Moscou a annoncé vouloir récupérer les restes du Reaper américain qui s'est crashé en mer Noire, pour les examiner.Elle continue de nier toute responsabilité dans la chute de l'appareil, causée selon elle notamment par des tentatives d'espionnage des États-Unis.Washington martèle de son côté ses accusations et a décidé de lancer une enquête sur l'incident.
La tension continue de grimper entre Moscou et Washington, deux jours après le crash d'un drone américain en mer Noire. La Russie a dit vouloir repêcher l'appareil, qu'elle est accusée depuis mardi par les États-Unis d'avoir fait s'abîmer, un scénario qu'elle dément. Selon elle, la chute de ce Reaper MQ-9 est plutôt liée à des opérations d'espionnages américaines. De son côté, la Maison Blanche maintient ses allégations et a annoncé enquêter sur les supposées motivations russes dans cet incident.
"On va obligatoirement s'en occuper"
Le drone était tombé dans les eaux internationales après avoir été percuté, selon Washington, par un chasseur russe. Les autorités russes admettent avoir intercepté l'appareil par ses avions de chasse, mais dément tout contact qui aurait mené au crash. Elles ont indiqué mercredi vouloir le repêcher pour en analyser les équipements d'observation très perfectionnés. "Je ne sais pas si on arrivera à l'atteindre ou pas, mais il faut essayer. Et on va obligatoirement s'en occuper, et j'espère bien sûr avec succès", a dit à la télévision russe le secrétaire du Conseil de sécurité, Nikolaï Patrouchev, estimant que l'incident prouvait que les États-Unis "participent directement (...) à la guerre".
La Russie argue en effet que le drone était entré dans une zone d'exclusion aérienne qu'elle a elle-même décrétée pour son offensive en Ukraine, un secteur au large de la péninsule de Crimée annexée en 2014. "Les causes de l'incident sont la non-observation par les États-Unis de la zone de limitation des vols annoncée par la Russie et établie du fait de la conduite de l'opération militaire spéciale (en Ukraine)", a insisté mercredi soir le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.
Il a aussi lié le crash à de prétendues opérations d'espionnage américaines, fustigeant un "renforcement des activités de renseignement contre les intérêts de la Russie". Moscou "ne souhaite pas une telle évolution des événements, mais elle réagira désormais proportionnellement à toute provocation", a-t-il aussi menacé.
Les informations sensibles protégées par Washington
De son côté, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré sur CNN que les États-Unis avaient pris des précautions pour "faire en sorte qu'il soit impossible (à la Russie) de glaner quoi que ce soit de valeur en matière de renseignement", si elle parvenait à repêcher les débris du drone. "C'est notre propriété et ils n'ont pas à récupérer quoi que ce soit", a-t-il lâché. "Nous sommes confiants sur le fait que tout ce qui avait de la valeur n'en a plus", a abondé le chef d'état-major américain, le général Mark Milley.
Et encore faut-il parvenir à atteindre les restes de l'appareil, puisque l'opération de repêchage s'annonce de toute façon compliquée. Les États-Unis pourraient tenter, eux aussi, de récupérer le Reaper, mais "nous n'avons aucun navire en mer Noire en ce moment" et le drone s'est probablement brisé et a coulé dans une zone profonde de 1200 à 1500 mètres, a-t-il affirmé.
Quant au déroulé de l'incident, la Maison Blanche maintient son scénario d'un accrochage volontaire provoqué par Moscou. "Je ne peux pas parler à ce stade d'un motif ou d'une intention (de la part des Russes NDLR), mais ce que je peux dire très clairement, c'est qu'il s'agissait d'une action irréfléchie et dangereuse", a déclaré le secrétaire d'État, Antony Blinken. Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a quant à lui assuré que les États-Unis continueraient à voler "là où le permet le droit international". Il a aussi appelé la Russie à "faire voler ses avions militaires de manière professionnelle et sûre", lors d'une conférence de presse, après un entretien téléphonique avec son homologue russe Sergueï Choïgou.
L'Ukraine a rapidement soutenu la position américaine, accusant les forces russes d'avoir délibérément fait chuter le Reaper pour envoyer un message à Washington, alors qu'elles sont à la peine dans leurs tentatives de gagner du terrain en Ukraine. La possible neutralisation du drone est "un signal de Poutine qu'il est prêt à étendre la zone du conflit et à y impliquer d'autres parties", a déclaré sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Oleksiï Danilov.
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