Ukraine : après Boutcha, des atrocités "bien pires" à Borodianka ?

Publié le 6 avril 2022 à 9h00, mis à jour le 8 avril 2022 à 18h25

Source : JT 20h WE

Après l'horreur découverte à Boutcha, les autorités ukrainiennes craignent le pire à Borodianka.
Cette modeste ville, à 50 km de Kiev, est en ruines après le retrait rapide des troupes russes.
Les crimes commis sur place pourraient être plus atroces que ceux qui ont été découverts jusqu'ici.

Et si Boutcha n'était que "la pointe de l'iceberg" des exactions de l'armée russe ? C'est ce que redoutent les autorités ukrainiennes. Alors que Moscou est accusée de "crimes de guerre", après la découverte dans cette ville, en périphérie de Kiev, de fosses communes et de rues jonchées de corps de civils les mains attachées ou tués d'une balle dans la tête, d'autres territoires libérés à proximité pourraient avoir connu des atrocités pires. "Une situation similaire" à ce qu'il s'est passé à Boutcha existe ailleurs dans le pays, a annoncé la procureure générale, Iryna Venediktova, à la télévision ukrainienne. 

Ce qu'a confirmé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans une nouvelle vidéo postée lundi 4 avril, après s'être rendu à Boutcha. D'après lui, les forces russes auraient perpétré des crimes similaires "dans toute l'Ukraine". "Des informations indiquent déjà que le nombre de victimes des occupants pourrait être encore plus élevé à Borodianka et dans d'autres villes libérées", a-t-il indiqué. "Dans de nombreux villages des districts libérés des régions de Kiev, Tchernihiv et Soumy, les occupants ont commis des actes que les habitants n'avaient jamais vus, même pendant l'occupation nazie, il y a 80 ans."

Une ville défigurée par la guerre

La situation à Borodianka, plus éloignée de la capitale ukrainienne que Boutcha, "est bien pire en termes de victimes", a fait savoir la procureure générale, Iryna Venediktova. Récemment désertée par l'armée russe, qui s'est retirée afin de se redéployer vers l'est et le sud, la commune de l'oblast de Kiev est rendue méconnaissable par les combats intenses qui s'y sont déroulés. La longue route traversant la modeste ville, située à 50 kilomètres au nord-ouest de Kiev, est recouverte de débris. Les scènes de désolation s'enchaînent : un char calciné et abandonné, un immeuble éventré, des jouets d'enfants éparpillés au sol, etc.

Bien que le bilan humain ne soit pas encore défini à Borodianka, la destruction est là, à perte de vue. Un journaliste de l'AFP, qui s'est rendu sur place, dit n'avoir vu aucun cadavre, mais les habitants racontent qu'ici aussi les forces russes ont semé la mort sur le chemin. "Je sais que cinq civils ont été tués", affirme l'un d'eux. "Mais nous ne savons pas combien d'autres sont abandonnés dans les sous-sols des bâtiments après les bombardements". "Personne n'a encore tenté de les faire sortir, donc on ne sait pas", ajoute-t-il. "Les Russes ont commis des atrocités, beaucoup d'atrocités", poursuit une survivante, dont la maison, frappée par un missile, est désormais "en ruines". "Tous les appartements ont été cambriolés et vandalisés", déplore un autre. "Tout est ruiné, tout est endommagé". "J'ai enterré six personnes", assure-t-il. "Les autres sont sous les décombres".


Yohan ROBLIN

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