La démolition du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, a laissé les flots du Dniepr se déverser sur des centaines de kilomètres.L'OMS redoute que la catastrophe ne propage la maladie du choléra, dont le bacille est déjà présent dans le pays.Aucun cas n'a été pour le moment détecté, mais l'agence de l'ONU a décidé de renforcer ses moyens de surveillance.
Une catastrophe humanitaire, écologique, et bientôt sanitaire ? La destruction du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, suscite les inquiétudes de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a accru jeudi sa "surveillance épidémiologique", constatant que le bacille du choléra était présent dans l'environnement dans le pays. Si aucun cas n'a pour l'heure été détecté, la diffusion de la maladie pourrait s'enclencher avec les inondations massives en cours, qui touchent déjà une zone de plus de 600 km² selon Kiev.
"La surveillance épidémiologique des maladies transmises par l'eau est renforcée", a déclaré une responsable des opérations d'urgence à l'OMS, Teresa Zakaria, en conférence de presse. Aucun cas de choléra n'a été observé en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, mais "les échantillons prélevés dans l'environnement montrent que l'agent pathogène y est présent, ce qui constitue un risque", a souligné la représentante.
Des cas pourraient apparaître "à tout moment"
"Nous pourrions donc commencer à détecter des cas à tout moment", a-t-elle insisté, et "nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère ukrainien de la Santé pour nous assurer que des mécanismes sont en place pour permettre l'importation de vaccins dès qu'ils sont nécessaires".
Du fait des conséquences de l'inondation sur "l'approvisionnement en eau, les systèmes d'assainissement et les services de santé publique", l'OMS a apporté son aide pour que les autorités et les professionnels la santé puissent "prendre des mesures préventives contre les maladies d'origine hydrique" et pour "améliorer la surveillance des maladies", a aussi assuré à la presse son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
L'agence onusienne a acheminé des fournitures d'urgence dans les régions touchées, selon Reuters. Le directeur des urgences de l'OMS, Mike Ryan, a déclaré qu'elle avait aussi offert son aide dans les zones contrôlées par la Russie, mais que sa présence opérationnelle se trouvait "principalement" du côté ukrainien. "Nous serions ravis de pouvoir accéder à ces zones (côté russe, NDLR) et d'être en mesure de surveiller les questions de santé, comme nous souhaiterions le faire dans la plupart des situations", a-t-il lancé, estimant qu'il revient aux autorités ukrainiennes et russes de s'accorder sur une manière d'y parvenir.
Des risques déjà repérés dans les premiers mois du conflit
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Cette maladie extrêmement virulente peut tuer en l'espace de quelques heures si aucun traitement n'est administré. Les crises humanitaires, qui ont notamment pour conséquence l'interruption des systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement et les déplacements de populations dans des camps mal équipés et surpeuplés, augmentent le risque de transmission du choléra, si le bacille est présent ou s'il est introduit.
Ce n'est pas la première fois que cette menace pèse sur l'Ukraine : en juin dernier, la cité portuaire de Marioupol, détruite par les combats et minée par le manque d'eau, risquait aussi de devenir un foyer épidémique, avait alors alerté Kiev. Les cas n'avaient toutefois pas été confirmés par l'OMS.
Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de la destruction du barrage, mais les conséquences sont déjà dévastatrices pour les zones alentours : de nombreux villages ont été inondés, des milliers de civils évacués à la hâte et les autorités craignent également une catastrophe écologique. Outre les maladies liées à l'eau, les inondations peuvent causer des blessures, provoquer des noyades et perturber la prise de traitements, a indiqué Teresa Zakaria, expliquant que tous ces risques seraient surveillés. Selon l'Ukraine, cinq personnes sont mortes et 13 disparues depuis le début des inondations.
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