Comment la Chine pourrait s'inspirer de la guerre en Ukraine contre Taïwan

Annick Berger avec AFP
Publié le 21 juillet 2022 à 11h33, mis à jour le 2 août 2022 à 14h10

Source : TF1 Info

Selon le chef de la CIA, la Chine serait prête à utiliser la force contre Taïwan.
La question, selon les responsables américains, n'est pas "si" mais "quand et comment" Pékin attaquera l'île.
Il reste toutefois peu probable qu'une action militaire intervienne d'ici à la fin de l'année.

La guerre en Ukraine pourrait bien avoir des répercussions jusqu'à Taïwan. Selon le chef de la CIA, la Chine tire en effet des leçons du conflit déclenché par la Russie qui la rendent prête à utiliser la force contre l'île. "Il nous semble que (la guerre en Ukraine vue par Pékin) n'affecte pas vraiment la question de savoir si les dirigeants chinois pourraient choisir d'utiliser la force contre Taïwan dans les prochaines années, mais quand et comment le feront-ils", a déclaré le patron de l'agence de renseignement américaine Bill Burns mercredi.

Invité du Forum sur la sécurité d'Aspen, aux États-Unis, il a cependant relativisé les risques d'un passage à l'acte du président Xi Jinping d'ici à la fin de l'année, alors que certains estiment possible un tel déclenchement après un rendez-vous important du parti communiste au pouvoir. "De tels risques nous semblent grandissants au fil de la décennie", a-t-il dit.

Pression militaire accrue

Pékin est probablement "troublé" en regardant la guerre en Ukraine, a analysé le patron de l'agence, la qualifiant "d'échec stratégique" pour Vladimir Poutine qui pensait pouvoir renverser Kiev en une semaine. Bill Burns estime toutefois que Pékin y a vu la preuve "que vous ne parvenez pas à des victoires rapides, décisives" sans jeter un poids militaire suffisant dans la bataille.

"Je pense que la leçon que retiennent les dirigeants chinois et les militaires est qu'il est nécessaire de rassembler une force largement dominante" pour gagner, a-t-il encore déclaré, précisant également l'importance du "contrôle de l'espace informationnel" et de la préparation à de potentielles sanctions économiques. Le patron de la CIA a aussi estimé, dans la lignée de déclarations précédentes de Washington, que la Chine, malgré son appui verbal, n'apporte pas de soutien militaire à la Russie dans sa guerre en Ukraine.

Ces dernières années, les États-Unis ont alerté sur la pression militaire accrue de Pékin contre Taïwan, île démocratique que la Chine considère comme une partie de son territoire et s'est juré de reprendre un jour. Plus tôt, au même Forum d'Aspen, dans le massif des Rocheuses, l'ambassadeur chinois aux États-Unis a déclaré que Pékin soutenait toujours une "réunification pacifique". "Pas de conflit, pas de guerre : c'est le consensus le plus important entre la Chine et les États-Unis", a souligné Qin Gang, qui dit cependant regretter que les États-Unis "s'effacent" progressivement de leur politique de reconnaissance unique de Pékin.

Le président américain Joe Biden avait provoqué la colère de Pékin en affirmant le 23 mai que les États-Unis défendraient militairement Taïwan en cas d'invasion par la Chine communiste, avant de revenir en arrière le lendemain et de déclarer que "l'ambiguïté stratégique", le concept volontairement flou qui gouverne la politique taïwanaise de Washington depuis des décennies, restait inchangée.


Annick Berger avec AFP

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