BRAS DE FER - Les mois de mobilisation à Hong Kong contre la loi que souhaitait imposait Pékin n'auront pas suffi. La Chine a adopté sa très controversée loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Une loi que condamnent unanimement l'Union européenne et Washington.
Les manifestations monstres dans les rues de Hong Kong au cours de ces derniers mois n'ont pas fait plier Pékin, bien au contraire. La Chine a adopté ce mardi 30 juin, au pas de charge sa loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong. Cette loi est condamnée par l'Union européenne ainsi que par Washington. Selon ses détracteurs, cette loi sert à museler l'opposition dans ce territoire autonome.
Et les craintes des détracteurs de cette loi n'auront pas tarder à se concrétiser : "pour les membres de la petite minorité qui menace la sécurité nationale, cette loi sera un glaive suspendu au-dessus de leur tête", a averti le gouvernement chinois peu après la promulgation de ce texte historique, qui intervient un an après le début des manifestations monstres dans l'ex-colonie britannique contre l'influence du gouvernement central.
Le Comité permanent du Parlement, une instance soumise au Parti communiste chinois (PCC), "a adopté la loi sur la sécurité nationale" et le chef de l'Etat Xi Jinping "l'a promulguée" dans la foulée, a annoncé l'agence de presse officielle Chine nouvelle. Elle entrera en vigueur dès mardi, a précisé la cheffe de l'exécutif hongkongais fidèle à Pékin Carrie Lam. Pékin a donc gagné : elle a imposé cette loi qui contourne le conseil législatif local et fait craindre à l'opposition hongkongaise un recul inédit des libertés depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, en quelques semaines.
Pour le gouvernement central de Pékin, il s'agit avec ce texte d'assurer la stabilité, de mettre fin au vandalisme ayant émaillé les manifestations de 2019 dans ce territoire de 7,5 millions d'habitants, ainsi que d'y réprimer le courant militant pour l'indépendance. Pour l'opposition hongkongaise et pour plusieurs pays occidentaux, cette loi constitue en revanche une attaque contre l'autonomie et les libertés locales.
"Cela marque la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait", a réagi sur Twitter Joshua Wong, l'une des figures du mouvement pour la démocratie. "La ville se transformera en un #étatdepolicesecrète." Le parti Demosisto, qu'il a fondé avec d'autres militants en 2014, a annoncé dans la foulée sa dissolution. Cette formation appelait notamment à l'auto-détermination du territoire - et pouvait donc potentiellement tomber sous le coup du nouveau texte.
[End of Hong Kong, Beginning of Reign of Terror] 1. #Beijing has just passed the sweeping #nationalsecuritylaw . It marks the end of Hong Kong that the world knew before. pic.twitter.com/QouY6Itr1O — Joshua Wong 黃之鋒 😷 (@joshuawongcf) June 30, 2020
Quelles conséquences pour Hong Kong avec cette loi ?
Pour l'heure, il est difficile de connaître les conséquences de ce texte : son contenu définitif n'a pas encore été rendu public et pose d'ores et déjà des problèmes démocratiques. "Le fait que les habitants de Hong Kong ne sauront qu'après coup ce que contient réellement cette nouvelle loi est véritablement absurde", a dénoncé Claudia Mo, une parlementaire locale d'opposition. Chine nouvelle avait toutefois donné au cours du mois de juin des pistes : il entend réprimer le "séparatisme", le "terrorisme", la "subversion" et la "collusion avec des forces extérieures et étrangères". En effet, Pékin a plusieurs fois accusé des pays occidentaux de jeter de l'huile sur le feu à Hong Kong en soutenant les manifestants.
Toujours selon Chine Nouvelle, un "organe de sécurité nationale", relevant directement du régime communiste, devrait y être institué. Il serait chargé de collecter des informations et de réprimer les atteintes à la sécurité nationale. L'idée de confier à un organisme du pouvoir chinois des prérogatives dans ce territoire autonome inquiète fortement l'opposition locale. Car la séparation des pouvoirs n'existe pas en Chine continentale, dirigée par le PCC. Ce qui va donc à l'encontre de l'autonomie dont jouit Hong-Kong : "un pays, deux systèmes". Les Hongkongais bénéficient ainsi de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante.
L'Union européenne s'oppose à cette loi
Avec l'annonce de la promulgation de cette loi, les gouvernements occidentaux disent s'inquiéter pour le statut international de la ville, l'une des principales places financières mondiales. Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient également appelé en juin à revenir sur ce projet. L'Union européenne a "déploré" l'adoption du texte. "Cette loi risque de porter gravement atteinte au degré élevé d'autonomie de Hong Kong et d'avoir un effet préjudiciable sur l'indépendance du pouvoir judiciaire et de l'Etat de droit", a estimé le président du Conseil européen, Charles Michel.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui s'est dit, de son côté, "très préoccupé", a promis d'examiner "très attentivement" le contenu de cette loi "pour voir si elle entre en conflit avec la déclaration commune entre le Royaume-Uni et la Chine". Anticipant le vote, Washington avait annoncé dès ce lundi 29 juin, la fin des ventes d'équipements de défense sensibles à Hong Kong pour éviter qu'"ils ne tombent aux mains" de l'armée chinoise. Pékin a promis mardi des "représailles".
Les Etats-Unis avaient déjà décrété des restrictions de visas pour les responsables chinois accusés de "remettre en cause" l'autonomie du territoire. La Chine a répliqué par une mesure similaire visant les Américains "s'étant mal comportés" en critiquant la loi. Carrie Lam a fustigé les pressions occidentales dans un message vidéo diffusé pendant la session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU : "J'exhorte la communauté internationale à respecter le droit de notre pays à garantir la sécurité nationale et les aspirations à la stabilité et à l'harmonie de la population de Hong Kong".
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