L'armée israélienne affirme ce vendredi avoir tué au moins "cinq terroristes" à Jénine, dans les territoires occupés de Cisjordanie.De son côté, le Hamas fait état de 200 Palestiniens tués dans ces territoires depuis le 7 octobre, alors que l'ONU a sonné jeudi "l'alarme la plus forte possible".TF1info fait le point sur la situation.
"Une grave discrimination contre les Palestiniens", voilà comment l'ONU qualifie désormais la situation dans les territoires occupés de Cisjordanie. En réponse aux massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier, tuant 1200 personnes selon l'armée israélienne, Tsahal a encerclé le nord de la bande de Gaza. Avec un objectif : "anéantir" le mouvement islamiste palestinien. Mais des violences sont également recensées dans certains territoires de Cisjordanie, séparés géographiquement de Gaza, et occupés depuis 56 ans par Israël, où vivent quelque 490.000 colons - en hausse chaque année - pour trois millions de Palestiniens.
À tel point que l'ONU, qui considère ces colonies comme illégales au regard du droit international, a alerté jeudi 16 novembre. "Je suis profondément préoccupé par l'intensification de la violence et la grave discrimination contre les Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est", a averti Volker Türk, son Haut-Commissaire aux droits de l'homme, sonnant "l'alarme la plus forte possible". "À mon avis, cela crée une situation potentiellement explosive."
Opération nocturne à Jénine
Depuis le 7 octobre, l'armée israélienne y mène des incursions, parfois jusqu'au cœur des villes, afin de répondre à une "augmentation significative des attaques terroristes", avec "plus de 550 tentatives d'attentats depuis le début de la guerre". Jénine, bastion des groupes armés palestiniens, est ciblé. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'AFP a fait état d'une importante opération israélienne, durant laquelle des véhicules militaires, visés par des jets de pierres, se sont enfoncés dans les rues, tandis que des drones ont survolé la zone. Les soldats ont tiré quelques grenades lacrymogènes avant que des échanges de tirs ne résonnent dans le camp de Jénine, d'où des colonnes de fumée noire se sont élevées.
Ce vendredi, Tsahal a annoncé la mort de "cinq terroristes" à Jénine, tandis que le Hamas a confirmé la disparition de trois de ses combattants. L'armée israélienne a aussi indiqué avoir "frappé une cellule terroriste armée", évoquant "six armes confisquées" et une quinzaine de "suspects arrêtés". La veille, le Hamas avait revendiqué une attaque sur un barrage de sécurité reliant Jérusalem à la Cisjordanie, dans laquelle un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés.
Deux fois plus "d'incidents" qu'avant la guerre
Outre ces opérations de Tsahal, ce sont bien les violences directement perpétrées par les colons qui inquiètent la communauté internationale. Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) recense en moyenne plus de six "incidents" (du vol de bétail aux violences physiques) par jour entre colons et Palestiniens, contre une moyenne de trois au cours des mois précédents. Les diplomaties européenne et américaine ont ainsi condamné à plusieurs reprises la hausse des violences de colons israéliens.
Même le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a été sommé de réagir. "Une poignée d'extrémistes sont en train de faire beaucoup de tort à l'État d'Israël", a-t-il fustigé le 8 novembre dernier, selon des propos rapportés par The Times Of Israël. "Une toute petite poignée de personnes ont pris la loi entre leurs mains. [...] Nous n'allons pas le tolérer."
Les États-Unis, principaux alliés d'Israël, avaient déjà tiré la sonnette d'alarme, le président américain Joe Biden accusant fin octobre les colons israéliens de mettre "de l'huile sur le feu". Depuis, la situation n'a pas évolué. Jeudi, le porte-parole du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a donc souligné "la nécessité urgente de prendre des mesures concrètes pour désamorcer les tensions en Cisjordanie, notamment en s'attaquant aux niveaux croissants de violence de la part des colons extrémistes".
Car le bilan grimpe. Selon le Hamas, environ 200 Palestiniens ont désormais été tués dans les territoires occupés de Cisjordanie lors des six dernières semaines.