Guerre en Ukraine : la CIA s'inquiète du risque nucléaire posé par un Poutine confronté à des revers militaires

Publié le 15 avril 2022 à 8h03

Source : TF1 Info

Le chef de la CIA s'inquiète d'un risque nucléaire en Ukraine.
Selon lui, un Vladimir Poutine acculé par ses revers militaires pourrait y recourir.
Les États-Unis s'apprêtent à livrer de l'armement lourd à l'Ukraine, malgré les mises en garde de Moscou.

C'est au cours d'un discours devant des étudiants d'Atlanta que William Burns a développé son inquiétude : "Vu qu'il est possible que le président Poutine et les dirigeants russes sombrent dans le désespoir, (...) aucun de nous ne peut prendre à la légère la menace que représente le recours potentiel à des armes nucléaires". Selon le patron de l'agence du renseignement américain, ce sont les "revers militaires" de l'armée russe, qui pourraient pousser Moscou à cette extrémité.

Sur le terrain, la perte du navire amiral Moskva ce jeudi est une défaite majeure pour l'armée russe, au moins symboliquement. Le croiseur aurait été frappé au large d'Odessa par des missiles Neptune ukrainiens, et aurait finalement coulé lors de son remorquage, après l'évacuation d'un demi-millier de membres d'équipage. Fleuron de la marine russe, le Moskva était engagé dans les opérations militaires en Géorgie et en Syrie, et régulièrement exhibé lors de rencontres internationales. Ce coup d'éclat ukrainien intervient alors que les États-Unis viennent de promettre une nouvelle aide militaire massive à l'Ukraine, dont de l'armement lourd plus à même de contrer l'équipement russe, que Joe Biden hésitait jusqu'ici à fournir à Kiev.

Moscou a mis en garde Washington

Une note diplomatique de Moscou aurait justement été transmise à Washington cette semaine, selon le Washington Post, qui met en garde les Américains de "conséquences imprévisibles" si les États-Unis et l'Otan fournissaient à l'armée ukrainienne des systèmes militaires "hautement sensibles". William Burns ne se réfère pas à ce document, inconnu du public au moment de son discours, mais son propos semble en droite ligne de cette mise en garde russe.

Armes nucléaires tactiques

"Il est évident que nous sommes très inquiets", a développé le directeur de la CIA. "Je sais que le président Biden est profondément préoccupé par le risque d'une Troisième Guerre mondiale et fait tout pour éviter de parvenir au point où un conflit nucléaire devient possible", a-t-il ajouté. 

La Russie dispose de nombreuses armes nucléaires tactiques, d'une puissance inférieure à la bombe d'Hiroshima, conformément à sa doctrine "escalade-désescalade" qui consisterait à faire usage en premier d'une arme nucléaire de faible puissance pour reprendre l'avantage en cas de conflit conventionnel avec les Occidentaux. 

Mais cette hypothèse implique que "l'Otan intervienne militairement sur le terrain en Ukraine au cours de ce conflit", selon celui qui fut aussi ambassadeur américain à Moscou, "et ce n'est pas une chose (...) qui est prévue". Sur le terrain, le renseignement américain n'a pas non plus "constaté de signes concrets comme des déploiements ou des mesures militaires qui pourraient aggraver nos inquiétudes", a tempéré Burns.


Frédéric SENNEVILLE

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