Evguéni Prigojine : du groupe Wagner aux élections US, un homme d'affaires de plus en plus influent en Russie

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Publié le 7 novembre 2022 à 17h25

Source : TF1 Info

Evguéni Prigojine a admis lundi des "ingérences" dans les élections américaines.
Ce proche de Vladimir Poutine est à la tête du groupe Wagner, dont les paramilitaires sont la manœuvre sur le front en Ukraine.
Portrait de cet homme d'affaires, autrefois discret et désormais figure publique en Russie.

Evguéni Prigojine sort de l'ombre. Cet oligarque russe, réputé proche de Vladimir Poutine, a admis lundi des "ingérences" dans les élections américaines. Des aveux inédits de la part de ce proche de Vladimir Poutine, jusqu'à présent très discret, mais qui s'affirme de plus en plus comme une figure publique en Russie. Notamment pour soutenir l'offensive de Moscou en Ukraine. Et pour cause : il est le patron du groupe Wagner, ce groupe paramilitaire en première ligne du conflit.

Réputé milliardaire, bien que sa fortune ne soit pas connue, plusieurs médias lui prêtent en effet un vaste empire bâti grâce à des contrats publics, grâce à sa proximité avec le Kremlin. Une proximité qu'il a su créer en montant un à un les échelons du pouvoir. Dans les années 1980, Evguéni Prigojine a passé 9 ans en prison, condamné pour des délits de droit commun.

"Le cuisinier de Poutine"

Il en sort en 1990, alors que l'Union soviétique est en train de s'effondrer. Originaire comme Vladimir Poutine de Leningrad, qui redevient bientôt Saint-Pétersbourg, il monte d'abord une affaire à succès de vente de hot dogs. Il lance ensuite plusieurs activités dans la restauration, dont un restaurant de luxe à Saint-Pétersbourg où vient dîner Vladimir Poutine. Ce dernier passe alors des services secrets à la mairie de la ville.

Après l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, le groupe de Prigojine, Concord, officiera au Kremlin. L'un des clichés les plus connus le montre en 2011, penché sur un Vladimir Poutine attablé auquel il présente un plat. Un autre le montre faisant visiter au maitre du Kremlin une de ses usines de restauration près de Saint-Pétersbourg. Dès lors, Prigojine est surnommé "le cuisinier de Poutine".

Au fil des ans, ses activités s'écartent de l'univers de la restauration. Prigojine fonde ainsi en 2014 le groupe Wagner, d'abord pour envoyer des "volontaires" dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine. C'est là que Moscou avait orchestré une rébellion séparatiste, en plus de l'annexion de la Crimée, pour contrer l'accession au pouvoir de pro-Occidentaux à Kiev. 

En 2018, alors que le groupe Wagner, déjà remarqué en Ukraine, en Syrie et en Libye, est accusé de prendre pied en Afrique, trois journalistes russes enquêtant sur les affaires de la société paramilitaire sont tués en Centrafrique. Il était en outre sorti de sa réserve pour s'en prendre à l'opposant Alexeï Navalny, qui avait affirmé dans une de ses enquêtes qu'un sous-traitant de la société Concord servait de la nourriture avariée dans les écoles. Il avait fait condamner en justice à de lourdes indemnités l'opposant, par la suite empoisonné puis jeté en prison.

L'homme de 61 ans a aussi été sanctionné par Washington pour son rôle présumé dans l'ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016. Et ce, par le biais d'une "usine à trolls" : de faux profils opérant sur les réseaux sociaux pour tenter d'influencer les électeurs, par exemple en dénigrant des candidats ou en relayant de fausses informations. Cette implication dans le processus démocratique des États-Unis, Evguéni Prigojine l'a lui-même reconnu ce lundi : "Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d'une manière qui nous est propre".


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