Hong-Kong : Jimmy Lai et Agnès Chow, symboles du mouvement prodémocratie, arrêtés puis libérés

Publié le 11 août 2020 à 23h03

Source : JT 20h Semaine

POLITIQUE - Deux figures prodémocratie à Hong-Kong ont été arrêtées lundi au nom d'une nouvelle loi sécuritaire imposée par la Chine, avant d'être libérées sous caution le lendemain, avec le soutien du peuple.

Ces dernières 24 heures ont été particulièrement mouvementées à Hong-Kong. Lundi 10 août, une vaste opération de police a mené à l'interpellation de 10 personnes, considérées dans la mouvance prodémocratie. Parmi elles, le magnat des médias hongkongais Jimmy Lai. Soutenu par la population, le propriétaire du tabloïd Apple Daily est ressorti libre du commissariat de police vers minuit le lendemain, au milieu d'une foule de partisans, rapporte l'AFP. Quelques heures plus tôt, la jeune militante Agnès Chow, également arrêtée la veille, avait elle aussi été libérée sous caution.

Une loi sécuritaire imposée par la Chine

Les signes d'une reprise en main musclée de Hong Kong par la Chine se multiplient depuis le 30 juin, jour où Pékin a imposé une loi sur la sécurité nationale très répressive. Elle donne aux autorités locales de nouveaux pouvoirs pour réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l'Etat : la subversion, le séparatisme, le terrorisme et la collusion avec des puissances étrangères. Cette loi, qui sonne comme une réponse aux longs mois de contestation ayant marqué l'année 2019, permet aux forces de l'ordre d'interpeller des personnalités jugées trop revendicatrices de valeurs démocratiques au sein de la région semi-autonome.

Jimmy Lai, 71 ans, dont le journal est à la fois très critique envers Pékin et très populaire à Hong Kong, a été interpellé pour collusion avec des forces étrangères et fraude. Ses deux fils ont également été arrêtés pendant qu'environ 200 policiers perquisitionnaient la salle de rédaction du journal. L'initiative a été saluée par la Chine, qui l'a présenté comme "un fauteur de troubles antichinois" ayant conspiré avec des étrangers pour "provoquer le chaos".

Hong-Kong montre son soutien aux interpellés

Des actions et déclarations condamnées à l'international comme des atteintes "sans précédent" à la liberté de la presse, inimaginables il y a encore quelques mois. Sur place, nombre de militants pour la démocratie dénoncent cette loi qui veut en finir selon eux avec le principe "Un pays, deux systèmes" établi lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, et qui devait garantir aux Hongkongais des libertés inconnues dans le reste de la Chine.

Dès le lendemain matin de ces arrestations, les habitants se sont précipités dans les kiosques pour manifester leur soutien en se procurant le journal prodémocratie, qui avait anticipé cette demande en tirant exceptionnellement à 550.000 exemplaires, contre 70.000 en temps normal. La Une : "Nous nous battrons". Une promesse en rouge vif sur une photo pleine page de Jimmy Lai emmené par les policiers. Son arrestation a également provoqué une vague d'achat d'actions de son groupe de presse, Next Digital. Entre lundi matin et la clôture de la Bourse mardi soir, le titre a pris plus de 1.100%.

La militante Agnes Chow, 23 ans, est une figure prodémocratique encore plus assumée que Jimmy Lai. La jeune femme est issue d'une génération de militants hongkongais qui se sont publiquement engagés dès l'adolescence, en fondant notamment le parti politique Demosisto. C'est donc cernée par les caméras que la personnalité locale et internationale était sortie menottée de son appartement lundi soir. Elle a officiellement été appréhendée pour "collusion avec des forces étrangères", un fait passible de la prison à perpétuité. "Il est évident que le régime et le gouvernement utilisent la loi sur la sécurité nationale pour réprimer les opposants politiques", a-t-elle déclaré à la presse une fois libérée sous caution. "Je demande instamment aux autorités de cesser ces poursuites politiques ridicules".


La rédaction de TF1info

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