Les États-Unis ont annoncé jeudi imposer des sanctions financières à Vladimir Potanine, l'un des hommes les plus riches de Russie.Un coup dur pour cette figure de l'oligarchie russe, très proche de Vladimir Poutine.
Le "roi du nickel" puni par Washington. Longtemps épargné par les sanctions américaines, Vladimir Potanine fait l'objet d'une palette de mesures ce vendredi, en premier lieu concernant sa banque Rosbank. Un coup dur pour la deuxième personnalité la plus riche de Russie, réputé proche de Vladimir Poutine.
La fortune de cet homme de 61 ans est en effet estimée à 27 milliards de dollars (25,4 milliards d'euros), selon le magazine Forbes. Son empire, Vladimir Potanine l'a construit petit à petit, sur les cendres de l'empire soviétique. Celui qui est né dans une famille aisée – son père est diplomate et sa mère médecin - débute sa carrière au ministère du Commerce extérieur dans les années 1980. La décennie suivante, ce fonctionnaire a su prendre le tournant libéral de son pays en se lançant dans le secteur privé. Plusieurs fleurons de l'industrie quittent alors le public, une aubaine pour plusieurs investisseurs tel que Roman Abramovitch ou Oleg Deripaska.
Acteur incontournable de l'économie européenne
Vladimir Potanine, lui, jette son dévolu sur la société Norilsk Nickel. L'entreprise va devenir le plus grand producteur mondial de nickel et de palladium raffinés. En parallèle, l'homme d'affaires participe à la création du système de prêt contre actions. Son principe ? En échange d’un prêt au gouvernement russe – à l'époque accablé par les déficits -, lui et une poignée d'autres investisseurs reçoivent des actions de 12 sociétés énergétiques et minières d’État. Ces actions, sous forme de "baux", peuvent devenir de la propriété si Boris Eltsine est réélu. Ce sera le cas en 1996. Potonine va alors toucher le jackpot, et accroitre sa fortune au fil des ans.
Avec l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en 2000, les oligarques sont mis au pas et se tiennent éloignés de la politique. Ils mettent alors leurs fortunes au service du pouvoir tout en profitant d'un mode de vie occidental. C'est le cas de Vladimir Potonine, qui multiplie les échanges et le soft power à l'ouest : l'homme siège au conseil consultatif du Council on Foreign Relations, basé à New York, et dispose d'un fauteuil d'administrateur de la fondation du musée Guggenheim. Il a également offert plus de 250 œuvres d’art russes au Centre Pompidou en 2016. Au fil des ans, ce francophone soigne aussi sa relation avec Vladimir Poutine, et participe au financement de l'organisation des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014.
Dans le sillage du conflit et Ukraine, l'oligarque résiste un temps aux sanctions qui pleuvent sur ses confrères. Il faut dire que sa société a su se rendre indispensable dans le camp occidental : en 2021, Nornickel a fourni 27% des importations européennes de nickel, selon le cabinet de conseil en ressources naturelles Wood Mackenzie. Mi-avril, Vladimir Potanine parvient même à racheter, via son fonds d'investissement Interros Capital, la participation de la Société Générale dans Rosbank, poids lourd du secteur bancaire russe. Il faut attendre le mois de juin pour que le Royaume-Uni adopte une première salve de sanctions à son égard. Alors que plusieurs yachts sont bloqués, le sien, baptisé Nirvana et évalué à 300 millions de dollars (282 millions d'euros), échappe aux mailles du filet et reste au mouillage au port al-Rachid de Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Changement de ton, quelques mois plus tard : à l'approche de l'hiver, Washington a donc adopté plusieurs sanctions. Dont la saisie du yacht Nirvana. L'épouse de Potanine et ses enfants sont également ciblés, a précisé le département d'État dans un communiqué distinct, ajoutant que des "sanctions similaires" le ciblant, "ainsi que son réseau ont été prises par le Royaume-Uni et le Canada".
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