Les viols et agressions sexuelles attribués aux forces russes en Ukraine constituent clairement "une stratégie militaire" estime la représentante spéciale de l'ONU Pramila Patten.Elle a dénoncé ce vendredi "des cas horribles et des violences très brutales".
Une "tactique délibérée pour déshumaniser les victimes." C'est en ces termes que l'ONU a qualifié, ce vendredi, les viols et agressions sexuelles, attribués aux forces russes en Ukraine. Elles constituent clairement "une stratégie militaire", estime la représentante spéciale Pramila Patten.
"Toutes les indications sont là", a estimé Pramila Patten, interrogée à Paris sur le viol comme arme de guerre en Ukraine. "Quand des femmes et des filles sont séquestrées pendant des jours et violées, quand vous commencez à violer des petits garçons et des hommes, quand on voit une série de cas de mutilations d'organes génitaux, quand vous entendez les témoignages de femmes évoquant des soldats russes équipés de viagra, c'est clairement une stratégie militaire. Et quand les victimes évoquent ce qui a été dit pendant les viols, il est clair que c'est une tactique délibérée pour déshumaniser les victimes" dit l'avocate mauricienne.
"Les cas signalés ne représentent que le sommet de l'iceberg"
Selon la représentante, les premiers cas de violences sexuelles ont fait surface "trois jours après le début de l'invasion de l'Ukraine", le 24 février dernier. L'ONU a depuis vérifié "plus d'une centaine de cas" de viols et agressions sexuelles en Ukraine depuis le début de la guerre, mais "ce n'est pas une question de chiffres", a insisté Pramila Patten. "Il est très compliqué d'avoir des statistiques fiables pendant un conflit actif, et les chiffres ne vont jamais refléter la réalité, parce que les violences sexuelles sont un crime silencieux, le moins signalé et le moins condamné", souligne-t-elle, évoquant la peur des représailles et de la stigmatisation. "Les cas signalés ne représentent que le sommet de l'iceberg".
Les victimes sont prioritairement des femmes et des filles, mais aussi des garçons et des hommes, indique la responsable onusienne, citant le rapport fin septembre de la commission d'enquête internationale indépendante (créée par une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu). Ce rapport "a confirmé des crimes contre l'humanité commis par les forces russes, et selon des témoignages recueillis, l'âge des victimes de violences sexuelles varie de 4 ans à 82 ans. Il y a beaucoup de cas de violences sexuelles sur des enfants, qui sont violés, torturés et séquestrés", souligne-t-elle.
Le viol comme arme de guerre existe dans tous les conflits, de la Bosnie à la Guinée ou la République démocratique du Congo (RDC) mais selon Pramila Patten, la guerre en Ukraine marque une "prise de conscience" internationale. "Il y a désormais une volonté politique pour combattre l'impunité, et un consensus aujourd'hui sur le fait que les viols sont utilisés comme tactique militaire, une tactique de terreur", analyse-t-elle. "Est-ce que c'est parce que ça se passe au cœur de l'Europe ? La réponse se situe peut-être là", ajoute-t-elle, en espérant que l'Ukraine n'éclipsera pas les autres.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- InternationalGuerre en Ukraine : les attaques en Russie se multiplient
- Police, justice et faits diversMeurtre d'Iris dans le Morbihan
- SportsMohamed Haouas, international français de rugby, dans la tourmente judiciaire
- Police, justice et faits diversKarine Pialle : mystère autour de la disparition de la mère de famille
- Santé et bien êtreAllergies aux pollens : la France en alerte