La télévision russe prépare l'opinion publique à l'idée d'une Troisième Guerre mondiale imminente.Ces discours sont martelés quotidiennement sur les chaînes publiques.Dans ces émissions, la Russie est présentée comme la sauveuse du peuple ukrainien.
La Troisième Guerre mondiale est-elle imminente ? À en croire la télévision russe, cette escalade dans la violence n'est plus qu'une question de temps. Depuis plusieurs jours, les chaînes de télévision publiques russes - les seules disponibles sur le petit écran pour le téléspectateur - martèlent sur les plateaux qu'une intensification des combats est la seule issue possible du conflit, comme on le voit dans les images commentées ce vendredi 29 avril sur LCI (vidéo en tête d'article).
Dans des émissions-débat parfois longues de trois heures, les spécialistes s'enchaînent, unanimes sur la question ukrainienne et l'issue du conflit.
Soit on perd en Ukraine, soit la Troisième Guerre mondiale commence. Je pense que la Troisième Guerre mondiale est plus réaliste
Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT et de l'agence gouvernementale d'informations Rossia Segonia
Le positionnement de Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT et de l'agence gouvernementale d'informations Rossia Segonia, s'avère symptomatique des maux de la télévision russe. Déjà épinglée par la presse étrangère pour ses positions ouvertement pro-russe et pro-gouvernementale, elle est considérée comme l'une des chantres de la propagande. L'utilisation de l'arme nucléaire y est évoquée en toute décomplexion, et parfois même, y présentée comme souhaitable.
Jour et nuit, la télévision russe prépare donc l'opinion publique à une future escalade de la violence. Pas question de parler de guerre, d'invasion ou attaque, mais plutôt "d'opération spéciale", terme labellisé par le président russe Vladimir Poutine. Un effet logique de la révision du code pénal par la Douma adoptée le 4 mars, prévoyant jusqu'à 15 ans de prison pour toute personne diffusant de "fausses informations" aux yeux du Kremlin sur l'offensive russe.
Ces thèses émanent "directement du Kremlin" et "doivent être reprises mot pour mot, encensées, exacerbées jusqu’à [tenir] des discours complètement irrationnels", explique sur le plateau de LCI Elena Volochine, correspondante à Moscou pendant 10 ans. Ces pseudos-analystes "font appel à du religieux, en présentant les États-Unis comme Satan, et l’opération spéciale comme étant une croisade sainte pour sauver les populations".
Des discours peu remis en question par la population
Depuis l'arrivée de Vladimir Poutine à la tête de la fédération de Russie en 2000, la liberté d'expression et de la presse n'ont eu cesse d'être attaquées. Par l'entremise du régulateur russe des médias, les discours ont progressivement été verrouillés, et les médias indépendants et contestataires, définitivement muselés avec l'amendement du 4 mars.
Depuis plus de 20 ans, le dirigeant du Kremlin s'emploie à contrôler les médias russes, et construire une chape de plomb autour d'eux. Avec l'invasion en Ukraine, Poutine mène également une guerre d'images et de discours, d'où le récent tour de vis sur le plan informationnel. Blocage de Facebook, limitation d'accès à Twitter... Sur place plusieurs médias étrangers ont également été suspendus. Cette absence d'opinions contradictoires renforce un peu plus l'adhésion du peuple russe à la propagande gouvernementale.
"On est dans un cadre où l'on a vingt ans d'emprise médiatique", analyse Christine Dugoin-Clément, chercheuse en géopolitique. "Dans le discours, [la Russie] est en permanence l’agressée. Donc la seule solution, c’est de faire corps derrière la seule personne ou la seule structure qui va défendre des valeurs auxquelles on adhère, et qui sont censées être justes."
La Russie a mis en garde à plusieurs reprises contre la possibilité d'une escalade des combats en Ukraine vers un conflit nucléaire, l'Occident envoyant à Kiev des armes de plus en plus puissantes. Joe Biden a fustigé ce jeudi 28 avril les menaces "irresponsables" de Vladimir Poutine d'un éventuel recours à l'arme nucléaire. "Cela montre le sentiment de désespoir ressenti par la Russie confrontée à son misérable échec au regard de ses objectifs initiaux", a jugé le président américain.
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