Ukraine : les armes nucléaires tactiques, cette menace entre les mains de Poutine

TG
Publié le 15 avril 2022 à 17h39

Source : TF1 Info

Vladimir Poutine pourrait recourir à une arme nucléaire tactique ou de faible puissance en Ukraine, a estimé jeudi le chef de la CIA, William Burns.
En cause : les revers essuyés par son armée, qui pourraient plonger les dirigeants russes "dans le désespoir".

Vladimir Poutine pourrait-il recourir par désespoir à ses armes nucléaires tactiques ? C'est la question qui agite la CIA, devant les revers subis par Moscou en Ukraine. Si les récentes déclarations russes ne laissent rien transparaitre des intentions du Kremlin, une telle décision briserait un tabou qui tient depuis 1945.

Seule certitude : l'hypothèse a déjà été évoquée. Et ce, peu après le déclenchement des hostilités, lorsque Vladimir Poutine avait indiqué avoir ordonné à ses généraux de "mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat". Et le chef de la CIA, William Burns, vient de la brandir à nouveau : "Il est possible que le président Poutine et les dirigeants russes sombrent dans le désespoir, compte tenu des revers qu'ils ont subis jusqu'ici d'un point de vue militaire", a-t-il fait valoir jeudi, tout en admettant n'avoir "pas vraiment constaté de signes concrets (...) qui pourraient aggraver" les inquiétudes occidentales sur ce dossier.

Des centaines de têtes nucléaires dans l'arsenal russe

Concrètement, de quoi s'agit-il ? Une arme nucléaire tactique est plus petite en charge explosive qu'une arme nucléaire stratégique. Elle est en théorie destinée au champ de bataille, pour frapper la ligne de front, dégager des forces alliées du feu ennemi ou pour stopper une avancée brutale. Cette arme est transportée par un vecteur ayant une portée inférieure à 5500 km. En la matière, Moscou dispose d'un arsenal redoutable : selon le très respecté Bulletin of the Atomic Scientists, "1588 têtes nucléaires russes sont déployées", dont 812 sur des missiles installés à terre, 576 sur des sous-marins et 200 sur des bombardiers.

Déjà, en 2020, Washington avait estimé que Moscou était en train de moderniser un arsenal de 2000 armes nucléaires tactiques. Objectif ? Menacer les pays européens à ses frontières et contourner ses obligations selon le traité de désarmement New START. Ce dernier ne comptabilise que les armes stratégiques servant de fondement à la doctrine de la dissuasion, basée sur la "destruction mutuelle assurée".

"Improbable mais pas impossible"

"Au niveau vertical, il y a un vrai risque. Ils ont désespérément besoin de remporter des victoires militaires pour les transformer en levier politique", expliquait fin mars à l'AFP Mathieu Boulègue, du centre de réflexion britannique Chatham House. "L'arme chimique ne changerait pas la face de la guerre. Une arme tactique nucléaire qui raserait une ville ukrainienne, oui. C'est improbable mais pas impossible. Et là ce serait 70 ans de théorie de dissuasion nucléaire qui s'effondrent". 

Reste à savoir quelle est la doctrine russe actuelle concernant un éventuel recours à ces armes. En effet, certains experts et responsables militaires - en particulier à Washington - affirment que Moscou a abandonné la doctrine soviétique de ne pas utiliser l'arme suprême en premier. Moscou aurait désormais dans ses options la théorie de "l'escalade pour désescalader" : utiliser l'arme dans des proportions limitées pour forcer l'Otan à reculer. "En cas d'enlisement ou d'humiliation, on peut imaginer une escalade verticale. Cela fait partie de la culture stratégique russe d'aller dans l'intimidation et l'escalade pour obtenir la désescalade", a précisé à l'AFP un haut gradé français sous couvert de l'anonymat. "Poutine n'est pas entré dans cette guerre pour la perdre". 


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