L'Ukraine est le troisième fournisseur de blé en Europe.Le blocus des quatre grands ports par les Russes empêche les exportations de céréales vers les autres pays.Une pénurie alimentaire menace les États les plus dépendants des exportations.
La question de l'insécurité alimentaire inquiète de plus en plus les organisations internationales et les pays les plus dépendants des importations. Souvent surnommé "le grenier à blé de l'Europe", l'Ukraine est le troisième fournisseur européen de céréales, juste derrière la France et la Russie : 74% de la production céréalière du pays part à l'étranger. Seulement, depuis le début du conflit, le 24 février, le cours du blé ne cesse d'augmenter. Alors que le prix de la tonne s'élevait à 275 euros le 1er janvier, il est aujourd'hui de 400 euros.
Dans une tribune publiée dans Le Monde, deux spécialistes de la question expliquent que "l’Ukraine fournit à elle seule près de la moitié de l’approvisionnement en blé du Programme alimentaire mondial. En temps normal, l’Ukraine produit suffisamment pour nourrir 400 millions de personnes dans le monde." Malgré une année 2021 très productive, la grande majorité de cet approvisionnement reste dans les ports ukrainiens, bloqué par la Russie. Environ 25 millions de tonnes de maïs, de blé, d'oléagineux et d'orge seraient ainsi immobilisées dans les quatre ports de Marioupol, Berdiansk, Skadovsk (situés en mer d'Azov) et de Kherson (en Mer noire). Actuellement, seuls les petits ports fluviaux d'Izmayil et de Reni, situés dans l'oblast d'Odessa restent actifs. "La Russie veut bloquer complètement l’économie de notre pays", a affirmé le président ukrainien.
La majorité des pays possède des stocks assez importants pour l'année 2022. Le risque porte davantage sur les récoltes pour 2023. Les bombes pleuvent sur le pays et la période des semis semble compromise pour les agriculteurs locaux. D'autant plus que la conscription des hommes dans les forces de défense territoriales a fortement diminué la main-d'œuvre agricole disponible. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), un tiers des cultures pourrait ne pas être récoltée ou cultivée en 2022.
"La Russie, qui contrôle la mer Noire, ne laisse ni entrer ni sortir les navires", a déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une interview accordée au magazine d'information télévisé australien 60 Minutes. Le Kremlin ne semble pourtant pas se cantonner aux blocus maritimes. La Russie souhaite aussi profiter de la guerre pour affaiblir son principal concurrent sur le marché des céréales. Cem Özdemir, le ministre de l'Agriculture allemand, a mentionné des attaques russes dirigées contre des infrastructures céréalières en Ukraine telles que des silos de stockage, des entrepôts d’engrais, des zones de culture.
Un risque pour les pays qui importent le plus de céréales
Cette pénurie est particulièrement inquiétante pour les pays qui importent le plus de céréales. C'est notamment le cas de l'Afrique du Nord : l’Égypte, la Turquie, le Bangladesh et l’Iran. Ces quatre pays achètent plus de 60% de leur blé à l'Ukraine. Face à ce problème, la FAO alerte. Selon Qu Dongyu, le directeur général, « de huit à treize millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de sous-nutrition à travers le monde en 2022-2023. La progression de la malnutrition sera particulièrement marquée dans les régions d’Asie-Pacifique et d’Afrique subsaharienne ».
Une aide aux exportations céréalières ukrainiennes sera discutée lors d'une réunion des ministres de l'Agriculture du G7 - dont l'Allemagne assure la présidence - prévue les 13 et 14 mai prochains. Jusqu'à présent, l'expédition du blé se fait majoritairement via les infrastructures de transports terrestres comme les voies ferrés. Mais le risque de dégradation des rails dû aux bombardements est extrêmement élevé et le doute plane quant au maintien d'un réseau fonctionnel.
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