Guerre en Ukraine : pourquoi Vladimir Poutine convoite l'Alaska

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 8 juillet 2022 à 18h19, mis à jour le 8 juillet 2022 à 19h31

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

Dans une énième annonce choc, Moscou a menacé, mercredi 6 juillet, de reprendre l'Alaska aux États-Unis, région que lui a achetée Washington en 1867.
Une menace qui n'est pas nouvelle, et qui semble peu inquiéter outre-Atlantique.
Pourtant, Moscou la formule pour "réveiller le patriotisme" au sein de sa population.

Menace sérieuse ou effet d'annonce ? En pleine invasion russe de l'Ukraine, Moscou multiplie les provocations. Mercredi 6 juillet, Viatcheslav Volodine, le président de la Douma - la chambre basse de l'Assemblée russe - et proche de Vladimir Poutine, a menacé les États-Unis de récupérer l'Alaska. Ce territoire du nord-est Américain, situé à quelques kilomètres de la Russie, au niveau du détroit de Béring, a été cédé par Moscou à Washington en 1867 pour près de 7 millions de dollars. 

Une annonce qui a fait peu de vagues outre-Atlantique. Le gouverneur de l’Alaska, Mike Dunleavy a réagi sur Twitter. "Bonne chance avec ça ! Nous avons des centaines de milliers de citoyens armés en Alaska et de militaires qui verront les choses différemment", a-t-il ironisé. La question de la récupération de l'Alaska "est un serpent de mer qui circule depuis une dizaine d'années dans les médias russes", explique à TF1info Gaël Guichard, spécialiste de l'ex-URSS. "Le sujet avait été abordé directement par Vladimir Poutine en 2014", rappelle-t-elle. 

"Moscou a besoin de réveiller le patriotisme de sa population"

Si cette menace de reprendre cette région stratégique - qui renferme du pétrole et du gaz de schiste - ne semble pas sérieuse, ni envisageable, "Moscou a besoin de réveiller le patriotisme de sa population", résume auprès de TF1info Carole Grimaud Potter, professeure de géopolitique russe à l'Université de Montpellier. "De tels propos excitent les velléités nationalistes" en Russie, estime-t-elle. Les réseaux sociaux russes se sont d'ailleurs animés, à la suite de cette annonce, d'une campagne intitulée "l'Alaska est à nous", illustre la spécialiste. 

C'est précisément l'effet recherché par le Kremlin, de la même manière qu'avec sa campagne du "Z" - lettre devenue symbole de soutien à l'armée russe en Ukraine. "On est ici face à une provocation pure et simple", estime-t-elle. "Ne venant pas d'un représentant de l'exécutif, cette menace a peu d'impact en l'état", confirme de son côté Gaël Guichard. "Elle permet au moins de rappeler aux États-Unis les capacités de perturbations de la Russie sur un sujet qui reste sensible"

Cette annonce "caricaturale", selon Carole Grimaud Pottier, est désamorcée par les États-Unis. "Les Américains ont tout intérêt à minimiser cette menace, pour ne pas affoler la population. C'est un jeu : le Kremlin agite des drapeaux nationalistes, et Washington dédramatise la situation", abonde Carole Grimaud Potter. 

De façon plus concrète, le Kremlin a des vues sur d'autres zones géographiques. "En ce moment, ce sont les pays baltes qui sont dans le viseur", affirme Carole Grimaud Potter. "Moscou veut opposer des contre-sanctions à celles des Occidentaux, qui tiendraient à bloquer toutes les importations des pays baltes vers la Russie, pour affaiblir leur économie", résume-t-elle. "C'est cette zone qui est à haute tension aujourd'hui, surtout la Lituanie", avertit la spécialiste.


Sébastie MASTRANDREAS

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