu’on n’a pas d’avions à livrer, ça ne sert à rien. Or, des Rafale, il n’y en a pas beaucoup. On en a donné un paquet ces dernières années et la marge de manœuvre est très étroite pour la France, car cela aurait pour effet de retarder la formation de pilotes français", explique l'ancien général. "Selon moi, ce serait alors plutôt sur des avions de type Mirage 2000. On pourrait dans ce cas imaginer former une dizaine de pilotes et leur fournir cinq avions."
"Ces avions sont très bons en défense aérienne", relève-t-il. "S'il y a une grosse offensive russe au printemps, avec leur système d’armement à guidage laser et l’appui de troupes au sol, ils ne feraient qu’une bouchée des chars de Poutine."
À l'entendre, plus que sur le Mirage ou le Rafale, les militaires ukrainiens devraient cependant être formés pour l'essentiel sur des F-16 américains. "Ce serait plus logique étant donné que c’est l’avion le plus vendu dans l’Otan et celui sur lequel il y a le plus de possibilités de biplace. Idéalement, pour gagner du temps, il faudrait faire appel à des pilotes ayant la binationalité et qui auraient déjà été formés sur une machine américaine."
Interrogé ce jeudi sur LCI (voir la vidéo en tête de cet article), Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et rédacteur en chef du site spécialisé Air et Cosmos, rappelait que l'armée américaine a budgété dès le mois de juillet la formation de pilotes ukrainiens. Pilotes qui, selon lui, sont même probablement "en train d’arriver à la fin de leur formation sur des avions occidentaux (…) en fin de vie", de type F-16 ou A-10. Ne manquerait alors plus que le feu vert aux livraisons d'appareils, que les alliés de Kiev se refusent pour l'heure à donner.
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TF1 Info