Des centaines de personnes ont évacué samedi l'hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza.Ces colonnes de déplacés, de personnel médical et de patients ont pris la direction de la route Salaheddine, qui mène vers le sud.120 patients incapables de se déplacer, dont des bébés prématurés, étaient encore présents dans l'établissement en fin de matinée.
Au 43ᵉ jour de la guerre entre Israël et le Hamas, des centaines de personnes ont évacué samedi l'hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza, assiégé par l'armée israélienne et où s'entassaient jusque-là selon l'ONU 2300 malades, médecins et réfugiés pris au piège.
Les soldats israéliens qui mènent pour le quatrième jour consécutif un raid sur cet immense complexe situé dans l'ouest de la ville de Gaza, avaient annoncé via haut-parleur samedi matin son évacuation "sous une heure". L'armée israélienne assure toutefois n'avoir donné aucun ordre d'évacuation mais avoir "répondu à une requête" du directeur de l'hôpital. Voici plus en détail, ce que l'on sait pour l'heure de cette évacuation.
Pas d'ordre d'évacuation selon Tsahal
Dans un communiqué, l’armée israélienne explique ainsi "avoir répondu favorablement à la demande du directeur de l’hôpital al-Shifa visant à permettre à des Gazaouis se trouvant dans l’hôpital et souhaitant être évacués de le faire par un itinéraire sécurisé".
Elle ajoute qu’elle a seulement "proposé de faciliter toute demande d’évacuation médicale" et que "le personnel médical restera à l’hôpital pour soutenir les patients qui ne peuvent pas être évacués." Pour finir, il est précisé que "pendant la nuit [de vendredi à samedi], l’armée israélienne a fourni des vivres supplémentaires, de l’eau et une assistance humanitaire à l’hôpital".
Direction le sud de Gaza
Les personnes évacuées sont sorties à pied de l'hôpital, selon un journaliste de l'AFP sur place, soulignant qu'aucune ambulance n'a été utilisée dans cette évacuation. Les colonnes de déplacés, de personnel médical et de patients, certains blessés et très faibles, ont pris la direction de la route Salaheddine, qui mène vers le sud de Gaza où l'armée israélienne enjoint la population de se réfugier.
Alors qu'Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, des opérations terrestres sont menées en parallèle des bombardements depuis le 27 octobre. Elles se concentrent dans le nord du territoire, dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines et autour des hôpitaux, l'armée accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme de "boucliers humains". Elle a donc ouvert samedi un corridor menant vers la route Salaheddine.
Des patients toujours sur place
Des responsables médicaux ont souligné que 120 patients étaient encore présents ce samedi en fin de matinée au sein de l'établissement, incapables de se déplacer. Parmi eux figurent des bébés prématurés, a affirmé le ministère de la Santé du Hamas. Des médecins sont restés dans al-Shifa pour prendre soin des patients, ont-ils précisé.
Il avait été auparavant indiqué que 450 malades et blessés n'avaient pu être évacués.
Fouille minutieuse en cours
L'armée israélienne, dont les chars encerclent l'hôpital, continue de fouiller "bâtiment par bâtiment" le complexe abritant, selon elle, un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels souterrains. Le mouvement islamiste palestinien dément catégoriquement ces allégations, accusant Israël de s'en servir comme prétexte pour cibler l'hôpital. Des soldats interrogent également les personnes présentes à l'intérieur de l'établissement.
L'électricité a cessé d'y fonctionner il y a plusieurs jours et ses chefs de service rapportent que plusieurs dizaines de patients sont décédés "parce que les équipements médicaux vitaux ont cessé de fonctionner en raison de la coupure du courant".
Dans le cadre de ces fouilles, les corps de deux femmes otages, dont une jeune soldate de 19 ans, Noa Marciano, ont été retrouvés cette semaine dans des bâtiments près de l'hôpital al-Chifa.