Importations de pétrole et de gaz russes : combien l'Europe a-t-elle payé à Moscou depuis le début de la guerre ?

Publié le 4 mai 2022 à 13h18

Source : JT 20h Semaine

Dans le cadre d'un nouveau paquet de sanctions, Bruxelles veut arrêter d'ici six mois les achats européens de pétrole russe.
Ceux-ci s'étaient poursuivis malgré la guerre et les demandes répétées de l'Ukraine d'arrêter toute importation d'hydrocarbure russe.

C'est une question sensible qui menace de diviser l'unité européenne. Tandis que la guerre en Russie dure depuis plus de deux mois, Bruxelles a proposé de mettre en place un nouveau paquet de sanctions, avec notamment l'arrêt, d'ici à six mois, des importations européennes de pétrole russe. 

Car, malgré la guerre, celles-ci ne se sont jamais interrompues. La faute à une dépendance, plus ou moins grande, de certains pays de l'UE concernant cet arrivage énergétique. Environ un quart des importations de pétrole de l'UE provient ainsi de la Russie. 

Plus de 4 milliards d'euros d'hydrocarbures russes payés par la France

Depuis le début de la guerre, selon un décompte tenu par l'organisme indépendant CREA (Centre for Research on Energy and Clean Air), l'Union européenne aurait payé plus de 52 milliards d'euros de combustibles fossiles. 30,6 milliards d'euros sont consacrés à l'achat de gaz et 20,6 à celui de pétrole. 861 millions d'euros sont par ailleurs dépensés pour importer du charbon russe. Dans une tribune publiée dans le Monde, des économistes estimaient eux que les importations de l'UE rapportent près de 650 millions d'euros chaque jour à la Russie.

L'Allemagne est le pays qui contribue le plus à ces importations. Durant les deux premiers mois de la guerre, ce sont plus de 6,2 milliards d'euros de gaz et environ 2 milliards de plus de pétrole brut qui ont été importés. L'Italie est le deuxième plus grand importateur de combustibles fossiles russes, avec près de 7 milliards d'euros de dépenses en mars et en avril. Vient ensuite la Chine. Si la France avance une certaine indépendance énergétique, notamment grâce à sa production nucléaire, l'Hexagone est malgré tout 6e en terme d'importations de combustibles avec plus de 4 milliards d'euros de dépenses sur la même période.

CREA note cependant, dans un rapport daté du 27 avril dernier, que ces importations de combustibles sont en baisse, alors même qu'aucune interdiction d'importation n'a encore été mise en place. Les livraisons pour l'Union européenne de pétrole ont chuté de 20% et celles de charbon ont été réduites de 40%. Mais les importations de gaz ont augmenté de 10%.

Les importations de combustibles représentent une manne financière non négligeable pour la Russie, en particulier dans un contexte où les premières sanctions prises par les pays membres de l'Otan et ses alliés ont d'abord fortement impacté son économie. Les flux financiers provenant de la vente de gaz et de pétrole permettent malgré tout à la Russie de tenir. 

"En achetant du gaz russe, on finance la guerre de Vladimir Poutine", reconnaissait en mars le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune. Kiev a d'ailleurs réclamé à plusieurs reprises que l'Union européenne cesse ses importations d'hydrocarbures russes. Le progressif embargo sur le pétrole annoncé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen semble aller dans ce sens.


Aurélie LOEK

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