Hongrie : Viktor Orban, le Premier ministre qui réserve un sort "épouvantable" aux migrants

Publié le 27 septembre 2016 à 18h28, mis à jour le 30 septembre 2016 à 4h55
Hongrie : Viktor Orban, le Premier ministre qui réserve un sort "épouvantable" aux migrants

Source : NIKOLAY DOYCHINOV / AFP

PORTRAIT - Amnesty international a déploré mardi le sort "épouvantable" réservé aux demandeurs d'asile par Viktor Orban. Sauf que le Premier ministre hongrois devrait rester inflexible : son hostilité à l’égard des migrants est à l’image de la politique qu’il mène depuis son arrivée au pouvoir en 2010.

"La toxique rhétorique anti-réfugiés a atteint un paroxysme". A quelques jours du référendum sur la politique migratoire en Hongrie, Amnesty international tire à boulets rouges sur Viktor Orban. En cause ? Le "sort épouvantable" réservé par le Premier ministre aux demandeurs d’asile dans ce pays. Pas sûr que cela suffise à intimider celui qui, depuis plusieurs mois, a fait du rejet des réfugiés son fonds de commerce pour se faire entendre en Europe.

Un rejet orchestré dans l’excès : clôtures barbelées aux frontières serbe et croate, accès au compte-gouttes aux procédures de demande d'asile, expulsions musclées hors du pays, centres de détention… Viktor Orban ne recule devant rien pour  "se défendre" selon ses propres termes. Des mesures instaurées à l’été 2015, après le passage sur les terres hongroises de quelque 400.000 demandeurs d’asile.

Vidéo ci-dessous : Orban se félicite de sa politique contre les migrants

Polariser la société

Décriée à l’époque, cette crise migratoire est surtout une aubaine pour le chef du gouvernement conservateur. Marginalisé en Europe après s’être offert un second mandat à la tête de la Hongrie, elle va en effet lui permettre de faire entendre sa voix parmi les dirigeants de l’UE. Et de devenir une figure emblématique de la lutte contre les réfugiés : en décembre dernier, le magazine Politico lui décerne la palme de l'Européen le plus influent de l'année et la CSU, la branche bavaroise du parti d'Angela Merkel, l’invite en Allemagne.

Une consécration pour celui qui a longtemps été considéré comme le paria des dirigeants européens. Âgé de 51 ans, ce populiste dirige d’une main de fer son pays depuis 2010. Sa méthode ? Polariser la société autour de sa personne. Grâce à plus de 850 lois adoptées sans débats au moyen d'une majorité des deux tiers au Parlement, son parti a pris le contrôle de toutes les institutions et des contre-pouvoirs du pays, comme les médias et la justice, mais aussi de l'économie, de la banque centrale et même de la culture.

Orban, un ancien dissident libéral

Une mainmise sur le pouvoir acquise au fil des ans pour cet ancien dissident libéral sous le communisme. Une époque durant laquelle il s'est rendu célèbre en prononçant des discours hostiles au pouvoir sur la Place des héros de Budapest à la fin des années 80, peu avant la chute du régime. En 1988, il est ainsi l'un des 37 étudiants et intellectuels à avoir fondé le Fidesz. Il en prit la présidence en 1993 et a depuis étendu son contrôle du parti avec un petit cercle d'amis toujours à ses côtés aujourd'hui. 

Un entourage précieux, à l’heure où le maintien de la Hongrie au sein de l’UE ne tient plus qu’à un fil. Le pays est en effet sous le coup d'une procédure d'infraction engagée en décembre par la Commission européenne en raison de sa législation extrêmement restrictive en matière d'asile. Début septembre, le Luxembourg a même appelé à exclure, au moins temporairement, la Hongrie de l'Union européenne pour violation des valeurs démocratiques fondamentales. Mais il en faudrait plus pour déstabiliser Viktor Orban : le 11 septembre, il a qualifié de "nihilistes" les dirigeants de l’UE.


Thomas GUIEN

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