DROITS DE L'HOMME - Une cinquantaine de figures de l'opposition ont été arrêtées mercredi à Hong Kong. Il s'agit du plus grand coup de filet mené à ce jour contre les détracteurs de Pékin.
D'anciens parlementaires, mais aussi des militants plus jeunes : les autorités ont interpellé une cinquantaine de figures de l'opposition pro-démocratie, mercredi, à Hong Kong. Un coup de filet inédit depuis le début des manifestations en 2019, qui a pu être réalisé grâce à une nouvelle loi sur la sécurité nationale. Une loi qui illustre la volonté de Pékin de reprendre la main sur cette ex-colonie britannique.
Dans le détail, c'est un spectre très large de la mouvance pro-démocratie qui a été visé mercredi, qu'il s'agisse d'ex-parlementaires comme James To, Andrew Wan, Lam Cheuk Ting ou Claudia Mo, ou de militants plus jeunes. Parmi ces derniers, figurent notamment Gwyneth Ho, une ancienne journaliste de 30 ans passé dans le militantisme. La police a aussi réalisé une perquisition dans un cabinet d'avocats engagé dans la défense des droits de l'Homme. L'avocat américain John Clancey, qui travaille pour cette entreprise, aurait été arrêté. Il est le premier Américain interpellé au nom de la nouvelle loi.
Des perquisitions dans plusieurs groupes de presse
"L'administration Biden-Harris se tiendra aux côtés du peuple de Hong Kong et contre la répression de la démocratie par Pékin", a aussitôt commenté Antony Blinken, qui a été choisi par Joe Biden pour être le futur chef de la diplomatie des Etats-Unis. L'opération de police a aussi ciblé les médias. Trois groupes de presse - Stand News, Apple Daily et Inmediahk - ont dit avoir reçu la visite de policiers.
Côté chinois, on assume la répression de ces dernières heures. Interrogée lors d'un point de presse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a assuré que la liberté des Hongkongais ne serait pas affectée. Ce qui l'est, "c'est seulement la liberté de certaines forces extérieures et individus à Hong Kong, qui s'associent les uns aux autres pour tenter de saper la stabilité et la sécurité de la Chine", a affirmé la porte-parole. Des personnalités pro-démocratie, elles, ont déclaré que ces arrestations étaient liées aux primaires organisées en juillet par l'opposition avant les législatives. Prévues en septembre 2020, ces élections, au cours desquelles l'opposition entendait capitaliser sur la popularité de la mobilisation de 2019, ont été reportées d'un an par le gouvernement au prétexte de l'épidémie.
Des primaires pour constituer un contre-pouvoir
Le but des primaires, auxquelles plus de 600.000 Hongkongais ont participé, était d'éviter un éparpillement des votes de l'opposition et de désigner les 35 candidats qui brigueraient ceux des sièges du Conseil législatif (Legco, le parlement local) qui sont attribués au suffrage universel. Les autres sont attribués selon un système complexe qui garantit presque à coup sûr la majorité au bloc pro-Pékin. L'opposition espérait rafler les 35 sièges en question, et être ainsi pour la première fois majoritaire dans la législature, afin de constituer un contre-pouvoir réel à l'exécutif hongkongais qui est aligné sur Pékin.
La Chine avait présenté ces primaires comme une "grave provocation" et affirmé que faire campagne pour prendre le contrôle du parlement pouvait relever de la "subversion", en vertu de la loi sur la sécurité nationale entrée en vigueur quelques semaines plus tôt. Imposé sans débat par Pékin, ce texte fut une riposte à la crise politique de 2019, quand Hong Kong avait pendant des mois été le théâtre de manifestations contre les ingérences de la Chine.
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