L'état-major russe se dit inquiet de l'utilisation de "moustiques infectés" contre ses troupes.C'est le chef de l'unité de défense contre les attaques nucléaires, chimiques et biologiques, qui a fait cette étonnante déclaration.Selon lui, des insectes infectés pourraient être répandus à l'aide de drones, dans les zones rendues marécageuses par la destruction du barrage de Kakhovka.
"Les piqures de moustiques peuvent infecter les militaires, avec des maladies dangereuses comme le paludisme". C'est le New York Post qui a relevé les étonnantes assertions du chef de l'unité de défense contre les attaques nucléaires, chimiques et biologiques au cours d'un briefing. Igor Kirillov décrivait la situation dans la région de Kherson, après la destruction du barrage de Kakhovka – dont Moscou et Kiev se renvoient la responsabilité.
Zones marécageuses
Après l'inondation "prévue par le régime de Kiev", le haut gradé russe s'inquiète de la formation de "foyers de maladies transmises par les moustiques", lorsque l'eau aura laissé place à des zones marécageuses. Mais Kirillov va plus loin : selon lui, les Ukrainiens pourraient exploiter cette opportunité pour répandre sur la région des "moustiques infectés", à l'aide d'un drone que leurs alliés américains auraient spécialement conçu à cet effet. Muni d'un conteneur rempli de ces insectes, l'appareil décrit par le lieutenant-général pourrait les larguer pour transmettre le paludisme aux soldats russes. Une infection qui les priverait de leurs capacités physiques, et aurait un "effet considérable" sur les combats.
Il n'y a pas besoin d'envoyer des moustiques supplémentaires, ils y sont déjà
Michel Goya
Interrogé sur LCI sur cette accusation émise par Moscou à l'endroit de l'Ukraine et des États-Unis, le colonel Michel Goya rappelle qu'une attaque biologique de ce type serait trop peu maîtrisable pour qu'un camp l'utilise sans menacer ses propres troupes (voir la vidéo en tête de cet article). Une fois des "moustiques infectés" répandus, ceux-ci piqueraient indifféremment Russes ou Ukrainiens. Le consultant militaire estime que cette déclaration de l'état-major russe prépare peut-être l'opinion à des maladies qui pourraient affecter ses troupes sans intervention de l'ennemi. "Ils ont transformé tout le sud du pays en marécage, il y a des cadavres et de la pourriture", explique-t-il, "il n'y a pas besoin d'envoyer des moustiques supplémentaires, ils y sont déjà".
S'il présente des documents qui semblent décrire le type de drone qui serait utilisé, Igor Kirillov ne s'écarte guère du conditionnel, ce qui ne permet pas de savoir s'il reste dans le domaine de l'hypothèse, ou s'il affirme disposer d'informations étayées. Ce haut-gradé du commandement russe est un habitué des déclarations alarmistes du même type. C'est lui qui avait accusé Kiev de préparer une "bombe sale", en octobre 2022, une accusation utilisée par le Kremlin comme une justification rétrospective pour l'invasion de l'Ukraine. Kirillov avait aussi affirmé quelques mois plus tard que les États-Unis se préparaient à utiliser des "substances toxiques" dans le conflit, assurant par ailleurs que le virus du Covid-19 avait été créé dans un laboratoire américain.
Le barrage hydro-électrique de Kakhovka, situé sur le Dniepr, dans un secteur près de Kherson est sous contrôle russe. Depuis qu'il a été détruit le 6 juin dernier, ce dont s'accusent mutuellement Russes et Ukrainiens, une vaste région a été inondée en aval, tandis qu'en amont, plusieurs réservoirs d'eau subissent une baisse de leur niveau. Des milliers d'habitants ont dû fuir, faisant craindre une catastrophe tant humanitaire qu'environnementale. L'ONU a accusé ce dimanche la Russie d'entraver l'acheminement d'aide aux victimes, en refusant toutes ses demandes d'accès.