L'armée ukrainienne a bombardé un site de casernement russe dans le Donbass.Si Moscou reconnaît la mort de 63 soldats, le bilan pourrait être beaucoup plus élevé.Le bâtiment n'était pas protégé, et le stockage d'un arsenal militaire sur place est dénoncé en Russie.
Les frappes ont eu lieu deux minutes après minuit, pendant la nuit de la Saint-Sylvestre. Près de 400 militaires russes se trouvaient dans les bâtiments d'une école technique de la Makiivka, dans le Donbass, quand plusieurs missiles ont atteint leur cible, déclenchant une importante explosion. Les victimes seraient selon les sources, soit des conscrits, soit des réservistes russes, stationnés dans ce qui était un "centre de déploiement provisoire". Sur le site même de casernement, était entreposé un important stock de matériel militaire.
Une faute grossière de la part du commandement fustigée en Russie, y compris par les commentateurs les plus bellicistes. Les portables personnels des recrues russes pourraient aussi avoir eu leur rôle, en permettant au renseignement ukrainien de détecter leur présence en nombre.
Jamais l'armée russe n'avait confirmé un tel bilan humain
Le ministère russe de la Défense a admis qu'un bombardement ukrainien avait bien touché un contingent militaire stationné à Makiivka, dans le Donbass, avançant un bilan de 63 morts. Une telle concession est rarissime de la part de l'armée russe, qui n'avait d'ailleurs jamais confirmé des pertes aussi importantes, depuis le déclenchement de l'offensive en février dernier. Le choc est immense en Russie, et les critiques se font plus directes.
Les militaires russes expliquent que ce sont quatre missiles qui ont détruit l'école technique de Makiivka, tirés par le système Himars, un matériel militaire fourni à Kiev par les États-Unis. Selon l'ancien commandant séparatiste Igor Strelkov, très au fait de la situation sur le terrain, le bâtiment abritait des conscrits russes, et a été entièrement détruit par la frappe, à cause des munitions qui y étaient stockées.
L'état-major ukrainien ne communique pas encore sur le bilan de ce bombardement de la Saint-Sylvestre, expliquant enquêter pour le définir - même si des sources militaires ont évoqué le chiffre de 400 morts. Il affirme en revanche avoir détruit "jusqu'à 10 unités d'équipement militaire ennemi de différents types", entreposées au même endroit.
Qui a pu avoir l'idée de placer du personnel militaire en si grand nombre dans un même immeuble ?
Archangel Spetznaz Z, blogueur russe
C'est ce qui fait réagir violemment un certain nombre de commentateurs russes, qui comptent pourtant parmi les plus favorables à l'invasion de l'Ukraine. Comment un tel arsenal a-t-il pu être entreposé sur un site de casernement, lui-même trop important, mal choisi, et non protégé ? "Qui a pu avoir l'idée de placer du personnel militaire en si grand nombre dans un même immeuble", se demande par exemple le blogueur spécialisé Archangel Spetznaz Z, très suivi en Russie, "là où même un idiot comprendrait qu'il y aurait de nombreux morts avec un simple tir d'artillerie ?". Andreï Medvedev, vice-président de l'assemblée législative de Moscou, a même estimé que "placer des troupes n'importe où dans des bâtiments, au lieu de les placer dans des abris, est une aide directe à l'ennemi".
Les experts russes estiment que le commandement continue de sous-estimer l'adversaire, pour expliquer que de telles erreurs aient été accumulées. Ainsi, selon plusieurs sources, les soldats stationnés à Makiivka, des réservistes arrivés récemment de Russie, utilisaient leurs téléphones portables pour donner des nouvelles à leurs familles. Une tolérance fautive de la part du commandement, puisqu'une telle pratique a pu littéralement guider les frappes ukrainiennes.
Cette séquence sur LCI (ci-dessous) démontre par exemple comment les photos et les vidéos d'un unique soldat, postées sur l'équivalent russe de Facebook, pourraient avoir dénoncé la présence de son contingent près de Kherson... dans une résidence finalement bombardée par les forces ukrainiennes en décembre dernier.
Pour le vice-amiral, Michel Olhagaray, interrogé par LCI, l'opération de Makiivka est cependant très préparée, jusqu'à l'heure choisie, au moment du passage à 2023. Les renseignements ukrainiens, qui démontrent leur efficacité depuis le début du conflit en février dernier, ont probablement eu des informations beaucoup plus détaillées que des signaux téléphoniques- même si ceux-ci ont pu être l'indice de base de l'opération.
Dans la même nuit du 31 décembre au 1er janvier, l'armée ukrainienne a confirmé ce mercredi qu'elle a aussi mené une offensive contre les forces russes dans la localité de Chulakivka, près de Kherson. Ce sont les positions que les Russes occupaient au-delà du Dniepr, depuis leur retrait de cette ville du sud du pays. 500 soldats russes auraient été tués ou blessés au cours de cette attaque, selon l'état-major ukrainien. Dans le même temps, les forces russes avaient bombardé sept régions sur tout le territoire ukrainien, et la capitale Kiev, faisant au moins quatre morts et une cinquantaine de blessés.
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