Guerre en Ukraine : des exactions au cœur du conflit

Ukraine : Marioupol prête à tomber, les civils évacuent l'est du pays... Le point sur la situation

Thomas Guichard avec l'AFP
Publié le 12 avril 2022 à 6h05
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Source : JT 20h Semaine

Après 40 jours de siège et de bombardement, la chute de ce port stratégique serait imminente.
Les autorités ukrainiennes s'attendent à une offensive majeure sur l'est du pays.
Les faits marquants des dernières 24 heures.

Au 47ème jour de guerre, la fin de la résistance ukrainienne à Marioupol semblait imminente lundi soir. Après 40 jours de siège, les forces ukrainiennes restantes ont annoncé se préparer à la chute de ce port stratégique au bord de la mer Noire, largement détruit par les bombardements russes.

"Aujourd'hui sera probablement l'ultime bataille car nos munitions s'épuisent", a écrit lundi sur Facebook la 36ème brigade de la marine nationale ukrainienne, qui décrit avoir combattu "sans réapprovisionnement en munitions, sans nourriture, sans eau" pendant un mois. "Ce sera la mort pour certains d'entre nous et la captivité pour les autres. Nous ne savons pas ce qu'il va se passer, mais nous vous demandons vraiment de vous souvenir (de nous) avec un mot gentil", a demandé l'unité aux Ukrainiens. La moitié de ses hommes seraient blessés.

Le chef des séparatistes prorusses de Donetsk, Denis Pouchiline, a affirmé lundi que ses forces avaient conquis entièrement la zone portuaire de Marioupol. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie avait "complètement détruit" la ville et dit redouter que des "dizaines de milliers de personnes" y aient péri. Lundi, le maire de la ville Vadym Boychenko a annoncé que plus de 10000 civils sont morts à Marioupol ces dernières semaines. Ce bilan pourrait dépasser les 20000 morts selon lui.

Des armes chimiques utilisées ?

Des soupçons d'utilisation d'armes chimiques par la Russie à Marioupol sont évoqués depuis lundi par des médias ukrainiens. Le fondateur du régiment de volontaires ukrainiens Azov, Andreï Biletski, a déclaré au Kyiv Independent que trois personnes de l'unité présentaient des signes clairs d'empoisonnement chimique, sans toutefois des "conséquences désastreuses" pour leur santé. 

Le porte-parole du Pentagone américain John Kirby n'a pas pu confirmer ou infirmer ces informations lundi soir. "Ces rapports, s'ils sont vrais, sont profondément préoccupants et reflètent les préoccupations que nous avons eues quant au potentiel de la Russie à utiliser divers agents anti-émeutes, y compris des gaz lacrymogènes mélangés à des agents chimiques, en Ukraine", a-t-il ajouté. "Toute utilisation de telles armes serait une escalade impitoyable dans ce conflit et nous demanderons des comptes à Poutine et à son régime", a annoncé de son côté la secrétaire d'État britannique aux affaires étrangères Liz Truss sur Twitter.

Dix-neuf gendarmes déployés en Ukraine. Des gendarmes français spécialisés dans l'identification des corps sont arrivés à Lviv, dans l'Ouest de l'Ukraine, pour assister leurs homologues ukrainiens "dans les investigations des crimes de guerre commis autour de Kiev", a annoncé lundi l'ambassadeur français en Ukraine. 

"Le Donbass est sous le feu"

Les troupes russes se regroupent à l'est. Les autorités de Kiev ont annoncé s'attendre sous peu à une offensive majeure dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. La région est devenue l'objectif prioritaire du Kremlin, qui a revu ses plans à la baisse et retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine. "Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik. 

À Washington, un haut responsable du Pentagone a confirmé à l'Agence France-Presse que les forces russes se renforcent autour du Donbass, et notamment près de la ville stratégique d'Izioum. Le Pentagone a précisé à la presse la présence d'une colonne de chars au nord de cette ville ainsi que d'un bataillon de soutien de maintenance d'hélicoptères et des unités de logistique pour l'infanterie.

"La bataille pour le Donbass durera plusieurs jours, et pendant ces jours nos villes pourraient être complètement détruites", a prédit pour sa part sur Facebook Serguiï Gaïdaï, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, dans le Donbass, en appelant de nouveau les civils à quitter la région. "Sur tout son territoire, la région est sous le feu", a-t-il ajouté lundi soir sur la messagerie Telegram, craignant "le scénario de Marioupol"

"Il ne faut pas se faire d'illusions"

Rencontre peu fructueuse entre Poutine et Nehammer. Sur le plan diplomatique, le chancelier autrichien Karl Nehammer a rencontré ce lundi le président russe Vladimir Poutine. Premier responsable européen à se rendre à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, il s'est dit "pessimiste" face à la "logique de guerre" du président russe. "Il ne faut pas se faire d'illusions", a-t-il déclaré. "Il y a peu d'intérêt du côté russe pour une rencontre directe" avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Selon lui, le président Poutine veut enregistrer "un succès militaire" rapide.

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Vers de nouvelles sanctions européennes. À Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont étudié ce lundi un sixième paquet de sanctions contre Moscou. Elles ne devraient toutefois pas toucher les achats de pétrole et de gaz, malgré la tentative du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell de lancer lundi la discussion sur un embargo pétrolier.

Société Générale se joint au boycott contre la Russie. Lundi, la banque française Société Générale, très impliquée jusqu'ici en Russie, s'est ajoutée à la liste des entreprises occidentales qui ont annoncé cesser leurs activités dans le pays depuis l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes le 24 février. Quelques heures plus tard, le fabricant suédois d'équipements télécoms Ericsson a indiqué suspendre ses activités en Russie.


Thomas Guichard avec l'AFP

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