L'Europe est-elle vraiment dépendante de la Russie pour son gaz ?

Publié le 26 mars 2022 à 11h06

Source : JT 20h Semaine

Emmanuel Macron a indiqué vendredi que la Commission européenne avait reçu mandat pour effectuer des achats de gaz groupés afin de réduire les prix.
L'Union européenne compte bien se passer du gaz russe à moyen terme.
Le continent en est-il vraiment dépendant ?

Des prix qui explosent et des importations qui posent question. Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, l'Union européenne multiplie les sanctions à l'égard du pays de Vladimir Poutine. Et s'est fixée un objectif à plus long terme : ne plus recourir au gaz russe d'ici à 2027. Mais pour faire pression sur la Russie, plusieurs voix s'élèvent pour demander un embargo total et immédiat sur le gaz russe, à l'instar de la décision prise par les États-Unis.

Facile à dire, plus compliqué à assumer, pourrait répondre l'Union européenne. Selon Eurostat, en charge des statistiques à la Commission européenne, la Russie est le principal partenaire de l'UE pour les livraisons de gaz. Au premier semestre 2021, 43,6% du gaz extra-européen importé au sein de l'Union européenne provenait de Russie, devant la Norvège et l'Algérie.

Un pourcentage tel que les incertitudes liées aux sanctions européennes ont d'ores et déjà entraîné une envolée des cours. Pour y faire face, Emmanuel Macron a annoncé vendredi que la Commission européenne aurait désormais mandat pour acheter du gaz de manière groupée, afin de réduire les prix.

Une dépendance variable au sein des 27

Soucieux d'isoler Moscou et de priver la Russie de sources de revenus, Bruxelles veut réduire de deux tiers, dès cette année, les achats européens de gaz russe. Un objectif complexe tant la dépendance au gaz russe varie selon les États. Car au sein-même de l'Union européenne, il existe de grandes disparités. Toujours d'après Eurostat, dix des 27 pays membres importent 75 à 100% de leur gaz extra-européen depuis la Russie (les données sont publiées par intervalle pour préserver la confidentialité) : la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Lettonie, la Hongrie, l'Autriche, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie et la Finlande.

L’Allemagne, la Pologne et la Suède semblent avoir tout autant de mal à se passer du gaz russe. Il représente, selon la même source, entre 50 et 75% de leurs importations de cette énergie. La France, elle, fait partie de la catégorie suivante. Au premier semestre 2021, la part du gaz russe dans nos importations en dehors de l'Europe était comprise entre 25 et 50%, à l'instar de la Grèce, de l'Italie, et de la Lituanie. Selon GRDF, "près de la moitié du gaz consommé en France vient d'Europe, avec la Norvège comme principal fournisseur".

D'autres pays paraissent encore moins dépendants de la Russie. C'est le cas de la Belgique, de l'Irlande, de l'Espagne, de la Croatie, de Malte, des Pays-Bas ou du Portugal. Ces pays importent moins de 25% de leur gaz extra-européen depuis la Russie. Les données pour le Danemark, Chypre et le Luxembourg n'ont pas été communiquées.


Idèr NABILI

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