Offensive russe d'une "intensité maximale", accusations de génocide, visite de Sanna Marin... Le point sur la situation en Ukraine

par Léa LUCAS
Publié le 27 mai 2022 à 6h38

Source : Le 9h/12h

Au 92ème jour de guerre, les représentants ukrainiens repartent sans arme supplémentaire, ni sanctions contre la Russie, à l'issue du Forum Économique Mondial à Davos, en Suisse.
Pourtant, les combats s'intensifient à l'Est, avec de nombreux bombardements sur la ville de Severodonetsk.
Face à cette mainmise russe sur le Donbass, l'Allemagne propose un pont ferroviaire vers l'Ukraine.

Les combats atteignent une "intensité maximale" dans l'Est de l'Ukraine. L'armée russe concentre en effet ses efforts sur le Donbass, bassin industriel partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014. Si des villes stratégiques, comme Severodonetsk, se retrouvent sous les bombes depuis des jours, en vue d'une conquête russe, d'autres villes déjà prises par Moscou, comme Marioupol, doivent se soumettre à de nouvelles règles : les écoliers, privés de vacances d'été, devront rattraper le programme russe avant la prochaine rentrée scolaire. Dans le même temps, sur la scène internationale, des leaders mondiaux, réunis pendant quatre jours au Forum Économique Mondial à Davos, en Suisse, tentent de montrer leur soutien à l'Ukraine, et d'apporter des solutions matérielles à cette violente invasion russe. 

Une offensive russe d'une "intensité maximale" à l'Est

Offensive militaire d'envergure dans l'Est. L'Ukraine a décrit ce jeudi une offensive militaire russe d'"intensité maximale" et une situation extrêmement difficile dans l'Est de son territoire, demandant plus d'armes lourdes et dénonçant par avance toute concession "pacifiste" à la Russie, qui a rejeté un plan de paix italien. Celui-ci prévoyait, sous garantie de l'ONU, un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes ; mais également l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne (UE), excluant l'Otan, ainsi qu'un statut d'autonomie pour le Donbass et la Crimée qui resteraient sous la souveraineté ukrainienne.

Décès de sept personnes à Kharkiv (centre-est). Une intensité qui s'est notamment ressentie à Kharkiv, où sept personnes ont perdu la vie, et où quatre autres ont été blessées dans de nouveaux bombardements, alors que la deuxième ville ukrainienne avait entamé un retour à une vie quasi-normale mi-mai, après une contre-offensive ukrainienne pour repousser les Russes, a indiqué le gouverneur régional, Oleg Sinegoubov. Des missiles ont touché le secteur résidentiel du quartier de Pavlové Polé, au centre-nord de la ville, près d'un centre commercial qui était fermé au moment de la frappe. 

Accusations de génocide. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de pratiquer un "génocide" dans le Donbass, dans l'est du pays. "L'actuelle offensive des occupants dans le Donbass pourrait rendre la région inhabitée", a affirmé le chef de l'État dans son adresse télévisée dans la nuit de jeudi à vendredi, accusant les envahisseurs de chercher à "réduire en cendres" Severodonetsk et d'autres villes de la région. Les forces russes pratiquent la "déportation" et "les tueries de masse de civils" dans le Donbass, a poursuivi MVolodymyr Zelensky, dénonçant "une politique évidente de génocide menée par la Russie".

115 militaires licenciés pour refus de se rendre en Ukraine. Un tribunal militaire russe de la région de Kabardino-Balkarie (sud) a confirmé ce jeudi le licenciement de 115 militaires ayant contesté leur renvoi de l'armée pour avoir refusé de participer à l'offensive en Ukraine. Cette affaire semble être le premier cas confirmé officiellement de soldats russes ayant refusé de prendre part à la campagne lancée par Moscou en Ukraine le 24 février. Ce tribunal a conclu, selon un communiqué publié la veille, que les militaires avaient "arbitrairement refusé d'accomplir une mission officielle" et a rejeté leur appel. 

Allemagne : un "pont ferroviaire" vers l'Ukraine

Fin du Forum Économique Mondial à Davos, en Suisse. Lors de cette réunion annuelle, le président ukrainien Volodomyr Zelensky est intervenu à deux reprises, en visioconférence. Nombre de ses ministres, parlementaires et responsables politiques sont également venus en personne au sommet. Ces derniers jours, ils ont ainsi tenté de faire avancer la demande d'adhésion du pays à l'Union européenne (UE) et de trouver des soutiens financiers pour reconstruire le pays. Mais, pour l'heure, ils sont repartis de Davos sans armes lourdes supplémentaires, ni nouvelles sanctions. Dans la journée, le chancelier allemand, Olaf Scholz, s'est toutefois montré optimiste en lançant que "Poutine ne doit pas gagner sa guerre. Et j'en suis convaincu : il ne la gagnera pas".

Visite de la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, à Kiev. De l'autre côté de la frontière, en Ukraine, la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, s'est rendue à Kiev. À cette occasion, elle a assuré que la confiance en Russie "était perdue pour des générations". "Ce que la Russie a fait est un tournant pour toute la famille européenne et pour le monde entier. Nous voyons que l'ancien système est détruit et qu'il n'y a pas de retour en arrière aux anciennes relations". Sanna Marin s'est également entretenue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky avant de se rendre à Boutcha et Irpin, près de la capitale ukrainienne, occupées puis abandonnées par l'armée russe, devenues symboles de massacres de civils imputés aux troupes russes. 

Appel entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan. Le déplacement de la Première ministre finlandaise intervient peu de temps après la demande de son pays d'adhérer à l'Otan. À ce sujet, le président français, Emmanuel Macron, a appelé son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et l'a incité à "respecter le choix souverain" de ce pays, et de la Suède, d'entrer dans l'Alliance et souhaité qu'une "solution" soit rapidement trouvée pour lever la menace de veto turc sur ces candidatures.

Allemagne : un "pont ferroviaire" pour exporter les céréales ukrainiennes. Face aux inquiétudes liées à une possible crise alimentaire mondiale, l'Allemagne a mis sur pied un "pont ferroviaire" pour aider l'Ukraine à exporter ses céréales, au regard de sa place de troisième plus grand exportateur dans le monde, a indiqué le prochain chef des forces américaines en Europe, le général Chris Cavoli. "Nous pensons qu'il y a environ 22 millions de tonnes de céréales bloquées en Ukraine, en attente d'être expédiées", a-t-il déclaré. Le port roumain de Constanta participe à l'effort, mais ses capacités sont limitées à 90.000 tonnes par jour, a expliqué le général. "Mais la Deutsche Bahn a récemment répondu à l'appel", a-t-il rassuré. "Ils ont mis sur pied ce qu'ils appellent le pont ferroviaire de Berlin, sur le modèle du pont aérien de Berlin (en 1948, ndlr), pour réserver des trains au transport du blé ukrainien vers l'Europe de l'Ouest". La compagnie ferroviaire allemande "est en train d'extraire d'Ukraine des quantités massives de céréales en ce moment, via la Pologne en direction des ports du nord de l'Allemagne pour leur exportation." Les Russes, eux, "(rejettent) catégoriquement ces accusations et (accusent) à l'inverse les pays occidentaux d'avoir pris une série de mesures illégales qui ont mené à ce blocus", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. 

"Dé-ukrainisation" des écoliers de Marioupol

Les écoliers à Marioupol privés de vacances pour rattraper le programme russe. Les forces russes qui ont pris le contrôle de Marioupol ont décidé de supprimer les vacances d'été pour préparer les élèves au programme scolaire russe, a affirmé ce jeudi un responsable ukrainien de la ville. Selon Petro Andriouchtchenko, conseiller du maire de ce port où les derniers combattants ukrainiens se sont rendus ces derniers jours, "les occupants ont annoncé la prolongation de l'année scolaire jusqu'au 1er septembre." "Tout l'été, les enfants auront des cours de langue et de littérature russe, d'histoire russe et des cours de mathématiques en russe". "Le but principal est la dé-ukrainisation et la préparation de la rentrée selon le curriculum russe", a-t-il assuré. Il a cependant ajouté que les "occupants" russes n'avaient pour l'instant pas réussi à trouver suffisamment de professeurs, "seulement 53 enseignants pour neuf écoles", selon lui. Il n'a pas précisé combien d'élèves étaient concernés.

Des milliers de civils et de militaires tués. Si, pour l'heure, il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit en Ukraine, les autorités parlent de 20.000 morts pour la seule ville de Marioupol, complétement dévastée. Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 29.200 hommes, 204 avions et près de 1300 chars depuis le début de l'invasion le 24 février. Des sources occidentales évoquent, elles, quelque 12.000 soldats russes tués. 

Des millions de déplacés et de réfugiés. Plus de huit millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 6,5 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié - 3,4 millions - en Pologne. Alors que des associations humanitaires tentent d'aider ces Ukrainiens en détresse, un incendie, probablement accidentel, a détruit ce jeudi "20 tonnes de linge de lit et de couvertures" leur étant destinés, dans un stade du Pirée, un grand port près d'Athènes en Grèce, selon des organisateurs.

L'intensification des combats à l'Est intervient à la veille du 25ème anniversaire de la signature d'un accord Otan-Russie, mettant un terme à quarante ans de guerre froide, mais également à quelques jours d'un sommet extraordinaire du Conseil européen à Bruxelles sur la guerre en Ukraine ainsi que l'épineuse question de l'approvisionnement en énergie en Europe.


Léa LUCAS

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