Le dirigeant russe a annoncé ce mercredi renforcer son effort de guerre en Ukraine, menaçant l'Occident d'employer l'arme nucléaire."Je ne crois pas que ces armes seront utilisées", a réagi le président ukrainien.De son côté, la Maison Blanche a déploré "une rhétorique irresponsable" mais "pas incohérente" avec les précédentes menaces du Kremlin.
"Ce n'est pas du bluff" : le président russe Vladimir Poutine a ordonné mercredi une "mobilisation partielle" pour donner un nouvel élan à son offensive en Ukraine, se disant prêt à utiliser "tous les moyens" de son vaste arsenal contre l'Occident, y compris nucléaires. "Si les intérêts de la Russie sont menacées, nous utiliserons toutes les armes à notre disposition", a-t-il déclaré au cours d'une allocution de quatorze minutes diffusée à la télévision russe, prononcées au lendemain de l'annonce de référendums d'autodétermination que vont lancer les autorités séparatistes pro-russes dans l'Est de l'Ukraine.
Des menaces accueillies de façon contrastée par les adversaires du Kremlin : le président ukrainien Volodymyr Zelensky dit ne "ne pas croire" à l'utilisation d'armes nucléaires par Moscou, tandis que les États-Unis affirment "prendre au sérieux" ces déclarations. Tous se rejoignent toutefois sur la grande fermeté affichée face à Vladimir Poutine, le mettant en garde contre tout passage à l'acte.
"Je ne crois pas que le monde laissera faire"
"Je ne crois pas que ces armes seront utilisées. Je ne crois pas que le monde laissera faire", a déclaré le président ukrainien dans une interview à la chaîne allemande Bild TV. "Demain, Poutine pourra dire : 'nous voulons une partie de la Pologne en plus de l'Ukraine, sinon nous utiliserons des armes nucléaires'", a poursuivi Volodymyr Zelensky. "Nous ne pouvons pas accepter ce genre de compromissions." Et d'assurer que son pays "poursuivra l'offensive", se disant certains de "libérer (nos) territoires", ce que Kiev a commencé à faire ces derniers jours par une riposte dans l'Est du pays.
Quant à la "mobilisation partielle" lancée par le Kremlin, qui s'appuiera sur 300.000 réservistes, Vladimir Poutine "veut noyer l'Ukraine dans le sang, y compris celui de ses propres soldats", a ajouté le chef d'État. Fragilisée par des défections, l'armée russe comprend "des cadets, des garçons qui ne pouvaient pas se battre", a assuré le dirigeant ukrainien.
La Maison Blanche surveille la situation
De leur côté, les États-Unis "prennent au sérieux" la menace de Vladimir Poutine de recourir à l'arme nucléaire dans la guerre en Ukraine, a dit mercredi un porte-parole de la Maison Blanche, annonçant de "sévères conséquences" si le président russe passait à l'acte. "C'est une rhétorique irresponsable de la part d'une puissance nucléaire, mais ce n'est pas incohérent avec la manière dont il s'exprime depuis sept mois et nous prenons cela au sérieux", a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, dans une interview avec la chaîne ABC.
"Nous surveillons du mieux que nous le pouvons leur posture stratégique de manière à pouvoir changer la nôtre si besoin. Rien ne dit actuellement que ce soit nécessaire", a-t-il toutefois ajouté. Quant à la mobilisation des réservistes russes, "nous nous y attendions", a assuré John Kirby. "Cela montre incontestablement qu'il est à la peine" sur le plan militaire, a affirmé cet ancien amiral.
Rejoignant le constat du dirigeant ukrainien, le porte-parole a estimé que Vladimir Poutine "a des problèmes de désertion, il force les blessés à retourner au combat, donc clairement, il a un problème de recrutement".
Pour sa part, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dénoncé mercredi la "rhétorique nucléaire dangereuse" du président russe, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. "Ce n'est pas nouveau, il l'a déjà fait à de nombreuses reprises", a-t-il ajouté. "Nous resterons calmes et continuerons à soutenir l'Ukraine."