Qui est Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe ?Depuis le lancement de la guerre en Ukraine, le 24 février, le chef de la diplomatie multiplie les déclarations mensongères et les menaces.Retour en quatre points sur ce personnage politique.
Caustique, brutal et charmeur, l'inoxydable chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov est passé, ces trois derniers mois, du statut de négociateur craint et talentueux à celui de paria sur la scène internationale. Fervent défenseur de l'invasion russe en Ukraine, il figure aujourd'hui, comme Vladimir Poutine, sur la liste des personnes sanctionnées par l'Union européenne.
À l'occasion de son interview exclusive sur TF1 et LCI, ce dimanche 29 mai, TF1info vous expose quatre chose à savoir sur ce bras droit du président russe, patron incontesté de la diplomatie russe.
Un fidèle parmi les fidèles
Âgé de 72 ans, soit deux de plus que Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov a fait toute sa carrière dans la diplomatie. D'abord employé au service de l'URSS au Sri Lanka, puis dépêché à New York, il est désigné représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'Onu en 1994. Dix ans plus tard, en 2004, il est appelé, par le président russe, à prendre le ministère des Affaires étrangères, un poste qu'il n'a pas quitté depuis, marquant ainsi sa loyauté au Kremlin.
Hors Russie, si certains l'ont trouvé exaspérant, l'homme a réussi à nouer de bonnes relations avec d'autres de ses homologues, dont l'ancien secrétaire d'État américain John Kerry, lors de la négociation de l'accord nucléaire iranien de 2015. Déjà ferme, mais pas opposé aux compromis, il se forme ainsi une image d'homme "professionnel" et "bien informé", appuie l'ancien conseiller à la sécurité nationale américaine John Bolton, comme le rapporte le média The Independent.
Des emportements récurrents
Mais même apprécié par ses pairs, Sergueï Lavrov est toutefois connu pour dénigrer publiquement les politiciens et les journalistes occidentaux, comme le rappellent les médias anglo-saxons. Dernier fait en date : lors d'une réunion diplomatique mi-février avec son homologue britannique, Liz Truss, le Russe a comparé sa rencontre à "une conversation entre en sourd et un muet". Il accusa même cette dernière de s'être mal préparée pour leur échange.
Des années plus tôt, en 2008, l'homme d'État avait injurié le secrétaire britannique des Affaires étrangères de l'époque au sujet de la Géorgie. "Qui êtes-vous pour me donner une putain de leçon ?", lui avait-il ainsi répondu. Une attitude qui n'est pas sans rappeler celle du président russe lorsqu'il avait humilié son chef du renseignement extérieur, trois jours avant le début de l'invasion de l'Ukraine. "Sergueï Lavrov était mon adjoint dans les années 90. Avant, il me soutenait. Aujourd'hui, je surveillerais mes arrières s'il était derrière moi", a dit de lui l'ancien ministre russe des Affaires étrangères Andreï Kozyrev, rapporte l'AFP.
"Monsieur Niet"
D'un maître de la diplomatie respecté même par ses ennemis, Sergueï Lavrov s'est ainsi mué peu à peu en une arme offensive du Kremlin. Dès ses premières années au ministère des Affaires étrangères, le représentant de l'État n'a eu de cesse de replacer la Russie au premier plan de la scène internationale. En atteste le cas de la Syrie, alliée de Moscou. Lors de la guerre dans le pays, entre 2011 et 2020, le ministre russe appose systématiquement son veto à toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU concernant Bachar Al-Assad. Une position qui lui vaudra le surnom de "Monsieur Niet" ("Monsieur non", en français) - dont son prédécesseur Andreï Gromyko avait déjà été affublé - et la confiance de Vladimir Poutine.
Aujourd'hui boycotté à l'Onu
Ses relations avec l'Onu se sont davantage détériorées avec la guerre en Ukraine, lancée le 24 février. Depuis, les pays occidentaux, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, décrivent Sergueï Lavrov comme le "principal propagandiste" du président russe. Ce proche de Vladimir Poutine est notamment l'un de ceux qui a moqué l'attaque contre une maternité de Marioupol, début mars, la présentant comme une mise en scène. Il est aussi celui qui a comparé les origines de Volodymyr Zelensky à celles d'Adolf Hitler, début mai, appuyant le prétexte d’un État ukrainien dénoncé comme nazi.
Mais la preuve marquante de ce désaveu international est arrivée plus vite que prévue : le 1er mars, en solidarité avec Kiev, contrainte à la guerre, de nombreuses délégations ont boycotté l'intervention de Sergueï Lavrov au siège de l'Onu, en quittant ostensiblement les débats. Un affront pour cet homme qui avait gagné le respect de ses pairs depuis bientôt trente ans.
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