EXILÉ – En fuite à Ryad, Saad Hariri, chef démissionnaire du gouvernement du Liban, se retrouve au centre du conflit opposant l’Arabie saoudite à l’Iran. Portrait d’un homme symbole de tensions régionales extrêmes, qui est arrivé à Paris ce samedi 18 novembre.
Il dit craindre pour sa vie. En fuite à Ryad, d’où il a annoncé samedi 11 novembre sa démission – toujours pas acceptée par le président Michel Aoun – de son poste de chef du gouvernement du Liban, Saad Hariri se retrouve au centre du conflit opposant l’Arabie saoudite à l’Iran, principale raison de la visite express effectuée jeudi dernier par Emmanuel Macron dans le royaume sunnite après son passage aux Émirats arabes unis. Il faut dire que, depuis son retentissant renoncement concomitant avec la purge inédite lancée par le pouvoir saoudien, celui qui est redevenu Premier ministre du pays du Cèdre fin 2016 attise débats et spéculations. Le Président français l'a depuis invité à venir "quelques jours" à Paris, invitation acceptée jeudi 16 novembre par Hariri. Ce dernier est arrivé dans la capitale ce samedi matin à l'aéroport du Bourget, et fera son retour au Liban mercredi 22 novembre, pour la fête de l'Indépendance.
Pourquoi cet exil ? Faut-il voir derrière sa démission une manœuvre de Ryad contre Téhéran comme le considèrent plusieurs médias et responsables libanais, certains allant jusqu’à dire que Saad Hariri était "otage" en Arabie saoudite ? S’il a estimé ce vendredi que le dirigeant démissionnaire était "libre de ses mouvements", le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a reconnu que "la situation libanaise [était] le sujet le plus préoccupant du moment". Une situation qui, de l’avis de nombreux observateurs, témoigne de la recrudescence des tensions régionales (en Syrie et au Yémen particulièrement), dont Saad Hariri et le Liban apparaissent aujourd’hui comme l’un des symboles.
Le Liban, théâtre d’oppositions confessionnelles
Fils du milliardaire Rafiq Hariri, homme fort du pays assassiné en 2005 lorsqu’il était Premier ministre, Saad Hariri, 47 ans, est né en Arabie saoudite – dont il a d’ailleurs la nationalité – où son père avait fait fortune avec l’entreprise de construction Saudi Oger qui a depuis fait faillite. À la tête de la société familiale à la mort du patriarche, le jeune homme, diplômé de l’université américaine de Georgetown, revient alors au pays pour reprendre le flambeau politique et devient chef du gouvernement en 2009 pour la première fois. Dans un Liban miné par les conflits confessionnels, entre le Hezbollah chiite d’un côté et la communauté sunnite qu’il représente de l’autre, Saad Hariri forme une grande coalition regroupant les différentes sensibilités.
Mais ce gouvernement d’union vole en éclat début 2011 à la suite de la démission des ministres du Hezbollah, bête noire d’Israël et seule formation libanaise à avoir gardé les armes après la fin de la guerre civile (1975-1990), qui dénoncent la mise en cause de leur mouvement dans l’assassinat de Rafiq Hariri. Cristallisées par le conflit syrien, les divisions vont dès lors s’accentuer et le Liban (re)devenir le théâtre d’oppositions dépassant ses seules frontières. Si le Hezbollah soutenu par l’Iran s'engage totalement en faveur du régime de Bachar al-Assad en y envoyant ses hommes combattre aux côtés de Damas, Saad Hariri, qui choisit de quitter le pays pour raisons de sécurité, est favorable aux rebelles appuyés par l’Arabie saoudite.
L'Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région
Saad Hariri
Des affrontements qui perdurent un an après le retour de Saad Hariri aux affaires. En annonçant sa démission, le dirigeant a ainsi accusé le mouvement armé et son allié iranien d’emprise sur son pays. "J'ai senti ce qui se tramait dans l'ombre pour viser ma vie", a-t-il déclaré, soulignant que son pays vivait une situation similaire à celle qui prévalait avant l'assassinat de son père et accusant Téhéran d'avoir "créé un Etat dans l'Etat" libanais. "L'Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région (...) Le Hezbollah est le bras de l'Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes." Ces propos ont-ils été téléguidés par Ryad pour jeter l’opprobre sur Téhéran ? Difficile à dire en l’état, même s’ils illustrent sans aucun doute le climat de plus en plus tendu opposant les deux rivaux.
Imprévisible, cette atmosphère laisse craindre l'éclatement de nouvelles violences dans ce pays aux équilibres fragiles. Preuve des tensions grandissantes, le président Michel Aoun a exigé ce vendredi le retour de son Premier ministre, jugeant que la manière dont s'est produite sa démission était "inacceptable", tandis que le chef du Hezbollah, qui estime pour sa part que Saad Hariri est "détenu", a accusé l’Arabie saoudite d’avoir demandé à Israël de frapper le Liban. L'inquiétude de la communauté internationale est palpable. Alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a fait part de sa "grande inquiétude" en avertissant qu’un nouveau conflit pourrait avoir "des conséquences dévastatrices", le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, a quant à lui mis en garde contre toute "utilisation du Liban comme un lieu de conflits par procuration".
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