Macron en Ukraine : voyager en train jusqu'à Kiev, un déplacement sous haute sécurité

Publié le 17 juin 2022 à 13h05, mis à jour le 17 juin 2022 à 16h00
Draghi, Macron et Scholz dans le train pour Kiev

Draghi, Macron et Scholz dans le train pour Kiev

Source : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Aux côtés d'Olaf Scholz et de Mario Draghi, Emmanuel Macron s’est rendu jeudi à Kiev pour y rencontrer Volodymyr Zelensky.
Les trois dirigeants ont voyagé en train de nuit, de la Pologne jusqu’à la capitale ukrainienne.
Si le convoi n’était pas blindé, le déplacement a été préparé minutieusement.

C’est au moyen d’une communication parfaitement rodée que la nouvelle a été divulguée, jeudi 16 juin au petit matin, alors qu’Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi se trouvaient à moins de deux heures de Kiev. L’information a été communiquée à la presse allemande et italienne par une photo prise mercredi, après minuit, des trois dirigeants, attablés dans le salon d’un wagon français. En se rendant en train dans la capitale ukrainienne, depuis la Pologne, ces derniers ont habilement orchestré leur visite. Mais en pleine guerre en Ukraine, la question se pose du risque que présente un tel trajet. 

Un train de secours prévu

D’abord, le train a été mis à disposition par le gouvernement ukrainien, avec trois wagons par délégation : l’un pour le chef d’État ou de gouvernement, l’un pour ses conseillers, et un dernier pour la presse. Le convoi est parti dans la plus grande discrétion de Pologne, de la gare de marchandises de Rzeszow, située à 90 km de la frontière ukrainienne. Roulant de nuit, il est arrivé à destination 700 km plus tard, peu avant 9h jeudi matin. Le convoi n’était pas blindé et pourtant, il a traversé le nord de l’Ukraine, où les bombardements se poursuivaient encore il y a quelques jours.

Mais cela ne signifie pas que le convoi n’était pas préparé. Au-delà de la communication parfaitement pensée, la sécurité du trajet était assurée. En effet, un second train était prévu et suivait le premier en cas de panne, voire de frappe. Ensuite, les arrivées de chacune des délégations à la gare de Rzeszow ont été strictement encadrées, et les bagages des journalistes français fouillés à Paris, selon la presse présente sur place.

Emmanuel Macron sur le quai à Kiev, après son arrivée en train.
Emmanuel Macron sur le quai à Kiev, après son arrivée en train. - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Dernier élément, et de taille : si ce déplacement était prévisible, il a été organisé dans le plus grand secret et annoncé à la toute dernière minute, juste avant l’arrivée à Kiev, garantissant l’effet de surprise. Et pour qu’un tel déplacement puisse se dérouler sereinement en plein conflit armé, trois choses ne doivent pas être laissées au hasard, d’après Jean-Luc Riva, ancien militaire : l’évaluation de la menace, l’organisation et enfin la coordination.

"L’évaluation de la menace est faite par les services des différents pays qui étaient là. Il a fallu dératiser le train, être sûr qu’il n’y avait pas de système d'écoute, en particulier dans le wagon que l’on voit là. Je sais que les services français y ont participé", a souligné ce spécialiste du renseignement de l’armée, sur LCI. Concrètement, le renseignement extérieur (DGSE) et le GIGN installé à l’ambassade de France à Kiev ont œuvré à cette mission. Sans oublier une fouille complète du train à la recherche d’éventuels explosifs. Mais selon Jean-Luc Riva, la menace de bombardements à bord du train n’était pas prégnante pour une raison simple : "Si quelque chose avait sauté, c’était la guerre mondiale dans les trois minutes qui suivaient".

Macron : les coulisses du voyage en train vers KievSource : TF1 Info

Quoi qu’il en soit, le voyage jusqu’à Kiev effectué en train nécessitait forcément de prévenir les Russes, a encore estimé l’ancien militaire, pour qui le "tour de force" est réussi : "Bien sûr que les Russes sont au courant, ils ont même été avertis. On ne peut pas faire ça sans avertir les Russes, c’est certain". Une fois à Kiev, la pression n’est pas retombée pour des raisons évidentes de sécurité. Ainsi, le palais présidentiel Mariinsky ne pouvait être filmé, ni les images des journalistes diffusées en direct. Les Ukrainiens se souviennent de la venue d’Antonio Gutteres fin avril, lorsque cinq missiles russes avaient frappé la ville. 


Caroline QUEVRAIN

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