Qui est Vladimir Kara-Murza, opposant du Kremlin condamné en appel à 25 ans de prison ?

par Y.R. avec AFP
Publié le 17 avril 2023 à 15h07, mis à jour le 31 juillet 2023 à 17h39

Source : TF1 Info

Un tribunal russe a confirmé en appel, lundi, le dissident politique Vladimir Kara-Murza à 25 ans de prison, une sentence d'une sévérité inédite.
Ce proche de Boris Nemtsov, figure de l'opposition à Vladimir Poutine assassinée en 2015, a été reconnu coupable de "haute trahison".

Il était l'un des derniers grands critiques du Kremlin à ne pas être derrière les barreaux ou exilé à l'étranger. Un tribunal russe a confirmé en appel, ce lundi, la condamnation du dissident Vladimir Kara-Murza à 25 ans de prison. Ce jugement, rendu à l'issue d'une nouvelle audience à huis clos, confirme une première condamnation prononcée le 17 avril dernier. Ce proche de Boris Nemstov, chef de l'opposition anti-Poutine assassiné en 2015 dans des circonstances troubles, a été reconnu coupable de "haute trahison", de diffusion de "fausses informations" sur l'armée russe et de travail illégal pour une organisation "indésirable".

Vladimir Kara-Murza s'était dit "fier" de son engagement politique lors de ses dernières déclarations. L'ancien journaliste de 41 ans, qualifié d'"opposant numéro 2" à Vladimir Poutine, après Alexeï Navalny, avait déjà accueilli le verdict en avril avec un sourire, avant d'enjoindre par des gestes ses soutiens à lui écrire en prison. 

En conséquence, il va purger sa peine cumulée dans une colonie pénitentiaire à régime sévère, ce qui implique des conditions d'incarcération plus strictes qu'en prison. Soit ce qu'avait requis le parquet. Une sentence d'une sévérité inédite contre un dissident politique dans l'histoire récente de la Russie.

Empoisonné à deux reprises

Déclaré "agent de l'étranger" par les autorités russes, Vladimir Kara-Murza était en détention provisoire depuis avril 2022. "Son quotidien est d'une tristesse infinie. Il ne vit pas, il survit", confiait à L'Express son épouse, Evgenia, qui s'est exilée aux États-Unis et vit désormais à Washington avec leurs trois enfants. "Même les promenades auxquelles il a droit, une heure par jour, se déroulent dans une petite cour couverte, où il ne peut pas apercevoir le ciel. Il n'a pas droit de s'asseoir sur le lit pendant la journée. C'est un régime très strict." Ce dernier, qui possède la double nationalité russo-britannique avait affirmé avoir été, selon lui, empoisonné à deux reprises, en 2015 et 2017. Deux tentatives d'assassinat qu'il attribue au pouvoir russe. 

Selon l'un de ses avocats, Vadim Prokhorov, le lauréat du prix des droits de l'Homme Václav-Havel en 2022 souffre de polyneuropathie, une maladie qui touche les nerfs, et de pathologie neuromusculaire, conséquence de ces deux empoisonnements. "Maintenant, que va-t-il devenir ? Il va être enfermé un quart de siècle… En un an de détention, il a déjà perdu 22 kilos. Je crains pour sa vie", admet Evgenia Kara-Murza. Une vie que ce prisonnier d'opinion, ancien chef adjoint du Parti de la liberté du peuple, a consacré jusqu'alors à la lutte pour la démocratie et des droits de la personne en Russie. 

Vice-président de l'organisation Open Russia, une ONG fondée par l'ex-oligarque en exil, Mikhaïl Khodorkovski, lui-même déclaré "indésirable" par le Kremlin en 2017, il a fait publiquement la promotion d'une Russie démocratique post-Poutine. Il a notamment plaidé aux États-Unis, en Europe et au Canada pour l'adoption de sanctions contre les oligarques et fonctionnaires russes, se rendant coupable de graves violations des droits humains, à l'instar de la "loi Magnitski" votée en 2012. 

Le 11 avril 2022, de retour en Russie, en dépit des risques après avoir condamné explicitement l'invasion de l'Ukraine, l'opposant au Kremlin avait continué de s'opposer publiquement au pouvoir russe, au mépris des nouvelles lois sur la censure. Il avait dénoncé sur CNN "le régime assassin" de Vladimir Poutine, qu'il avait appelé à combattre coûte que coûte.

La première condamnation de Kara-Mourza, en avril, avait été dénoncée comme étant à "motif politique" par les États-Unis et comme "scandaleusement sévère" par l'Union européenne.


Y.R. avec AFP

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